A Théophane Vénard, prêtre des Missions Étrangères, Martyrisé au Tonkin à l'âge de 31 ans

 

 

Tous les Élus célèbrent tes louanges o Théophane! Angélique Martyr

Et je le sais, dans les Saintes phalanges Le séraphin aspire à te servir ! ...

Ne pouvant pas, exilée sur la terre Mêler ma voix à celle des Élus,

Je veux aussi sur la rive étrangère Prendre ma lyre et chanter tes vertus…

 

Ton court exil fut comme un doux cantique Dont les accents savaient toucher les coeurs Et pour Jésus, ton âme poétique

À chaque instant faisait naître des fleurs. En t'élevant vers la Céleste sphère

Ton chant d'adieu fut encor printanier Tu murmurais : « Moi, petit éphémère

« Dans le beau Ciel, je m'en vais le premier !... »

 

Heureux Martyr, à l'heure du supplice Tu savourais le bonheur de souffrir, Souffrir pour Dieu te semblait un délice. En souriant, tu sus vivre et mourir…

À ton bourreau, tu t'empressas de dire Lorsqu'il t'offrit d'abréger ton tourment : « Plus durera mon douloureux martyre

« Mieux ça vaudra, plus je serai content ! ! ! »

 

Lys Virginal, au printemps de ta vie Le Roi du Ciel entendit ton désir, Je vois en toi : La Fleur épanouie
Que Le Seigneur cueillit pour son plaisir ... Et maintenant tu n'es plus exilée

Les Bienheureux admirent ta splendeur. Rose d'Amour, La Vierge Immaculée, De ton parfum respire la fraîcheur.

 

Soldat du Christ: ah ! prête-moi tes armes Pour les pécheurs, je voudrais ici-bas Lutter, souffrir à l'ombre de tes palmes, Protège-moi, viens soutenir mon bras.

Je veux pour eux ne cessant pas la guerre Prendre d'assaut le Royaume de Dieu

Car le Seigneur apporta sur la terre

Non pas la paix, mais le Glaive et le Feu !...

 

Je l'aime aussi, cette plage infidèle Qui fut l'objet de ton ardent amour Avec bonheur, je volerais vers elle

Si le Bon Dieu m'y appelait un jour ...

Mais à ses yeux, il n'est pas de distances Tout l'univers devant Lui n'est qu'un point Mon faible amour, mes petites souffrances Bénies par Lui, Le font aimer au loin !...

 

Ah ! si j'étais une fleur printanière

Que Le Seigneur voudrait bientôt cueillir Descends du Ciel à mon heure dernière Je t'en conjure, ô Bienheureux Martyr! De ton amour aux virginales flammes Viens m'embraser en ce séjour mortel

Et je pourrai voler avec les âmes

Qui formeront ton cortège éternel !...

 

 

 

Auteur : Sainte Thérèse de Lisieux

Copyright : Association Apostolat Sainte Thérèse.