Livre du pape Benoît XVI : la lumière du monde :
Le pape, l'Eglise et les signes des temps
Il s’agit de deux lignes, tirées d’un livre d’entretiens sur de nombreux sujets d’actualité. Deux petites lignes qui marquent pourtant un tournant dans la politique du Vatican à l’égard de la lutte contre le sida. Dans un livre à paraître mardi en Italie, le pape Benoît XVI admet que l’utilisation du préservatif peut se justifier « dans certains cas », quand il s’agit d’empêcher la transmission du VIH.
Intitulé "Lumière du monde", l’ouvrage dont la parution est prévue le 27novembre en France a été réalisé durant l’été 2010 avec le journaliste allemand Peter Seewald. Alors que ce dernier lui demande s’il ne s’agit pas d’une « folie » que d’interdire l’utilisation du préservatif, le pape répond que son usage « peut se justifier dans certains cas ». Il cite alors l’exemple d’ « un prostitué » qui « utilise un préservatif ». Pour Benoît XVI, cela peut être « le premier pas vers une moralisation, un premier acte de responsabilité pour ouvrir à nouveau la conscience au fait que tout n’est pas permis et qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on veut. » En préambule, le pape a certes rappelé que « se polariser seulement sur le préservatif signifie la banalisation de la sexualité ».
Néanmoins, Benoît XVI se démarque du discours de Jean-Paul II, qui affirmait notamment le 7 février 1993, à Kampala (Ouganda), devant des milliers de séropositifs, que « la chasteté est l'unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu'est le sida ».
Les propos de Benoît XVI sont d’autant plus inattendus qu’en mars 2009, ses prises de position sur le préservatif dans l’avion qui le menait en Afrique avaient suscité un tollé dans la presse et l’opinion internationales. Il y avait estimé que distribuer des préservatifs ne résoudrait pas l’épidémie. Ajoutant qu’ « au contraire cela aggrave le problème ».
Les paroles du pape sur la sexualité et sur le préservatif
Les médias du monde publient en ce moment des articles et des commentaires concernant les paroles de Benoît XVI sur la sexualité et le préservatif rapportées dans son livre « Lumière du monde », qui sera présenté à la presse le 23 novembre.
Certains passages de cette longue interview avec le journaliste et écrivain allemand Peter Seewald, éditée en italien par la Librairie Editrice du Vatican (284 pages, 19,50 euros), ont été présentés en avant-première dans la dernière édition de L’Osservatore Romano.
Voici les paroles du pape sur la sexualité, recueillies dans ce livre.
Se concentrer uniquement sur le préservatif veut dire banaliser la sexualité, et cette banalisation représente justement la raison dangereuse pour laquelle de si nombreuses personnes ne voient plus l’expression de leur amour dans la sexualité, mais seulement une sorte de drogue, qu’ils s’administrent eux-mêmes. C’est pourquoi la lutte contre la banalisation de la sexualité fait aussi partie d’un grand effort pour que la sexualité soit évaluée de manière positive et puisse exercer son effet positif sur l’être humain dans sa totalité.
Il peut y avoir des cas individuels justifiés, par exemple quand une prostituée [l’original allemand utilise le terme au masculin, ndt] utilise un préservatif, cela peut être un premier pas vers une moralisation, un premier acte de responsabilité pour développer de nouveau la conscience du fait que tout n’est pas permis et que l’on ne peut pas faire tout ce que l’on veut. Toutefois, cela n’est pas le moyen de vaincre l’infection du Hiv. Une humanisation de sa sexualité est vraiment nécessaire.
Préservatif : Note du père Lombardi concernant les paroles du pape
Nous publions ci-dessous la mise au point du père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, concernant l’interprétation des paroles de Benoît XVI sur le thème du préservatif.
Des passages du livre-entretien à paraître prochainement, « Lumière du monde », du pape avec le journaliste et écrivain allemand Peter Seewald, ont été publiés dans la presse. Benoît XVI s’y exprime notamment sur le préservatif.
« Le pape ne réforme pas ou ne change pas l’enseignement de l’Eglise », rappelle le père Lombardi, il ne s’agit pas d’un « tournant révolutionnaire » mais d’une contribution courageuse et « originale » dans laquelle Benoît XVI clarifie et approfondit « une question longuement débattue ». « Le préservatif n’est pas la solution au problème », affirme-t-il encore.
A la fin du chapitre 10 du livre « Lumière du monde », le pape répond à deux questions concernant la lutte contre le Sida et l’utilisation du préservatif, questions qui sont à relier à certaines paroles prononcées sur ce thème par le pape au cours de son voyage en Afrique en 2009.
Le pape rappelle clairement qu’il n’avait pas voulu alors prendre position sur le problème du préservatif en général, mais avait voulu affirmer avec force que le problème du Sida ne peut se résoudre par la seule distribution de préservatifs, parce qu’il faut faire beaucoup plus : prévenir, éduquer, aider, conseiller, être proches des personnes, afin qu’elles ne tombent pas malades ou dans le cas où elles sont malades.
Le pape observe que le milieu non ecclésial a aussi pris conscience de cela, comme le révèle la théorie appelée ABC (Abstinence - Be Faithful - Condom), où les deux premiers éléments (l’abstinence et la fidélité) sont beaucoup plus déterminants et fondamentaux pour la lutte contre le Sida, alors que le préservatif apparaît en dernier lieu comme une échappatoire quand les deux autres font défaut. Il doit donc être clair que le préservatif n’est pas la solution au problème.
Le pape élargit ensuite son regard et insiste sur le fait que se concentrer uniquement sur le préservatif équivaut à banaliser la sexualité, qui perd sa signification d’expression d’amour entre personnes et devient comme une « drogue ». Lutter contre la banalisation de la sexualité fait « partie d’un grand effort pour que la sexualité soit évaluée positivement et qu’elle puisse exercer son effet positif sur l’être humain dans sa totalité ».
A la lumière de cette vision ample et profonde de la sexualité humaine et de sa problématique actuelle, le pape réaffirme que « naturellement, l’Eglise ne considère pas les préservatifs comme une solution authentique et morale » au problème du Sida.
Ainsi, le pape ne réforme pas ou ne change pas l’enseignement de l’Eglise mais le réaffirme en se mettant dans la perspective de la valeur et de la dignité de la sexualité humaine comme expression d’amour et de responsabilité.
En même temps, le pape considère une situation exceptionnelle où l’exercice de la sexualité représente un véritable risque pour la vie de l’autre. Dans ce cas, le pape ne justifie pas moralement l’exercice désordonné de la sexualité, mais retient que l’utilisation du préservatif pour diminuer le danger de contagion est « un premier acte de responsabilité », « un premier pas sur le chemin vers une sexualité plus humaine », plutôt que de ne pas en faire usage, exposant l’autre au péril de sa vie.
En cela, le raisonnement du pape ne peut être défini comme un tournant révolutionnaire.
Nombres de théologiens moraux et de personnalités ecclésiastiques importantes ont soutenu et soutiennent des positions analogues ; il est toutefois vrai que nous ne les avions pas encore entendues avec autant de clarté dans la bouche d’un pape, même s’il s’agit d’un entretien et non pas d’une intervention magistérielle.
Benoît XVI nous donne donc avec courage une contribution importante de clarification et d’approfondissement sur une question longuement débattue. C’est une contribution originale, parce que, d’une part, elle tient à la fidélité aux principes moraux et fait preuve de lucidité en refusant un chemin illusoire comme la « confiance dans le préservatif » ; mais elle manifeste d’autre part une vision compréhensive et prévoyante, attentive à découvrir les petits pas - même si ce sont les premiers et qu’ils sont encore confus - d’une humanité souvent spirituellement et culturellement très pauvre, vers un exercice plus humain et responsable de la sexualité.
L’Eglise et le Pape sont t-ils contre le préservatif ?
N’est-ce pas criminel de désarmer les gens face au SIDA et en particulier les jeunes et en Afrique en s’y opposant ?
Encore une fois, l’Eglise n’a pas position « idéologique » sur le préservatif. Elle considère simplement que les moyens de contraception s’opposent à la logique d’amour voulue par Dieu dans les relations sexuelles et que la fidélité conjugale est le meilleur moyen pour lutter contre les maladies. Elle respecte les décisions politiques sur l’accès aux moyens de contraception, dans la mesure où ces derniers ne sont ni imposés par la force, ni promus abusivement pour encourager la débauche, ni dangereux pour ceux qui les utilisent.
En Afrique comme ailleurs, les chrétiens sont appelés à prendre leurs responsabilités, ainsi que le rappelait, le 20 avril 1995, Mgr di Falco, alors porte-parole de la Conférence des évêques de France : " L’Eglise croit que la sexualité est belle, et fragile, et qu’elle est indissociable de l’amour."
L’Eglise croit que l’on ne peut pas répondre aux questions justes et légitimes des hommes en général et des jeunes en particulier par des considérations uniquement médicales, voire vétérinaires. Alors c’est vrai, l’Eglise ne rejoint pas le discours hégémonique et assez simpliste du "Vas y mets une capote et fais ce que tu veux."
Elle préfère appeler à la fidélité, pas d’abord comme moyen de combattre le SIDA mais avant tout comme moyen de trouver le bonheur en couple.
L’Evangile donne du sens à l’amour et à la sexualité. Que les éducateurs et personnels chrétiens de santé tiennent compte de l’épidémie du SIDA dans leur manière de participer à l’éducation sexuelle et recommandent l’utilisation du préservatif plutôt que de transmettre un virus mortel, c’est en effet normal.
Cependant n’attendons tout de même pas d’eux - et à fortiori pas du pape - qu’ils définissent à partir du SIDA ce que doit être la sexualité humaine !
L’Eglise a bien autre chose à dire sur l’amour humain que de vanter les mérites du latex... Elle est plus utile à la société, y compris dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles, en éduquant à l’amour fidèle et à l’accueil de la vie qu’en prônant le sexe sans risque.
Bien dommage que les journalistes n’ont retenu que la question du préservatif. Ce livre à 18 chapitres touchant toutes les questions d‘actualités tel que : la bourca, le pape Pie XII, le sacerdoce des femmes, la pédophilie etc. Le pape croit à la vérité et pas à ola communication. Ce livre est sorti le 23 novembre 2010 en allemand et Italien. Dés que possible, nous vous en parlerons plus longuement afin de connaître avec le plus d’objectivité la pensée du pape Benoît XVI sur la plupart des sujets d’actualité.