Le pape Jean-Paul II reconnaît la place historique des femmes dans l'Eglise



Chaque fois que le progrès des femmes en matière d'égalité a été entravé, l'humanité a souffert de ce que Jean-Paul II appelle un « appauvrissement spirituel ». « La dignité de la femme est souvent méconnue... Elles sont fréquemment reléguées en marge de la société et même réduites en esclavage », écrit-il en 1995 dans sa Lettre aux Femmes, ajoutant que le moment est venu d'examiner courageusement le passé et de dénoncer ce qui doit être dénoncé.

Le message de l'Évangile est toujours pertinent car il montre la femme libérée de l'exploitation et de la domination de l'homme ; l'attitude même du Christ dépassait en effet les normes de sa propre culture et il traitait les femmes avec ouverture d'esprit et respect. Le pape Jean-Paul II fait remarquer que le Christ ne condamne pas la femme samaritaine qui avait eu cinq maris, pas plus qu'il ne condamne la femme adultère. Quand une pécheresse publique vient oindre ses pieds avec un parfum de grand prix dans la maison d'un pharisien scandalisé car l'opinion publique la condamnait, Jésus expliqua : « Ses péchés, ses nombreux péchés lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. » En disant cela, le Christ honore la dignité de la femme telle qu'elle est depuis toujours dans le plan de Dieu. Le pape se demande si ce message est bien entendu et mis en œuvre.


Il se désole que dans de nombreuses parties du monde les femmes ne sont pas complètement intégrées dans les sphères sociale, politique et économique de la société, et il plaide pour une égalité réelle dans tous ces domaines. Ainsi il demande à travail égal un salaire égal, la protection des mères qui travaillent, l'égalité des chances dans la promotion de carrière, et la reconnaissance de tous ses droits et de ses devoirs de citoyen dans une démocratie.


Jean-Paul II pense que le mouvement féministe a eu un développement difficile et délicat, avec sa part d'erreurs, en particulier une tendance à la « masculinisation » des femmes. « Mais dans l'ensemble ce fut un moment positif, encore inachevé en raison des obstacles qui, en de nombreuses parties du monde, empêchent encore les femmes d'être reconnues, respectées et appréciées pour leur dignité spécifique. » II faut aller de l'avant non seulement en condamnant les discriminations, mais surtout en faisant une campagne efficace et intelligente pour la promotion des femmes.


Alors que dans l'Église catholique le débat sur le rôle des femmes se focalise sur l'ordination au sacerdoce, le pape déclare que, même s'il le voulait, il ne pourrait changer l'enseignement de l'Église, qui réserve l'ordination aux hommes. Si le prêtre agit in persona Christi (« dans la personne du Christ »), et le Christ étant un homme, le sacerdoce, du moins dans l'Église catholique, doit donc continuer à être réservé aux hommes. Être prêtre n'est pas un « droit », que ce soit pour un homme ou pour une femme. Et, si le Christ n'a choisi que des hommes pour le sacerdoce, ce n'était ni accidentel ni dû à des conditions culturelles, argumente Jean-Paul II, et cela n'affaiblit pas le rôle des femmes ou de toute autre personne qui n'est pas prêtre.

La diversité des rôles n'est pas préjudiciable aux femmes, déclare le pape, pour autant qu'il ne s'agit pas d'une position arbitraire, mais plutôt de l'expression de la spécificité de chacun, homme et femme. L'égalité n'exclut pas la complémentarité, et il voit la féminité comme une expression humaine équivalente à la masculinité, mais différente et complémentaire.


Le pape Jean-Paul II reconnaît la place historique et la contribution des femmes dans l'Église. Cette contribution est d'autant plus remarquable que l'éducation et la promotion des femmes étaient limitées par des siècles de préjugés. Il cite souvent deux grandes saintes, Catherine de Sienne et Thérèse d'Avila, qui ont reçu toutes les deux le titre de docteur de l'Église, qui n'a été attribué qu'à deux douzaines d'écrivains ayant contribué au développement de l'enseignement de l'Église. Jean-Paul II lui-même a proclamé Thérèse de Lisieux docteur de l'Église en 1997.


Le pape a dénoncé « la longue et dégradante histoire » de la violence sexuelle contre les femmes, les idées sexistes d'une culture,qui encourage l'exploitation des femmes et même des jeunes filles. En dépit de progrès certains, « combien de femmes, regrette-t-il, ont été et sont encore jugées sur leur aspect physique plus que sur leur compétence, leur valeur professionnelle, leur activité intellectuelle, la richesse de leur sensibilité » !


Bien des obstacles dans beaucoup de pays du monde réduisent les femmes à la marginalisation et à l'esclavage. En même temps, certaines sociétés pénalisent au lieu de récompenser la maternité, établissant une discrimination à l'encontre de celles qui ont choisi d'être femmes et mères. Les femmes sont meilleures que les hommes pour évaluer les individus, écrit le pape, qui pense que c'est en relation avec leur potentiel maternel, surtout pendant leur grossesse : « Ce genre unique de contact avec le nouvel être humain en gestation crée, à son tour, une attitude envers l'homme, non seulement envers son propre enfant mais envers l'homme en général, de nature à caractériser profondément toute la personnalité de la femme. »