Le spécisme
Père Volle, notre rencontre avec vous sur le « gender » nous a beaucoup appris. Nous voudrions la prolonger en vous interrogeant cette fois-ci sur le « spécisme », terme retenu au hasard d'une conversation, mais dont nous n'avons guère saisi le sens. Le dictionnaire illustré Larousse lui-même l'ignore.
Père Volle : Que diable êtes-vous allé chercher ? Le « spécisme » s'est introduit dans le vocabulaire moderne sous le lobbying acharné d'idéologues, partisans radicaux de la cause animale. Ils prétendent que ceux que nous avions coutume d'appeler, au mieux, avec une condescendance suspecte, nos «frères inférieurs», ne nous sont en rien « inférieurs ». Ce sont des « frères », tout simplement.. Il n'y a pas lieu d'établir des cloisons entre les espèces, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'espèces. Tous les vivants participent de la même âme cosmique, a fortiori tous les animaux. L'homme n'est que l'un d'entre eux. Il n'a pas à se mettre sur un piédestal, avec de bons sentiments protectionnistes, mais doit admettre pour les animaux les mêmes droits qu'il revendique personnellement.
C’était déjà la perspective de la S.P.A., non ?
Père Volle: Vous vous trompez grandement. Il y a un monde de différence entre cette société -digne d'éloges, sauf ses outrances éventuelles de mignardise- et os « antispécistes ». Le « spécisme » est à l’espèce ce que le racisme est à la race et ce que le sexisme est au sexe : une discrimination basée sur l'espèce. Les antispécistes » refusent de mêler leur voix à celle de la S.P.A. Celle-ci privilégie le bien-être des animaux. Eux leur reconnaissent des droits. La S.P.A. ne nie en rien la différence fondamentale entre homme, capable de liberté, sujet à la responsabilité, et les autres animaux ... Elle nous invite simplement à rester dignes dans nos rapports avec eux, surtout animaux domestiques ou utilitaires. On ne vient pas forcément végétarien en épousant ses idéaux, mais on y gagne en humanité. Et l'affection va de soi avec nos plus «intimes», chats, chiens, oiseaux de salon ...
On rejoint d'ailleurs ainsi la cause écologiste tellement à la mode aujourd'hui ?
Père Volle : Plus que cela. Au-delà d'une utilisation raisonnée et donc rentable de la création en général, nous entrons dans un domaine moral affiné. Nos rapports avec les bêtes doivent être exempts de toute cruauté, non pas en raison de droits proprement dits supposés chez elles mais eu égard à notre propre dignité. Et sans doute avons-nous tous à faire quelque examen de conscience là-dessus, tellement nous avons été peu accoutumés à un tel langage.
D'accord, mais vos « spécistes » ou « antispécistes » parlent d'autre chose, si nous comprenons bien maintenant.
Père Volle : Vous comprenez bien. Et ces derniers sont si farouches à soutenir leur philosophie qu'ils vont jusqu'à vouloir défendre devant les tribunaux les droits supposés lésés de leurs «protégés» -pardon, de leurs «frères» en animalité. Et cela jusqu'à vouloir poursuivre en justice certains pays, Norvège, Islande, Japon, Nouvelle-Angleterre pour génocide au nom des cétacés péchés chez eux depuis des siècles.
C'est bien trop farfelu pour être pris au sérieux. Ça va faire rire, les juges, non ?
Père Volle: Pas sûr qu'ils aient toujours la possibilité d'écarter de tels sujets de plaidoirie d'un revers de main. Savez-vous que ces «farfelus» ont deux députés aux Pays-Bas, qu'ils ont réussi à se faire une chaire à l'Unesco, (en attendant de l'avoir à l'O.N.U.) ? Il Y a trente ans une Déclaration solennelle fut proclamée à Paris en ce sens. Révisée ensuite par la Ligue internationale des droits de l'animal, ce texte considère que la vie est une, tous les êtres animés ayant une origine commune et s'étant différenciés au cours de l'évolution des espèces. Il considère encore que tout être vivant possède des doits particuliers. Partant, toute vie animale a droit au respect et l'animal mort oit être traité avec décence. Corollaire: a personnalité juridique de l'animal et es droits doivent être reconnus par la loi.» e vais vous en dire plus. Laissez-moi un instant pour prendre un imprimé... Je lis : L'un des sites de l'idéologie animalitaire se nomme onevoice.car.org. Cette idéologie souhaite notamment que les chimpanzéss, les bonobos et les gorilles aient des droits communs avec les hommes : il s’agit d'instaurer entre eux et nous une communauté d'égaux, y compris sur le plan judiciaire, afin de sortir de la situation de « crise » qu'aurait ouverte la prétention de l'humanité à être une espèce à part.»
Top c'est trop ! Nous espérons que le bon sens fera vite litière de toutes ces aberrations !
Père Volle : Je l'espère aussi, mais voyez on s'achemine peu à peu vers l'idéologie sous-jacente avec des tas de «gentillesses» somptuaires avec nos «chéris» : aliments de choix, cosmétiques, cliniques spécialisées, etc (1) C'est scandaleux notamment au regard des pays pauvres où règne la faim. Autant que les dépenses en armement. Tout le monde en est conscient mais cela ne change rien. Voyez à lui tout seuil' éclatement du langage : où l'on «tuait» autrefois un animal, aujourd'hui on l '«euthanasie». Le «meurtre» d'un de nos ours des Pyrénées fut même traité d' «assassinat» par le Secrétaire d'Etat concerné.
Merci, Père Voile, d'avoir éclairé ainsi notre lanterne, sur un sujet dont nous ne soupçonnions même pas les tenants et aboutissants. C'est encore plus radical que la question du «gender». Alors il ne s'agissait «que» de rogner les différences entre l'homme et la femme, mais cette fois, c'est le décloisonnement universel.
Père Voile : Plus universel encore que vous ne le pensez, puisqu'il s'étendrait à tout ce qui existe, autant minéral que végétai ou animal. Du panthéisme pur et simple. Voyez où on en arrive !
(1) P.S.- Extrait de la revue de rue parisienne «L'Itinérant» (N°67S) : « Comment faire garder son animal en cas d'absence. Diverses pistes.
Les visites à domicile. Des entreprises el des associations mettent en place un collectif de personnes pour venir rendre visite régulièrement à votre chien, chat, canari ou hamster. L'employé responsable de votre animal doit lui apporter les soins habituels (nourriture, sorties, jeux, câlins...) et le rassurer par sa présence ... Les prix varient en fonction de l'éloignement de votre domicile : de 10 à 20 euros par jour, par demi-heure de visite comprenant deux promenades. Ce mode de garde fonctionne également si vous possédez plusieurs animaux. Comptez environ 145 euros la semaine.
Les familles d'accueil. Un foyer peut aussi accueillir votre animal, selon vos propres critères pour le bien-être de votre compagnon. Les familles sélectionnées doivent passer plusieurs entretiens afin que vous puissiez vous faire une idée précise de ce qui attend votre animal. Cette formule est particulièrement recommandée pour les chiens ne pouvant se passer du contact humain et ne supportant pas la solitude. Comptez 10 à 40 euros par jour de garde selon la taille de l'animal et du foyer qui l'accueille. Pour les lapins, cochons d'Inde, autres rongeurs, poissons et oiseaux, les prix avoisinent les 10 euros. Il y aurait encore le recours à la pension. Avec agrément de la Direction des Services Vétérinaires. Consultez les sites Internet et n'hésitez pas à visiter plusieurs pensions avant de vous décider. Interrogez le personnel de la pension sur la fréquence des promenades, 1 'heure des repas et l'attention portée à votre animal. Les prix sont en général constants, de l'ordre de 10 euros par jour.» Etc...