L'abandon
Quand on est bien abandonné à Dieu, tout ce que l'on fait est bien fait, sans faire beaucoup de chose. On s'abandonne avec confiance pour l'avenir; on veut sans réserve tout ce que Dieu voudra et l'on s'applique, dans le présent, à accomplir Sa Volonté. A chaque jour suffit son bien et son mal. Cet accomplissement journalier de la volonté de Dieu est l'avènement de son Règne au dedans de nous; c'est notre pain quotidien.
On serait infidèle, coupable d'une défiance païenne si l'on voulait pénétrer dans l'avenir du temps que Dieu nous dérobe. On le Lui laisse en toute confiance. C'est à Lui de le faire doux ou amer, court ou long. Qu'il fasse ce qui est bon à ses yeux !
Quand on est ainsi prêt à tout, c'est dans le fond même de notre abîme que l'on commence à prendre pied. On est aussi tranquille sur le passé que sur l'avenir. On se jette aveuglément dans les bras de Dieu; on s'oublie et on se perd en Lui. C'est la plénitude la plus parfaite que cet oubli de soi-même. C'est le martyre de l'amour-propre: on aimerait cent fois mieux se contredire, se condamner, se tourmenter le corps et l'esprit que de s'oublier....
Alors le coeur s'élargit, on est soulagé en se déchargeant de tout le poids de soi-même dont on s'accablait. On est étonné de voir combien la voie est droite et simple. On croyait qu'il fallait une contention perpétuelle et toujours quelque nouvelle action à faire sans relâche pour plaire à Dieu. Au contraire, on s'aperçoit qu'il y a peu à faire, qu'il suffit sans trop raisonner ni sur l'avenir ni sur le passé, de regarder Dieu avec confiance, comme un Père qui nous mène, dans le moment présent, comme par la main.
Si quelque distraction le fait perdre de vue, sans s'arrêter à cette distraction, on se retourne calmement vers Dieu; et Il fait sentir ce qu'II veut. Si on fait des fautes, on s'en repent avec une douleur toute d'amour; on se retourne vers Celui dont on s'est détourné. Le péché paraît hideux, mais l'humiliation qui en revient et pour laquelle Dieu l'a permis, paraît bonne. Autant les réflexions de l'orgueil sur nos fautes sont amères, inquiètes et chagrines, autant le retour de l'âme vers Dieu après ses fautes est recueillie, paisible et soutenu par la confiance....
Vous ne faites que vous attendrir sur vous-même par tous ces repliements.
Le moindre regard sur Dieu calmerait bien mieux votre coeur troublé. Sa Présence vous fait sortir de vous-même, et c'est Ce qu'il vous faut.. Sortez donc de vous-même et vous serez en paix !
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