L’AGENOUILLEMENT

par François Lugan

 

 

Dans son livre, l'abbé Michel Sinoir, prêtre du diocèse de Paris, rappelle, avec de solides preuves, que l'agenouillement devant Dieu est une attitude spécifiquement chrétienne, hélas, trop oubliée de nos jours ! A Gethsémani, Jésus lui-même tombe à genoux, puis se prosterne et s'effondre, le visage contre terre, intercédant pour les pécheurs, et se livrant à la volonté du Père.

Sainte Gertrude la Grande, au XIIIe siècle, dans son livre des Révélations, rapporte qu'en entendant chanter, un mercredi saint, au début de la messe, " Qu'au nom de Jésus, tout genoux fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers ", se sentit poussée à faire, en réparation, de nombreuses génuflexions. C'est alors, nous dit-elle, qu'elle entend le Fils de Dieu dire, devant son Père : " Je suis très honoré par l'expiation que cette créature vient de m'offrir. L'esprit humain ne peut saisir quelle récompense est réservée à cet acte ; cependant, je la garde pour l'avenir, lorsque cette âme sera capable de la recevoir dans la béatitude éternelle. "

 

Fondée en 1965, Notitiae, la revue de la congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements est un instrument de référence. En novembre-décembre 2002, elle a publié une réponse très ferme à la question de l’agenouillement pour la communion. Au n° 436 il est rendu publiques les lettres suivantes :

« Au sujet du droit du fidèle de recevoir la sainte communion à genoux, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a été saisie du cas d'un prêtre qui a refusé de donner la sainte communion à un fidèle qui désirait la recevoir à genoux. Elle a adressé une lettre à l'Évêque de ce prêtre, ainsi qu'au fidèle, en soulignant les points suivants :

La Congrégation a reçu ces derniers mois un certain nombre de plaintes similaires provenant de divers endroits.

Le fait de refuser la sainte communion à un fidèle équivaut à la violation d'un droit du fidèle. De fait, le canon 213 du Code de droit canonique stipule que "les fidèles ont le droit de recevoir de la part des Pasteurs sacrés l'aide provenant des biens spirituels de l'Église, surtout de la parole de Dieu et des sacrements". Cela signifie, ajoute le canon 843 § 1 que "les ministres sacrés ne peuvent pas refuser les sacrements aux personnes qui les leur demandent opportunément, sont dûment disposés et ne sont pas empêchées par le droit à les recevoir".

Ainsi, il n'est pas permis de refuser la sainte communion à un catholique qui se présente pour la recevoir durant la Messe, hormis dans les cas qui présentent un danger de scandale pour les autres fidèles ; il s'agit des personnes qui s'obstinent dans un péché grave et manifeste, ou qui persistent dans l'hérésie ou le schisme, professés ou déclarés publiquement.

Dans les cas où la Congrégation a approuvé la norme qui prévoit de recevoir la communion debout, dans le cadre des adaptations permises aux Conférences des Évêques par les Préliminaires du Missel Romain (numèro160 § 2), il n'est jamais permis de refuser la sainte communion à un fidèle qui désire la recevoir à genoux.

De fait, d'une part, comme l'a bien montré récemment Son Eminence le Cardinal Ratzinger, la communion à genoux est une tradition ancienne qui existe depuis des siècles, et, d'autre part, elle est un geste particulièrement expressif d'adoration, tout à fait approprié à manifester la vraie présence réelle et substantielle de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans les espèces consacrées.

Les prêtres devraient comprendre que la Congrégation considérera désormais des plaintes de ce genre avec beaucoup d'attention et, après avoir vérifié leur bien-fondé, qu'elle a l'intention de procéder à une action disciplinaire proportionnelle à la gravité de cet abus sur le plan pastoral ».

A propos de la communion à genoux, il faut lire ce que disent les numéros 90 et 91 de l’instruction Redemptionis Sacramentum de 2004 qui reprennent ce qu’a déjà dit la revue Notitiae. Le numéro 90 dit qu’il y a deux façon de recevoir la communion : soit à genoux, soit debout. Si nous recevons debout la communion, il est recommandé de faire un geste de respect avant de communier, en général définie par la conférence des évêques.  Et le numéro 91 dit que l’on n’a pas le droit de refuser la communion a un fidèle qui désire communier debout ou à genoux. Il appartient à la conférence des Evêques, avec la confirmation du siège apostolique, de décider la manière la plus opportune pour recevoir la communion.

 

Dans les années 1970, on a supprimé les agenouilloirs dans la plupart des églises de France. Le motif invoqué fut de dire qu’il y aura de plus en plus de monde dans les églises donc qu’il faudra que tous puissent s’asseoir. On a également supprimé les tables de communion.

Pourquoi s’agenouiller ? L’agenouillement est un acte d’humilité de l’homme envers Dieu ; l’homme qui se met à genoux montre qu’il dépend de Dieu et de Lui seul ; l’homme montre qu’il est une créature et qu’il n’est rien face à Dieu son créateur. Cet acte aide l’homme à intérioriser et à comprendre qu’il n’est rien sans Dieu.

 

Lors de la célébration de la messe, nous pouvons nous mettre à genoux pendant toute la récitation de la prière eucharistique jusqu’au Notre Père ou uniquement pendant la consécration et après la communion.

 

Méditons ce que nous dit le pape Jean-Paul II à propos de l’agenouillement : « n’ayez pas peur de vous agenouiller devant Dieu ! Car adorer le Créateur ne diminue en rien l’homme, mais lui restitue sa pleine humanité et dignité ! ».

 

Que la vierge Marie nous aide à être humble, à avoir une attitude humble c’est à dire à être un petit enfant face à Dieu, à l’exemple de sainte Thérèse de l’enfant Jésus, sachant que sans Dieu nous ne sommes rien.

 

Pour approfondir cette fiche sur l’agenouillement, il faut lire ce que dit le pape Benoît XVI dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis du 22 février 2007 au numéro  65 :

« … Je pense, d'une manière générale, à l'importance des gestes et des postures, comme le fait de s'agenouiller pendant les moments centraux de la prière eucharistique ».