LA QUESTION DES FILLES SERVANTES D’AUTEL

par François Lugan
 

 

   Pour bien saisir la pensée de l’Eglise au sujet de la liturgie, il convient de lire les instructions dans sa totalité et ne pas omettre les notes. Or, dans le cas des servants d’autel, nous voyons qu’il est clairement dit, au n°47 des nouvelles normes liturgiques de 2004, que « les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’évêque diocésain ; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet (note 122) ». Que disent ces  normes auxquelles fait référence la note 122 du document et que l’on prend généralement soin d’omettre ? Elles donnent des instructions pratiques en six points :

       « 1) Après avoir entendu l’avis de la Conférence des Évêques, il revient à chaque Evêque de  prendre une décision, s’il le juge bon, sur la base d¹un jugement prudentiel sur ce qu’il convient de faire pour un développement harmonieux de la vie religieuse dans son propre diocèse. (Cela signifie que si l¹Évêque ne dit rien ou estime qu’il n’a rien à dire à ce sujet, les filles ou les femmes ne sont pas autorisées à  servir à l’autel dans son diocèse).

       2) Chaque Evêque est appelé à prendre une décision personnelle, s’il l’estime nécessaire.  L’autorisation donnée à ce sujet par quelques Evêques ne peut nullement être invoquée   comme imposant une obligation aux autres Evêques.

       3) Les fonctions liturgiques, dont le service de l’autel, sont exercées en vertu d’une députation temporaire, selon le jugement de l¹Évêque, sans qu’il s’agisse d’un droit à les  exercer de la part des laïcs, qu’ils soient hommes ou femmes.

       4) Lorsque l’Evêque, pour des raisons particulières, autorise l’accès des femmes au service   de l’autel, cela devra être clairement expliqué aux fidèles, en faisant référence au can. 230 § 2 du code de droit canon de 1983,  qui trouve déjà une large application dans le fait que les femmes remplissent souvent la  fonction de lecteur dans la liturgie, et peuvent être appelées à distribuer la sainte communion,  comme ministres extraordinaires de l’Eucharistie, ainsi qu’à exercer d¹autres fonctions, comme il est prévu au can. 230 § 3.

       5) Tout en respectant la décision que, pour des raisons déterminées selon les conditions locales, certains Évêques ont adoptée, le Saint-Siège rappelle qu’il sera toujours très opportun de suivre la noble tradition du service de l’autel confié à de jeunes garçons, qui a eu pour effet depuis un temps immémorial le développement des futures vocations sacerdotales. Ainsi,  l'autorisation de l'Évêque ne peut, en aucun cas, exclure du service de l'autel les hommes, ou, en particulier les jeunes garçons. L’obligation de continuer à favoriser l’existence de ces  groupes d’enfants de choeur demeurera donc toujours.

       6) L’autorisation éventuelle de l’Evêque ne peut pas obliger les prêtres du diocèse à faire  appel aux femmes ou aux filles pour le service de l’autel ». Ce dernier point signifie bien qu’une éventuelle autorisation de l’Evêque doit toujours  laisser aux prêtres la liberté de ne pas faire appel à des femmes ou des filles pour le service de l’autel.


         La liturgie de l’Eglise est une richesse à recevoir et non à construire : elle n’est ni un  lieu ni un moment de bricolages ou d’expérimentations, comme l’ont courageusement redit plusieurs évêques qui ont rappelé ce que dit le concile Vatican II : « Personne, pas même le prêtre, ne  peut, de son propre chef, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie » (Constitution  Sacrosanctum Concilium (constitution sur la sainte liturgie du concile Vatican II), n° 22 § 3). Modifier la liturgie selon le bon plaisir du célébrant ou d’une équipe liturgique est toujours un abus grave qui conduit les fidèles à être privés du trésor que veut leur confier l’Eglise.

 

Ceci dit, il est possible de faire participer les filles au service de l’autel en leur faisant porter une cape blanche. Elles auront alors comme rôle de faire tout ce qui ne concerne pas le service de l’autel : donner à l’accueil un livre ou une feuille, faire la quête, porter pendant la procession des offrandes une fleur ou un lumignon etc… C’est donc un rôle complémentaire qu’il y a entre les servants d’autels homme et femme comme il y avait du temps du Christ une complémentarité entre les disciples du Christ et les saintes femmes qui suivaient le Christ.