L’HABIT ECCLESISATIQUE ET RELIGIEUX

SIGNE ET TEMOIGNAGE DANS LE MONDE

 

LETTRE DU SAINT PERE AU CARDINAL VICAIRE DU DIOCESE DE ROME
 

        Les soins du bien-aimé diocèse de Rome posent à mon esprit de nom­breux problèmes, parmi lesquels, digne de considération en raison des conséquences pastorales qui en dé­coulent, celui qui concerne la disci­pline de l'habit ecclésiastique.

        J'ai plus d'une fois dans mes con­tacts avec les prêtres, exprimé ma pensée à cet égard, soulignant la valeur et la signification de ce signe distinctif, non seulement parce qu'il contribue à la bienséance du prêtre dans son attitude extérieure ou dans l'exercice de son ministère, mais surtout parce qu'il met en évidence au sein de la Communauté ecclésiastique le témoignage public que tout prêtre doit donner de sa propre identité et de son appartenance spé­ciale à Dieu. Et comme ce signe exprime notre « n'être pas du monde » ( Jn 17, 14), j'ai fait allusion à l’habit ecclésiastique dans la prière composée pour le jeudi-Saint de cette année, adressant cette invocation au Seigneur: « Fais que nous n'at­tristions pas ton Esprit.., par ce qui se présente comme volonté de cacher le propre sacerdoce devant les hom­mes et d’en éviter tous les signes extérieurs (AAS 54, 1982).

        Envoyés par le Christ pour an­noncer l'Evangile nous avons il transmettre un message qui s'ex­prime soit par la parole, soit également par les signes extérieurs, sur­ tout dans le monde actuel qui se révèle si sensible, au langage des i­mages, L'habit ecclésiastique, a, comme l'habit religieux, une signifi­cation particulière : pour le prêtre diocésain il a principalement un caractère de signe qui le distingue du milieu séculier dans lequel il vit ; pour le religieux et peur la religieuse il exprime également leur caractère de consacrée et met en évidence la fin eschatologique de la vie religieuse. L'habit est donc utile aux fins de l'évangélisation et il nous incite à réfléchir sur les réalités que nous représentons dans le monde et sur le primat des valeurs spirituelles que nous affirmons dans l'existence de l'homme. Ce signe permet plus faci­lement aux autres d'arriver au Mys­tère dont nous sommes porteurs, à Celui auquel nous appartenons et que nous voulons annoncer de tout notre cœur.

        Je n'ignore pas les raisons d'ordre historique, psychologique et social et celles venant du milieu qui peuvent y contredire. Mais je dois surtout relever que des raisons ou prétexte contraires, confrontés objectivement et sereinement avec le sens religieux et avec les attentes de la majeure partie au Peuple de Dieu, et avec le fruit positif du témoignage coura­geux de l'habit lui-même, relèvent bien plus d'un caractère purement humain qu’ecclésiologique.

        Dans la moderne cité terrestre où le sens du sacré est si terriblement affaibli, les gens ont besoin de ces rappels à Dieu qui ne peuvent être négli­gés sans un appauvrissement de notre service sacerdotal.

        En vertu de ces considérations je sens qu’il est de mon devoir, comme Evêque de Rome, de m'adresser à vous, monsieur le Cardinal, qui partagez de très près mes soins et mes sollicitudes dans le gouvernement de mon diocèse pour que, d'accord avec les S. Congrégations pour le Clergé, pour les Religieux et les Instituts Séculiers, et pour l'Education Catho­lique, vous entrepreniez d'étudier d'opportunes initiatives destinées à favoriser l'usage, de l'habit ec­clésiastique et religieux, prenant à cet effet les mesures nécessaires et veillant à leur application.

Invoquant pour vous, Monsieur le Cardinal, et pour tout le diocèse de Rome l'aide toute-puissante du Sei­gneur, par l'intercession de la très Sainte Vierge « Salus Populi Romani » de tout coeur je vous donne ma Bénédiction Apostolique.

 

 

Du Vatican le 8 septembre 1982, Jean-Paul II pape.