Propos sur la liturgie par le Cardinal Ratzinger
Il est nécessaire de restaurer non pas certaines cérémonies, mais l'idée fondamentale de la liturgie. Car dans la liturgie, ce n'est pas nous-mêmes qui nous représentons, mais le Christ et son Eglise (...). De manière plus générale - ajoute le Cardinal- je pense que la traduction de la liturgie dans les langues parlées a été une bonne chose pour faire que les célébrations soient comprises et pour que les fidèles puissent y participer; mais je pense aussi que l'on peut participer autrement: par l'esprit. Certains temps forts en latin me sembleraient utiles pour restituer cette dimension universelle de la liturgie (u.). Si le langage populaire est une solution, le maintien du latin pourrait l'accompagner pour retrouver cette dimension." (Au cours d'une interview télévisée à la chaîne catholique Eternal World Television Network, le 5 septembre 2003.)
- "L'effrayant appauvrissement qui se manifeste là où l'on chasse la beauté et où l'on assujettit [la liturgie] seulement à l'utile, est devenu de plus en plus évident. L'expérience a montré que le fait de s'en tenir àla seule notion d' "accessible à tous" n'a pas rendu les liturgies véritablement plus compréhensibles ou plus ouvertes, mais seulement plus indigentes. Liturgie "simple" ne signifie pas misérable ou à bon marché; il y a une simplicité qui vient du banal, et une autre qui découle de la richesse spirituelle, culturelle et historique." (dans Entretien sur la/oi, éd. Fayard, Paris 1985.)
- "Si la liturgie devient enseignement, son critère est de se faire comprendre, ce qui aboutit bien souvent à la banalisation du mystère, à la prévalence de nos paroles, à la répétition de phraséologies qui semblent plus accessibles et plus agréables aux gens. Mais il s'agit d'une erreur non seulement théologique, mais aussi psychologique et pastorale." (au cours d'un discours adressé à des catéchistes le 10 décembre 2000, à Rome.)
- "Le Concile a été tout simplement dépassé, lui qui, par exemple, avait dit que la langue du rite romain restait le latin, mais qu'il fallait accorder aux langues nationales la place qui convenait." (dans La célébration de la Foi, éd. Téqui, Paris 1981.) .
- "(...) dans l'histoire de l'après-Concile, la Constitution sur la Liturgie ne fut plus comprise à partir du primat fondamental de l'adoration, mais plutôt comme un livre de recettes sur ce qu'on peut faire avec la Liturgie. Entre temps, il semble que soit sortie de l'esprit des créateurs de la liturgie (.u) l'idée selon laquelle la liturgie est faite pour Dieu et non pour nous-mêmes." (au cours d'une conférence adressée aux participants au Congrès d'études sur le Concile Vatican II en février 2000.)
- "La réforme liturgique, dans sa réalisation concrète, s'est éloignée toujours plus de ce que voulait Vatican II. On a une liturgie dégénérée en show où l'on essaie de rendre la religion intéressante à l'aide de bêtises à la mode et de maximes moralisatrices aguichantes, avec des succès
momentanés dans le groupe des fabriquants de liturgies, et une attitude de recul d'autant plus prononcée chez ceux qui cherchent dans la liturgie non pas le showmaster spirituel, mais la rencontre avec le Dieu vivant devant qui tout le "faire" devient insignifiant." (dans Gedenkschrifft fir Klaus Gamber, édition Luther, Cologne 1989.)
- "Bien qu'il y ait de nombreux motifs qui peuvent avoir poussé un grand nombre de fidèles à trouver refuge dans la liturgie traditionnelle, le plus important d'entre eux est qu'ils y trouvent préservée la dignité du sacré. Après le Concile, de nombreux prêtres ont délibérément érigé la désacralisation au niveau d'un programme d'action. (...) Animés par de telles idées, ils ont rejeté les vêtements sacrés; autant qu'ils ont pu, ils ont dépouillé les églises de leurs splendeurs qui rappelaient le sacré et ils ont réduit la liturgie au langage et aux gestes de la vie de tous les jours par le moyen de salutations, de signes d'amitié et autres éléments." (Conférence faite aux Evêques du Chili en juillet 1988. )
- "La liturgie n'est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux, ni d'acteur de talent. La liturgie ne vit pas de surprises sympathiques, de trouvailles captivantes mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l'actualité et ce qu'elle a d'éphémère, mais le mystère du sacré." (dans Entretien sur la Foi, édition Téqui.)
- "On aurait besoin pour le moins d'une nouvelle conscience liturgique, pour faire disparaître cet esprit de bricolage. On en est arrivé à ce que des cercles liturgiques se bricolent eux-mêmes une liturgie du dimanche. Ce qui en résulte, c'est certainement la production de quelques intellectuels
doués qui se sont imaginé quelque chose. Je ne rencontre plus par là le Tout-Autre, le Saint, qui se donne à moi, mais les capacités de quelques uns. Je m'aperçois que ce n'est pas cela que je cherche. C'est trop peu, c'est autre chose. Ce qu'il y a de plus important aujourd'hui, c'est le respect de la liturgie et du fait qu'on ne peut pas la manipuler. C'est de réapprendre à la considérer comme un organisme vivant et offert, par lequel nous participons à la liturgie céleste. C'est de ne pas y chercher notre propre accomplissement, mais le don qui nous advient. Je crois que ce qui est prioritaire c'est que cette manière de faire personnelle et arbitraire disparaisse et que s'éveille le sens intérieur pour le sacré. Dans une deuxième étape, on pourrait voir dans quel domaine on a supprimé trop de choses, et que la cohérence avec toute l'histoire puisse redevenir plus évidente et plus vivante." (dans Voici quel est notre Dieu, édition Plon-Marne, Paris.)
Auteur : extrait de différents discours ou livres du cardinal Ratzinger
Copyright : Association Apostolat Sainte Thérèse