Caritas Internationalis : Charité ou philanthropie ?

Rome aimerait que Caritas Internationalis - dont le Secours catholique est la composante française - clarifie son identité catholique et la nature de ses engagements.

Un contentieux a éclaté entre Rome et le puissant réseau Caritas Internationalis (CI) - 165 organisations membres, 440 000 salariés, 625000 bénévoles, un budget de 5,5 milliards de dollars. La Secrétairerie d'État s'est en effet opposée au renouvellement du mandat de Lesley-Anne Knight à la tête de CI. Dans une lettre aux conférences épiscopales révélée le 26 février par l'hebdomadaire britannique The Tablet, le cardinal Tarcisio Bertone a exprimé une volonté de changement: « Durant les quatre années à venir, une attention particulière devra être apportée à l'harmonisation de la dimension théologique de CI avec son rôle en tant qu'organisation internationale. » Le problème vient notamment des activités dites de plaidoyer qui consistent à agir sur les causes des difficultés sociales en cherchant à Wluencerfes politiques des gouvernements, orgàriisilions,~- - ­entreprises ... Rome demande qu'elles soient coordonnées « en coopération étroite avec le Saint-Siège, spécifiquement compétent dans ce domaine ». Mgr Robert Sarah, le nouveau président de Cor Unum, le conseil pontifical responsable de Caritas, développe ce même discours: « Caritas lnternationalis doit maintenant faire face à des défis internes, liés notamment à la révision de ses statuts. Ces défis sont, par exemple, la collaboration interne, l'identité catholique de la Confédération, la coopération avec le Saint-Siège, l'engagement des divers continents, la bonne compréhension de l'autonomie de chaque Caritas membre de la ) Confédération.» (Zenit, 21/2). Il avait affirmé en janvier: « L'Église ~ n'est ni une ON G ni une société philanthropique. Notre action doit être ~ l'expression concrète de l'évangélisation. »

Cette reprise en main de Caritas Internationalis suscite des réactions. Le cardinal hondurien Oscar Maradiaga, président de CI, a exprimé son désaccord. Duncan McLaren, ancien secrétaire, général de CI, s'est offusqué : « La confédération est scandalisée. Si le Saint-Siège a le droit statutaire de refuser un candidat, il n'est pas habilité ;--à juger de la qualité de son travail... Je n'ai aucun doute que le Christ est au cœur du travail réalisé par Caritas au nom de l'Eglise. »

François Soulage, président du Secours catholique-Caritas France, a aussi pris la défense de l'organisation: « j'estime que la critique faite aux Caritas de ne pas être assez catholiques n'est pas justifiée. Au contraire, ses membres fournissent un énorme travail, avec cette double exigence d'être au service du frère et de le faire à la lumière des valeurs évangéliques. Mais c'est extrêmement difficile» (La Croix, 1/3).

Commentaire de François Lugan sur ce qu’on dit de la Caritas Intertionalis (secours catholique en France) :

1 - Les trois réactions qui n’acceptent pas ce que Rome dit (le Magistère de l’Eglise catholique) a propos de la Caritas Intertionalis montrent qu’on ne sait plus obéir à ce que Rome dit qui est mu par le Saint-Esprit. On reçois tout du Christ par l’intermédiaire du Magistère de l’Eglise catholique : le pape, les différentes congrégations romaines, les cardinaux et les évêques s’ils sont en communion avec le pape.

2 - Le Saint siège est habilité à juger du travail de la Caritas Intertionalis, comme c’est le cas pour toute Association qui se dit catholique et pour toute communauté religieuse

3 - La Caritas Intertionalis devrait agir en fonction de la Doctrine sociale de l’Eglise catholique ce qui semble ne pas être le cas vu ce que Rome leur reproche

4 - Il faut prier Notre Dame pour que les responsables de la Caritas Intertionalis acceptent avec humilité de se remettre en question pour faire changer la Caritas Intertionalis en fonction de ce que Rome leur demande.

Trouvé dans le numéro 251 de Mars 2011 de Chrétiens dans la Cité par Denis Sureau.

AFFAIRE CARITAS : ROME INSISTE

Le bras de fer entre Rome et le puissant réseau des Caritas, dont le secours catholique est la branche Française, a connu un rebondissement avec une conférence du cardinal Peter Turkson, président du conseil pontifical Justice et Paix. Prenant la parole à Londres le 12 mars devant les responsables de la branche anglaise de la Caritas (la Cafod), le prélat ghanéen a tenu à rappeler le lien nécessaire entre évangélisation et charité : « Comme pour les institutions ecclésiales éducatives, sociales ou hospitalières, le défi est: comment être catholique, ce qui signifie évangéliser, tout en étant responsable devant les Etats... Le témoignage de la charité du Christ, à travers les actions en faveur de la justice, de la paix et du développement, est partie intégrante de l'évangélisation, parce que Jésus Christ, qui nous aime, est soucieux de l'intégralité de la personne. Ces enseignements importants sont à la base de l'aspect missionnaire de la doctrine sociale de l'Église, elle-même élément essentiel de l'évangélisation »

Trouvé dans le numéro 252 d’avril 2011 de Chrétiens dans la Cité par Denis Sureau.