SORTIE DE CLASSE

 

 

 

Son imperméable enfilé en vitesse, les bottes à l’envers, Florian se précipite vers moi en agitant une feuille : « regarde, maman, j’ai fait un dessin pour toi ! ». 

 

 

Lorsque je scrute l’expression de ton petit visage, où se mêle la fierté de l’exploit au désir de communiquer, je l’aime déjà ton dessin... En effet, il n’y a pas, en ce moment de cadeau plus touchant pour moi que ce gribouillis multicolore de tes trois ans. Je te dis : « Mais c’est gentil à toi de ne pas m’oublier quand tu es avec tes petits copains » et puis : « nous allons chercher ensemble une belle place pour l’afficher dans ta maison ! » et tes yeux noisettes étincelles de joie. L’idée que ton oeuvre pourrait ne pas être à la hauteur ne t’effleure même pas. A la hauteur de quoi au fait ? tu as fait ce que l’on peut faire à trois ans, ton cœur, ton intelligence et ton corps (dont les main portent encore visiblement les traces) se sont donné rendez-vous pour me dire « je t’aime » à travers ton dessin. Le plaisir que cela me fait voici la preuve suffisante pour la réussite de ton entreprise.

 

 

L’autre jour, Seigneur, j’étais en train de me demander quel sera ton regard lorsque nous paraîtrons devant toi à la fin de notre vie. Et en guise de réponse, me semble t-il, cette scène presque quotidienne se déroulait devant mes yeux. C’est vrai, quel que soit son degré de perfection, notre vie ressemblera à un gribouillis quand nous la verrons ta lumière : que d’immaturité dans l’expression, que d’insécurité dans les traits, que de couleurs mal associés !

Jamais elle ne tiendra aux yeux d’un juge sévère et exigeant ! Or, ce n’est pas devant un tribunal que nous présenterons notre vie, mais c’est à une mère, à un père que nous sommes invités à l’offrir. Et toi, mon Dieu, tu n’auras pas le temps d’en relever toutes le imperfections, tellement tu es pressé d’embrasser l’artiste, ton enfant ! a travers le « dessin » tu aimeras celui ou celle qui l’a fabriqué pour toi.

 

 

Je crois bien qu c’est le fait de vouloir donner ou garder sa « feuille » qui ouvre ou ferme le ciel à tout jamais.

 

 

Bienheureux celui qui, dans l’émotion du moment, oublie de cacher ses mains sales derrière son dos, Bienheureux celui qui ose sauter dans les bras de Dieu comme il est, barbouillé de toutes les couleurs qui ont fait sa vie !...

 

 

 

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