Noël d'un ange gardien

 

 

Chaude haleine fraternelle,
Qui parle ainsi dans l'étable
Cette langue délectable,
Française de France,
Tourangelle de Touraine,
Qui parle français dans l'étable ?
C'est l'ange gardien, c'est l'ange
De notre langue !
Hors de la forêt latine,
Hors de la forêt voisine,
Hors de la forêt lointaine,
Il prend par la main et mène
Une foule de vocables.
J'aurais dit lupis, hiems,
Je dis loup, je dis hiver,
Je peux dire le houx vert.
Je dis cervoise,
Je dis framboise,
Je peux dire : au gui l'an neuf !
Je dis l'âne auprès du bœuf,
Le vent, le hautbois, la musette,
Je dis l'étoile souveraine et le solfège des anges
Qui s'emmitouflent dans leurs ailes.
Je dis théorbe et trompette, givre ­
Et nuit très belle, vivre
Et cœur fidèle.
Grâce à toi, frère éternel,
Grâce à toi le nom de l'ange S'accorde au linge des langes
Sur la neige,
Sur la neige de Noël.

 

Cher ange de ma patrie ! Grâce à toi, je dis
Je vous salue Marie !
Grâce à toi, je dis : Jésus, Nous voici vers toi venus
De Paris en paradis
Par temps de givre et de vent ! (Mais je dis toujours Amen !).

 

 

 

Poème extrait du livre de Claude-Henri Roquet et paru dans la revue de l’homme nouveau numéro 1385 du 23 décembre 2006

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