LA PRESENCE REELLE DU CHRIST DANS L'EUCHARISTIE

 

        C’est une question très difficile et importante que nous allons aborder. En effet, la consécration prononcée validement par un prêtre lors de la messe, lorsque ce prêtre dit les paroles du Christ : « ceci est mon Corps » sur l’hostie et « ceci est mon Sang » sur le vin,  ne changent pas les apparences du pain et du vin. Pourtant la foi nous dit que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ. Cette présence du Christ dans l’hostie n’est pas une présence sensible que nous pouvons toucher et voir. Pourtant le Christ est réellement présent dans cette hostie, dans l’Eucharistie. Que se passe t-il ? Ce n’est pas quelque chose de magique qui se passe, comme lorsque le magicien fait apparaître de rien un lapin, mais pourtant c’est quelque chose de bien réelle ; une présence réelle du Christ.

Pour comprendre ce qu’est la présence réelle du Christ dans l’hostie et comment il y est réellement présent, nous allons étudier le terme de présence réelle puis ce que signifie le terme de transsubstantiation et enfin quel est le mode de présence du Christ dans l’Eucharistie.

 

        I - La présence réelle :

 

        Toute la tradition de l’Eglise affirme la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.

        Le concile de Trente entre 1550-1580 affirme déjà à la session 13, canon I : « Si quelqu’un nie que le sacrement de la très sainte Eucharistie soit contenue vraiment, réellement et substantiellement le corps et le sang ainsi que l’âme et la divinité de Notre Seigneur tout entier…qu’il soit anathème ».

        Le concile Vatican II, dans la constitution sur la sainte liturgie, appelé Sacrosanctum Concilium, au numéro 7 affirme que le Christ est présent dans la liturgie puisque c’est le Christ qui agit dans le Prêtre. Saint Thomas d’Aquin dira que le Christ agit « in personna Christi », en nom et place du Christ, comme si c’était le Christ qui agit dans le prêtre.

        Le Catéchisme des évêques de France en 1991 nous explique au numéro 417 : «… Sous l’action de l’Esprit Saint promis à l’Eglise, par les paroles du Christ que prononce le prêtre, agissant dans la personne du Christ, le pain et le vin deviennent véritablement le corps et le sang du Christ… ».

        Le catéchisme de l’Eglise Catholique de 1992 au numéro 1333 affirme : «  au cœur de la célébration de l’Eucharistie, il y a le pain et le vin qui, par les paroles du Christ et par l’invocation de l’Esprit Saint, deviennent le corps et le sang du Christ… ».

 

        Il y a une vraie présence réelle et substantielle du corps et du sang du Christ sous les apparences du pain et du vin. Ce n’est pas ce que les protestants affirment puisque pour eux, le Christ ne s’y trouveraient qu’en signe et figure ; les protestants nient le caractère réel et substantiel de la présence du Christ dans le pain et le vin donc le fait que le Christ est présent de manière durable, tant que les apparences du pain et du vin demeurent. 

 

        La foi et la tradition de l’Eglise Catholique (les pères de l’Eglise, le concile de Trente, le concile de Vatican II etc) nous disent que la présence réelle du Christ est contenu tout entier, en personne, avec son âme et sa divinité dans le pain et le vin. Cela est possible car la consécration consiste à établir une relation particulière entre les éléments présents sur l’autel et le Christ au ciel. Donc dans le pain et dans le vin il y a le Christ ressuscité tout entier, corps et âme.

 

        C’est donc par surabondance d’Amour que l’Eglise Catholique autorise lors de certaines occasions, la communion au sang du Christ. Celle-ci n’est pas nécessaire puisque nous avons le corps du Christ en entier dans l’hostie : cops, âme et divinité (la divinité du Verbe c’est à dire Dieu lui-même).

 

        II -  La transsubstantiation :

 

        Suite au concile de Trente et au concile Vatican II, nous devons affirmer que la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie fait partie de notre foi, ce à quoi nous croyons. Et pour comprendre cette présence réelle, la   meilleur façon de le faire est d’expliquer ce qu’est la transsubstantiation c’est à dire que le Christ se trouve  substantiellement présent dans l’Eucharistie.

        Le Christ en personne réside d’une manière substantielle et permanente dans la matière eucharistique.

        La matière eucharistique n’est pas seulement un instrument de la grâce ; elle est le signe et la présence réelle du Christ : toute sa substance est convertie ou changée en toute la substance du corps et du sang du Christ. C’est en cela que consiste la transsubstantiation.

        Pour comprendre cette transsubstantiation, pensons à la  chrysalide qui devient papillon ; un bloc de pierre qui devient une statue ; un œuf qui devient un poussin etc. Il y a eu en eux succession et remplacement d’une forme par l’autre, mais le fond de l’être, la substance demeure la même. Car ce qui agit ici, loi naturelle ou artiste, n’a de pouvoir que sur les accidents de l’être. Il n’y a qu’une chose ou tout l’être peut être changé en tout l’être de l’autre : c’est ce qui se passe dans l’Eucharistie  ou le Christ change tout l’être du pain en son être. Seul Dieu qui est notre Créateur peut faire cela.

 

        Pour comprendre la différence entre accidents et être, prenons un exemple. Un être est tout ce qui est, tout ce qui existe. Et les accidents c’est ce qui fait ce qui existe : par exemple un être humain avec des cheveux et des mains. Les cheveux et les mains sont des accidents. Et si je supprime les cheveux et les mains d’un être humain, c’est toujours le même être humain car sa substance (ce qui subsiste en soi, indépendamment de tout accident) est toujours la même.

        Dans la transsubstantiation, le corps et le sang du Christ ne sont pas crées ; mais le pain et le vin sont mis dans une relation nouvelle avec ce corps et ce sang préexistants, qui vont remplacer leur substance. Ce qui est difficile à comprendre et à saisir, c’est que la substance (l’être, ce qui fait exister le pain) du pain disparaît alors que les accidents (la forme et le goût) demeurent. Saint Thomas d’Aquin affirme dans la somme théologique (3a P. q. 78, a. 5) que seule la transsubstantiation rend compte de la formule : Ceci est mon corps. On ne peut pas parler d’impanation (présence du Christ dans le pain) car alors on devrait dire : ici est mon corps.

 

        En résumé, parler de la transsubstantiation, c’est affirmer que la chose est transformée dans son être de non dans son paraître, dans ses accidents.

 

        III - Le mode de présence du Christ dans l’Eucharistie :

 

        La doctrine de la transsubstantiation nous permet non seulement d’affirmer la présence réelle et substantielle du christ sous les apparences du pain mais nous permet d’épurer les représentations imaginatives auxquelles nous sommes entraînés malgré nous, sus le mode de présence du Christ dans l’Eucharistie.

        Le Christ est présent dans l’hostie, mais il n’est pas contenu. Le Christ n’est donc pas soumis aux conditions habituelles de dimensions, de lieu, et de translation (faire passer d’un lieu a un autre). Le Christ est présent aux espèces du pain et du vin, mais il n’est pas à proprement parler dans les espèces. Si réelle qu’elle soit, sa présence reste sacramentelle, c’est a dire par mode de signe réel. La musique n’est pas modifié si on brise, déplace, brise, transporte un disque, lorsque des postes de radio s’ouvrent ou se ferment pour l’entendre ou la réduire au silence. Il en est der même avec le Christ ; il n’est pas diminué lorsque l’on consomme des hosties, augmenté lorsque l’on en consacre de nouvelles et déplacé lorsque l’on transporte des hosties consacrées.

        La relation entre le Christ, vivant et impassible au ciel, et les espèces du pain et du vin dont il remplace la substance, n’affecte que les espèces sacramentelle mais pas le Christ lui-même. Ceci nous fait comprendre que lorsque nous souillons des hosties, le corps du Christ n’est pas souillé. Il y a sans doute offense envers la personne du Christ dans la mesure où cela provient d’une négligence coupable. La communion sacrilège n’est pas une atteinte à la chair du Christ. Le sacrilège consiste en ce qu’il y a mensonge dans l’acte même du sacrement puisque le communiant, en recevant sacramentellement le corps du Christ, professe ainsi extérieurement qu’il l’aime et veut s’unir à lui, tandis qu’il en est profondément séparé dans son cœur qui reste attaché au péché.

 

        Par le mystère de l’Incarnation, le Christ est devenu homme ; il a vraiment pris la nature humaine ; il est apparu aux yeux des hommes tel qu’il était. Dans la transsubstantiation, le Christ ne devient rien de nouveau, et il n’apparaît qu’aux yeux de la foi, non pas sous le voile, mais selon le mode de la présence eucharistique. Il n’est donc pas tout à fait exact de dire : « le Christ descend sur l’autel » ou « le Christ naît parmi nous » ou de comparer le corporal aux langes de Bethléem…

        Nous devons dire que le Christ existe, ici et là, sous des modes d’être profondément diffèrent et dans l’Eucharistie sous le mode sacramentelle.

 

Conclusion :

 

Nous devons affirmer trois choses :

 

1)      Le corps du Christ est son corps de gloire et non un objet de ce monde qu’on pourrait toucher ;

2)      Cette présence réelle mais invisible du Ressuscité nous est communiqué de façon visible dans l’Eucharistie ;

3)      Cette présence eucharistique est sacramentelle, c’est à dure qu’elle nous est donné par la médiation du pain et du vin consacrés.

 

        Le catéchisme de l’Eglise Catholique de 1992 au numéro 1381 résume bien ce que nous pouvons dire en conclusion sur l’étude de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie : « La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, on ne l’apprend point par le sens dit saint Thomas d’Aquin, mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu. C’est pourquoi, commentant saint Luc 22,19 : « Ceci est mon Corps qui sera livré pour vous », saint Cyrille déclare : « ne vas pas te demander si c’est vrai, mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui, qui est la Vérité, ne ment pas » :

 

Je T’adore profondément, divinité caché,

vraiment présente sous ces apparences ,

à Toi mon cœur se soumet tout entier

parce qu’à Te contempler, tout entier, il défaille.

La vue, le goût, le toucher ne T’atteignent pas :

à ce qu’on entend dire seulement il faut se fier ;

je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu ;

rien de plus vrai que cette parole de la Vérité.

 

        Il y a bien d’autres formes de présences du Christ dans notre monde comme le dit le texte « suggestions et propositions pour l’année de l’eucharistie » au numéro 26. Mais ici nous avons essayé d’expliquer la présence du Christ la plus importante qui soit : celle ou le Christ est vraiment et réellement présent en corps et en âme, donc en sa personne, jusqu’à la fin du monde.

 

 

Auteur : François LUGAN

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