Caritas in Veritate, l'encyclique sociale du pape Benoît XVI
Le 07 juillet 2009 : Le Vatican publie ce midi le texte officiel de l'encyclique du pape Benoît XVI, "Caritas in Veritate", "Charité dans la Vérité", l'encyclique sociale.
LETTRE ENCYCLIQUE
CARITAS IN VERITATE
DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES
AUX PRÊTRES ET AUX DIACRES
AUX PERSONNES CONSACRÉES
AUX FIDÈLES LAÏCS
ET À TOUS LES HOMMES
DE BONNE VOLONTÉ
SUR LE DÉVELOPPEMENT
HUMAIN INTÉGRAL
DANS LA CHARITÉ ET DANS LA VÉRITÉ
INTRODUCTION
1. L’amour dans la vérité (Caritas in veritate), dont Jésus s’est fait le
témoin dans sa vie terrestre et surtout par sa mort et sa résurrection, est la
force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de
l’humanité tout entière. L’amour – « caritas » – est une force
extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité
dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine
en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue. Chacun trouve son bien en adhérant,
pour le réaliser pleinement, au projet que Dieu a sur lui: en effet, il trouve
dans ce projet sa propre vérité et c’est en adhérant à cette vérité qu’il
devient libre (cf. Jn 8, 22). Défendre la vérité, la proposer avec humilité et
conviction et en témoigner dans la vie sont par conséquent des formes exigeantes
et irremplaçables de la charité. En effet, celle-ci « trouve sa joie dans ce qui
est vrai » (1 Co 13, 6). Toute personne expérimente en elle un élan pour aimer
de manière authentique: l’amour et la vérité ne l’abandonnent jamais totalement,
parce qu’il s’agit là de la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans
l’esprit de chaque homme. Jésus Christ purifie et libère de nos pauvretés
humaines la recherche de l’amour et de la vérité et il nous révèle en plénitude
l’initiative d’amour ainsi que le projet de la vie vraie que Dieu a préparée
pour nous. Dans le Christ, l’amour dans la vérité devient le Visage de sa
Personne. C’est notre vocation d’aimer nos frères dans la vérité de son dessein.
Lui-même, en effet, est la Vérité (cf. Jn 14, 6).
2. La charité est la voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Église. Toute
responsabilité et tout engagement définis par cette doctrine sont imprégnés de
l’amour qui, selon l’enseignement du Christ, est la synthèse de toute la Loi
(cf. Mt 22, 36-40). L’amour donne une substance authentique à la relation
personnelle avec Dieu et avec le prochain. Il est le principe non seulement des
micro-relations: rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également
des macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques. Pour l’Église –
instruite par l’Évangile –, l’amour est tout parce que, comme l’enseigne saint
Jean (cf. 1 Jn 4, 8.16) et comme je l’ai rappelé dans ma première Lettre
encyclique, « Dieu est amour » (Deus
Caritas Est): tout provient de l’amour de Dieu, par lui tout prend forme
et tout tend vers lui. L’amour est le don le plus grand que Dieu ait fait
aux hommes, il est sa promesse et notre espérance.
Je suis conscient des dévoiements et des pertes de sens qui ont marqué et qui
marquent encore la charité, avec le risque conséquent de la comprendre de
manière erronée, de l’exclure de la vie morale et, dans tous les cas, d’en
empêcher la juste mise en valeur. Dans les domaines social, juridique, culturel,
politique, économique, c’est-à-dire dans les contextes les plus exposés à ce
danger, il n’est pas rare qu’elle soit déclarée incapable d’interpréter et
d’orienter les responsabilités morales. De là, découle la nécessité de conjuguer
l’amour avec la vérité non seulement selon la direction indiquée par saint Paul:
celle de la « veritas in caritate » (Ep 4, 15), mais aussi, dans celle inverse
et complémentaire, de la « caritas in veritate ». La vérité doit être cherchée,
découverte et exprimée dans l’ « économie » de l’amour, mais l’amour à son tour
doit être compris, vérifié et pratiqué à la lumière de la vérité. Nous aurons
ainsi non seulement rendu service à l’amour, illuminé par la vérité, mais nous
aurons aussi contribué à rendre crédible la vérité en en montrant le pouvoir
d’authentification et de persuasion dans le concret de la vie sociale. Ce qui,
aujourd’hui, n’est pas rien compte tenu du contexte social et culturel présent
qui relativise la vérité, s’en désintéresse souvent ou s’y montre réticent.
3. Par son lien étroit avec la vérité, l’amour peut être reconnu comme une
expression authentique d’humanité et comme un élément d’importance fondamentale
dans les relations humaines, même de nature publique. Ce n’est que dans la
vérité que l’amour resplendit et qu’il peut être vécu avec authenticité. La
vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l’amour. Cette lumière est, en
même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l’intelligence
parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l’amour: l’intelligence en
reçoit le sens de don, d’accueil et de communion. Dépourvu de vérité, l’amour
bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible
d’être arbitrairement remplie. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour
dans une culture sans vérité. Il est la proie des émotions et de l’opinion
contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à
signifier son contraire. La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité
qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d’un fidéisme qui le prive
d’un souffle humain et universel. Dans la vérité, l’amour reflète en même temps
la dimension personnelle et publique de la foi au Dieu biblique qui est à la
fois « Agapè » et « Lógos »: Charité et Vérité, Amour et Parole.
4. Parce que l’amour est riche de vérité, l’homme peut le comprendre dans la
richesse, partagée et communiquée, de ses valeurs. La vérité est, en effet,
lógos qui crée un diá-logos et donc une communication et une communion. En
aidant les hommes à aller au-delà de leurs opinions et de leurs sensations
subjectives, la vérité leur permet de dépasser les déterminismes culturels et
historiques et de se rencontrer dans la reconnaissance de la substance et de la
valeur des choses. La vérité ouvre et unit les intelligences dans le lógos de
l’amour: l’annonce et le témoignage chrétien de l’amour résident en cela. Dans
le contexte socioculturel actuel, où la tendance à relativiser le vrai est
courante, vivre la charité dans la vérité conduit à comprendre que l’adhésion
aux valeurs du Christianisme est un élément non seulement utile, mais
indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable
développement humain intégral. Un Christianisme de charité sans vérité peut
facilement être confondu avec un réservoir de bons sentiments, utiles pour la
coexistence sociale, mais n’ayant qu’une incidence marginale. Compris ainsi,
Dieu n’aurait plus une place propre et authentique dans le monde. Sans la
vérité, la charité est reléguée dans un espace restreint et relationnellement
appauvri. Dans le dialogue entre les connaissances et leur mise en œuvre, elle
est exclue des projets et des processus de construction d’un développement
humain d’envergure universelle.
5. La charité est amour reçu et donné. Elle est « grâce » (cháris). Sa
source est l’amour jaillissant du Père pour le Fils, dans l’Esprit Saint. C’est
un amour qui, du Fils, descend sur nous. C’est un amour créateur, qui nous a
donné l’existence; c’est un amour rédempteur, qui nous a recréés. Un amour
révélé et réalisé par le Christ (cf. Jn 13, 1) et « répandu dans nos cœurs par
l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Objets de l’amour de Dieu, les
hommes sont constitués sujets de la charité, appelés à devenir eux-mêmes les
instruments de la grâce, pour répandre la charité de Dieu et pour tisser des
liens de charité.
La doctrine sociale de l’Église répond à cette dynamique de charité reçue et
donnée. Elle est « caritas in veritate in re sociali »: annonce de la vérité de
l’amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la charité,
mais dans la vérité. La vérité préserve et exprime la force de libération de la
charité dans les événements toujours nouveaux de l’histoire. Elle est, en même
temps, une vérité de la foi et de la raison, dans la distinction comme dans la
synergie de ces deux modes de connaissance. Le développement, le bien-être
social, ainsi qu’une solution adaptée aux graves problèmes socio-économiques qui
affligent l’humanité, ont besoin de cette vérité. Plus encore, il est nécessaire
que cette vérité soit aimée et qu’il lui soit rendu témoignage. Sans vérité,
sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de conscience ni de
responsabilité sociale, et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et
de logiques de pouvoir, qui ont pour effets d’entrainer la désagrégation de la
société, et cela d’autant plus dans une société en voie de mondialisation et
dans les moments difficiles comme ceux que nous connaissons actuellement.
6. « Caritas in veritate » est un principe sur lequel se fonde la doctrine
sociale de l’Église, un principe qui prend une forme opératoire par des critères
d’orientation de l’action morale. Je désire en rappeler deux de manière
particulière; ils sont dictés principalement par l’engagement en faveur du
développement dans une société en voie de mondialisation: la justice et le bien
commun.
La justice tout d’abord. Ubi societas, ibi ius : toute société élabore un
système propre de justice. La charité dépasse la justice, parce qu’aimer c’est
donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui
amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en
raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien,
sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime
les autres avec charité est d’abord juste envers eux. Non seulement la justice
n’est pas étrangère à la charité, non seulement elle n’est pas une voie
alternative ou parallèle à la charité: la justice est « inséparable de la
charité » [1], elle lui est intrinsèque. La justice est la première voie de la
charité ou, comme le disait Paul VI, son « minimum » [2], une partie intégrante
de cet amour en « actes et en vérité » (1 Jn 3, 18) auquel l’apôtre saint Jean
exhorte. D’une part, la charité exige la justice: la reconnaissance et le
respect des droits légitimes des individus et des peuples. Elle s’efforce de
construire la cité de l’homme selon le droit et la justice. D’autre part, la
charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon
[3]. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de
droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de
gratuité, de miséricorde et de communion. La charité manifeste toujours l’amour
de Dieu, y compris dans les relations humaines. Elle donne une valeur théologale
et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde.
7. Il faut ensuite prendre en grande considération le bien commun. Aimer
quelqu’un, c’est vouloir son bien et mettre tout en œuvre pour cela. À côté du
bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société: le bien commun. C’est
le bien du ‘nous-tous’, constitué d’individus, de familles et de groupes
intermédiaires qui forment une communauté sociale [4]. Ce n’est pas un bien
recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la
communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus
efficacement à leur bien. C’est une exigence de la justice et de la charité que
de vouloir le bien commun et de le rechercher. Œuvrer en vue du bien commun
signifie d’une part, prendre soin et, d’autre part, se servir de l’ensemble des
institutions qui structurent juridiquement, civilement, et culturellement la vie
sociale qui prend ainsi la forme de la pólis, de la cité. On aime d’autant plus
efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun
qui répond également à ses besoins réels. Tout chrétien est appelé à vivre cette
charité, selon sa vocation et selon ses possibilités d’influence au service de
la pólis. C’est là la voie institutionnelle – politique peut-on dire aussi – de
la charité, qui n’est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est
directement en rapport avec le prochain, hors des médiations institutionnelles
de la cité. L’engagement pour le bien commun, quand la charité l’anime, a une
valeur supérieure à celle de l’engagement purement séculier et politique. Comme
tout engagement en faveur de la justice, il s’inscrit dans le témoignage de la
charité divine qui, agissant dans le temps, prépare l’éternité. Quand elle est
inspirée et animée par la charité, l’action de l’homme contribue à l’édification
de cette cité de Dieu universelle vers laquelle avance l’histoire de la famille
humaine. Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et
l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la
famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des
Nations [5], au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes,
et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans
frontières de Dieu.
8. En publiant en 1967 l’encyclique Populorum progressio, mon vénérable
prédécesseur Paul VI a éclairé le grand thème du développement des peuples de la
splendeur de la vérité et de la douce lumière de la charité du Christ. Il a
affirmé que l’annonce du Christ est le premier et le principal facteur de
développement [6] et il nous a laissé la consigne d’avancer sur la route du
développement de tout notre cœur et de toute notre intelligence [7],
c’est-à-dire avec l’ardeur de la charité et la sagesse de la vérité. C’est la
vérité originelle de l’amour de Dieu – grâce qui nous est donnée – qui ouvre
notre vie au don et qui rend possible l’espérance en un « développement (…) de
tout l’homme et de tous les hommes » [8], en passant « de conditions moins
humaines à des conditions plus humaines » [9], et cela en triomphant des
difficultés inévitablement rencontrées sur le chemin.
Plus de quarante ans après la publication de cette encyclique, je désire honorer
la mémoire de Paul VI, et rendre hommage à ce grand Pontife, en reprenant ses
enseignements sur le développement humain intégral et en me plaçant sur la voie
qu’ils ont tracée, afin de les actualiser aujourd’hui. Ce processus
d’actualisation commença avec l’encyclique Sollicitudo rei socialis, par
laquelle le Serviteur de Dieu Jean-Paul II voulut commémorer la publication de
Populorum progressio à l’occasion de son vingtième anniversaire. Jusque là une
telle commémoration n’avait été réservée qu’à l’encyclique Rerum novarum. Vingt
ans après, j’exprime ma conviction que Populorum progressio mérite d’être
considérée comme l’encyclique « Rerum novarum de l’époque contemporaine » qui
éclaire le chemin de l’humanité en voie d’unification.
9. L’amour dans la vérité – caritas in veritate – est un grand défi pour
l’Église dans un monde sur la voie d’une mondialisation progressive et
généralisée. Le risque de notre époque réside dans le fait qu’à
l’interdépendance déjà réelle entre les hommes et les peuples, ne corresponde
pas l’interaction éthique des consciences et des intelligences dont le fruit
devrait être l’émergence d’un développement vraiment humain. Seule la charité,
éclairée par la lumière de la raison et de la foi, permettra d’atteindre des
objectifs de développement porteurs d’une valeur plus humaine et plus
humanisante. Le partage des biens et des ressources, d’où provient le vrai
développement, n’est pas assuré par le seul progrès technique et par de simples
relations de convenance, mais par la puissance de l’amour qui vainc le mal par
le bien (cf. Rm 12, 21) et qui ouvre à la réciprocité des consciences et des
libertés.
L’Église n’a pas de solutions techniques à offrir [10] et ne prétend «
aucunement s’immiscer dans la politique des États » [11]. Elle a toutefois une
mission de vérité à remplir, en tout temps et en toutes circonstances, en faveur
d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation. Sans
vérité, on aboutit à une vision empirique et sceptique de la vie, incapable de
s’élever au-dessus de l’agir, car inattentive à saisir les valeurs – et parfois
pas même le sens des choses – qui permettraient de la juger et de l’orienter. La
fidélité à l’homme exige la fidélité à la vérité qui, seule, est la garantie de
la liberté (cf. Jn 8, 32) et de la possibilité d’un développement humain
intégral. C’est pour cela que l’Église la recherche, qu’elle l’annonce sans
relâche et qu’elle la reconnaît partout où elle se manifeste. Cette mission de
vérité est pour l’Église une mission impérative. Sa doctrine sociale est un
aspect particulier de cette annonce: c’est un service rendu à la vérité qui
libère. Ouverte à la vérité, quel que soit le savoir d’où elle provient, la
doctrine sociale de l’Église est prête à l’accueillir. Elle rassemble dans
l’unité les fragments où elle se trouve souvent disséminée et elle l’introduit
dans le vécu toujours nouveau de la société des hommes et des peuples [12].
CHAPITRE I
LE MESSAGE DE
POPULORUM PROGRESSIO
10. Plus de quarante ans après
la publication de Populorum progressio, sa relecture nous invite à rester
fidèles à son message de charité et de vérité, en le replaçant dans le cadre du
magistère propre de Paul VI et, plus généralement, à l’intérieur de la tradition
de la doctrine sociale de l’Église. Par ailleurs, il faut évaluer les multiples
termes dans lesquels se pose aujourd’hui, à la différence d’alors, le problème
du développement. Le point de vue correct est donc celui de la Tradition de la
foi des Apôtres [13], patrimoine ancien et nouveau hors duquel Populorum
progressio serait un document privé de racines et les questions liées au
développement se réduiraient uniquement à des données d’ordre sociologique.
11. Populorum progressio fut publiée immédiatement après la conclusion du
Concile œcuménique Vatican II. Dès ses premiers paragraphes, l’encyclique
affirme son rapport intime avec le Concile [14]. Vingt ans plus tard, dans
Sollicitudo rei socialis, Jean-Paul II soulignait à son tour le rapport
fécond de cette encyclique avec le Concile et, en particulier, avec la
Constitution pastorale
Gaudium et Spes [15]. Je désire moi aussi rappeler ici l’importance du
Concile Vatican II pour l’encyclique de Paul VI et, à sa suite, pour tout le
magistère social des Souverains Pontifes. Le Concile a approfondi tout ce qui
appartient depuis toujours à la vérité de la foi, c’est-à-dire que l’Église, qui
est au service de Dieu, est au service du monde selon les critères de l’amour et
de la vérité. C’est précisément de cette vision que partait Paul VI pour nous
faire part de deux grandes vérités. La première est que toute l’Église, dans
tout son être et tout son agir, tend à promouvoir le développement intégral de
l’homme quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité. Elle a un rôle
public qui ne se borne pas à ses activités d’assistance ou d’éducation, mais
elle déploie toutes ses énergies au service de la promotion de l’homme et de la
fraternité universelle quand elle peut jouir d’un régime de liberté. Dans bien
des cas, cette liberté est entravée par des interdictions et des persécutions,
ou même limitée quand la présence publique de l’Église est réduite à ses seules
activités caritatives. La seconde vérité est que le développement authentique de
l’homme concerne unitairement la totalité de la personne dans chacune de ses
dimensions [16]. Sans la perspective d’une vie éternelle, le progrès humain
demeure en ce monde privé de souffle. Enfermé à l’intérieur de l’histoire, il
risque de se réduire à la seule croissance de l’avoir. L’humanité perd ainsi le
courage d’être disponible pour les biens plus élevés, pour les grandes
initiatives désintéressées qu’exige la charité universelle. L’homme ne se
développe pas seulement par ses propres forces, et le développement ne peut pas
lui être simplement offert. Tout au long de l’histoire, on a souvent pensé que
la création d’institutions suffisait à garantir à l’humanité la satisfaction du
droit au développement. Malheureusement, on a placé une confiance excessive dans
de telles institutions, comme si elles pouvaient atteindre automatiquement le
but recherché. En réalité, les institutions ne suffisent pas à elles seules, car
le développement intégral de l’homme est d’abord une vocation et suppose donc
que tous prennent leurs responsabilités de manière libre et solidaire. Un tel
développement demande, en outre, une vision transcendante de la personne; il a
besoin de Dieu: sans Lui, le développement est nié ou confié aux seules mains de
l’homme, qui s’expose à la présomption de se sauver par lui-même et finit par
promouvoir un développement déshumanisé. D’autre part, seule la rencontre de
Dieu permet de ne pas “voir dans l’autre que l’autre” [17], mais de reconnaître
en lui l’image de Dieu, parvenant ainsi à découvrir vraiment l’autre et à
développer un amour qui “devienne soin de l’autre pour l’autre” [18].
12. Le lien existant entre
Populorum Progressio et le Concile Vatican II ne représente pas une coupure
entre le magistère social de Paul VI et celui des Papes qui l’avaient précédé,
étant donné que le Concile est un approfondissement de ce magistère dans la
continuité de la vie de l’Église [19]. En ce sens, certaines subdivisions
abstraites de la doctrine sociale de l’Église sont aujourd’hui proposées qui ne
contribuent pas à clarifier les choses, car elles appliquent à l’enseignement
social pontifical des catégories qui lui sont étrangères. Il n’y a pas deux
typologies différentes de doctrine sociale, l’une pré-conciliaire et l’autre
post-conciliaire, mais un unique enseignement, cohérent et en même temps
toujours nouveau [20]. Il est juste de remarquer les caractéristiques propres à
chaque encyclique, à l’enseignement de chaque Pontife, mais sans jamais perdre
de vue la cohérence de l’ensemble du corpus doctrinal [21]. Cohérence ne
signifie pas fermeture, mais plutôt fidélité dynamique à une lumière reçue. La
doctrine sociale de l’Église éclaire d’une lumière qui ne change pas les
problèmes toujours nouveaux qui surgissent [22]. Cela préserve le caractère à la
fois permanent et historique de ce « patrimoine » doctrinal [23] qui, avec ses
caractéristiques spécifiques, appartient à la Tradition toujours vivante de
l’Église [24]. La doctrine sociale est construite sur le fondement transmis par
les Apôtres aux Pères de l’Église, reçu et approfondi ensuite par les grands
Docteurs chrétiens. Cette doctrine renvoie en définitive à l’Homme nouveau, au «
dernier Adam qui est devenu l’être spirituel qui donne vie » (1 Co 15, 45),
principe de la charité qui « ne passera jamais » (1 Co 13, 8). Elle reçoit le
témoignage des saints et de tous ceux qui ont donné leurs vies pour le Christ
Sauveur dans le domaine de la justice et de la paix. En elle, s’exprime la
mission prophétique des Souverains Pontifes: guider d’une manière apostolique
l’Église du Christ et discerner les nouvelles exigences de l’évangélisation.
C’est pour ces raisons que Populorum progressio, inscrite dans le grand courant
de la Tradition, est encore en mesure de nous parler aujourd’hui.
13. Outre son rapport avec l’ensemble de la doctrine sociale de l’Église,
Populorum progressio est étroitement liée à tout le magistère de Paul VI et, en
particulier, à son magistère social. Cet enseignement social fut d’une grande
portée: il réaffirma l’importance déterminante de l’Évangile pour l’édification
d’une société de liberté et de justice, dans la perspective idéale et historique
d’une civilisation animée par l’amour. Paul VI comprit clairement que la
question sociale était devenue mondiale [25] et il saisit l’interaction existant
entre l’élan vers l’unification de l’humanité et l’idéal chrétien d’une unique
famille des peuples, solidaire dans une commune fraternité. Il désigna le
développement, compris au sens humain et chrétien, comme le cœur du message
social chrétien et proposa la charité chrétienne comme force principale au
service du développement. Poussé par le désir de rendre l’amour du Christ
pleinement visible à ses contemporains, Paul VI affronta avec décision
d’importantes questions morales, sans céder aux faiblesses culturelles de son
temps.
14. Dans la lettre apostolique Octogesima adveniens de 1971, Paul VI aborda par
la suite la question du sens de la politique et du péril représenté par des
visions utopiques et idéologiques qui compromettaient sa qualité éthique et
humaine. Il s’agit de sujets étroitement liés au développement. Malheureusement,
les idéologies néfastes ne cessent de fleurir. Conscient du grand danger de
confier à la seule technique tout le processus du développement, qui ainsi
demeurerait sans ligne directrice, Paul VI avait déjà mis en garde contre
l’idéologie technocratique, particulièrement forte aujourd’hui [26]. Considérée
en elle-même, la technique est ambivalente. Si, d’un côté, certains tendent
aujourd’hui à lui confier la totalité du processus de développement, de l’autre
on assiste à la naissance d’idéologies qui nient in toto l’utilité même du
développement, qu’elles considèrent comme foncièrement antihumain et
exclusivement facteur de dégradation. Ainsi, finit-on par condamner non
seulement l’orientation parfois fausse et injuste que les hommes donnent au
progrès, mais aussi les découvertes scientifiques elles-mêmes qui, utilisées à
bon escient, constituent au contraire une occasion de croissance pour tous.
L’idée d’un monde sans développement traduit une défiance à l’égard de l’homme
et de Dieu. C’est donc une grave erreur que de mépriser les capacités humaines
de contrôler les déséquilibres du développement ou même d’ignorer que l’homme
est constitutivement tendu vers l’« être davantage ». Absolutiser
idéologiquement le progrès technique ou aspirer à l’utopie d’une humanité
revenue à son état premier de nature sont deux manières opposées de séparer le
progrès de son évaluation morale et donc de notre responsabilité.
15. Deux autres documents de Paul VI sont moins directement liés à la doctrine
sociale: l’encyclique Humanæ vitæ du 25 juillet 1968 et l’exhortation
apostolique
Evangelii Nuntiandi du 8 décembre 1975. Ils sont cependant très importants
pour discerner le sens pleinement humain du développement proposé par l’Église.
Il est donc opportun de les lire en les mettant eux aussi en relation avec
Populorum progressio.
L’encyclique
Humanae Vitae souligne la signification tout à la fois unitive et
procréative de la sexualité, posant ainsi comme fondement de la société le
couple des époux, homme et femme, qui se reçoivent l’un l’autre dans la
distinction et dans la complémentarité; en tant donc que couple ouvert à la vie
[27] .Il ne s’agit pas ici de morale purement individuelle: Humanæ vitæ montre
les liens forts qui existent entre éthique de la vie et éthique sociale, en
inaugurant une thématique magistérielle qui a pris corps dans différents
documents, et finalement dans l’encyclique
Evangelium Vitae de Jean-Paul II. [28]. L’Église propose avec force ce lien
entre éthique de la vie et éthique sociale, consciente qu’une société ne peut «
avoir des bases solides si, tout en affirmant des valeurs comme la dignité de la
personne, la justice et la paix, elle se contredit radicalement en acceptant et
en tolérant les formes les plus diverses de mépris et de violation de la vie
humaine, surtout si elle est faible et marginalisée » [29].
L’exhortation apostolique
Evangelii Nuntiandi, pour sa part, est très étroitement lié au
développement, dans la mesure où « l’évangélisation – comme l’écrivait Paul VI –
ne serait pas complète si elle ne tenait pas compte des rapports concrets et
permanents qui existent entre l’Évangile et la vie personnelle et sociale de
l’homme [30]. « Entre l’évangélisation et la promotion humaine – développement,
libération – il y a en effet des liens profonds » [31] : conscient de cela, Paul
VI établissait un rapport clair entre l’annonce du Christ et la promotion de la
personne dans la société. Le témoignage de la charité du Christ à travers des
œuvres de justice, de paix et de développement fait partie de l’évangélisation
car, pour Jésus Christ, qui nous aime, l’homme tout entier est important. C’est
sur ces enseignements importants que se fonde l’aspect missionnaire [32] de la
doctrine sociale de l’Église en tant que composante essentielle de
l’évangélisation [33]. La doctrine sociale de l’Église est annonce et témoignage
de foi. C’est un instrument et un lieu indispensable de l’éducation de la foi.
16. Dans Populorum progressio, Paul VI a voulu nous dire, avant tout, que le
progrès, dans son apparition et son essence, est une vocation: « Dans le dessein
de Dieu, chaque homme est appelé à se développer car toute vie est vocation »
[34]. C’est précisément ce qui autorise l’Église à intervenir dans les
problématiques du développement. Si ce dernier ne concernait que des aspects
techniques de la vie de l’homme, et non le sens de sa marche dans l’Histoire
avec ses autres frères ou la définition du but d’un tel cheminement, l’Église
n’aurait aucun titre pour en parler. Comme Léon XIII dans
Rerum Novarum [35], Paul VI était conscient de s’acquitter d’un devoir
propre à sa charge, en projetant la lumière de l’Évangile sur les questions
sociales de son temps [36].
Définir le développement comme une vocation, c’est reconnaître, d’un côté, qu’il
naît d’un appel transcendant et, de l’autre, qu’il est incapable de se donner
par lui-même son sens propre ultime. Ce n’est pas sans raison que le mot
“vocation” revient dans un autre passage de l’encyclique, où il est affirmé: «
Il n’y a donc d’humanisme vrai qu’ouvert à l’Absolu, dans la reconnaissance
d’une vocation, qui donne l’idée vraie de la vie humaine » [37]. Cette vision du
développement est le cœur de Populorum progressio et anime toutes les réflexions
de Paul VI sur la liberté, la vérité et la charité dans le développement. C’est
la raison principale pour laquelle cette encyclique demeure encore actuelle de
nos jours.
17. La vocation est un appel qui réclame une réponse libre et responsable. Le
développement humain intégral suppose la liberté responsable de la personne et
des peuples: aucune structure ne peut garantir ce développement en dehors et
au-dessus de la responsabilité humaine. Les « messianismes prometteurs, mais
bâtisseurs d’illusions » [38] fondent toujours leurs propositions sur la
négation de la dimension transcendante du développement, étant certains de
l’avoir tout entier à leur disposition. Cette fausse sécurité se change en
faiblesse, parce qu’elle entraîne l’asservissement de l’homme, réduit à n’être
qu’un moyen en vue du développement, tandis que l’humilité de celui qui
accueille une vocation se transforme en autonomie véritable, parce qu’elle
libère la personne. Paul VI ne doute pas que des obstacles et des
conditionnements freinent le développement, mais il reste certain que « chacun
demeure, quelles que soient les influences qui s’exercent sur lui, l’artisan
principal de sa réussite ou de son échec » [39]. Cette liberté concerne le
développement qui a lieu sous nos yeux, mais aussi, en même temps, les
situations de sous-développement qui ne sont pas le fruit du hasard ou d’une
nécessité historique, mais qui dépendent de la responsabilité humaine. C’est
pourquoi « les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique
les peuples de l’opulence » [40]. Il s’agit là encore d’une vocation, en tant
qu’appel adressé par des hommes libres à des hommes libres pour qu’ils prennent
ensemble leurs responsabilités. Paul VI eut une compréhension pénétrante de
l’importance des structures économiques et des institutions, mais il perçut tout
aussi clairement qu’elles étaient des instruments au service de la liberté
humaine. Le développement ne peut être intégralement humain que s’il est libre;
seul un régime de liberté responsable lui permet de se développer de façon
juste.
18. Outre la liberté, le développement intégral de l’homme comme vocation exige
aussi qu’on en respecte la vérité. La vocation au progrès pousse les hommes à «
faire, connaître et avoir plus, pour être plus » [41]. Mais là est le problème:
que signifie « être davantage »? À cette question, Paul VI répond en indiquant
la caractéristique essentielle du développement authentique: il « doit être
intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » [42]. Parmi les
différentes visions concurrentes de l’homme proposées dans la société
d’aujourd’hui plus encore qu’au temps de Paul VI, la vision chrétienne a la
particularité d’affirmer et de justifier la valeur inconditionnelle de la
personne humaine et le sens de sa croissance. La vocation chrétienne au
développement aide à poursuivre la promotion de tous les hommes et de tout
l’homme. Paul VI écrivait: « Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, chaque
homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière » [43]. La
foi chrétienne se préoccupe du développement sans s’appuyer sur des privilèges
ou sur des positions de pouvoir, ni même sur les mérites des chrétiens qui ont
certes existé et existent encore aujourd’hui en même temps que leurs limites
naturelles [44], mais uniquement sur le Christ, à qui doit être rapportée toute
vocation authentique au développement humain intégral. L’Évangile est un élément
fondamental du développement, parce qu’en lui le Christ, « dans la révélation
même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même
» [45]. Eduquée par son Seigneur, l’Église scrute les signes des temps et les
interprète et elle offre au monde « ce qu’elle possède en propre: une vision
globale de l’homme et de l’humanité » [46]. Précisément parce que Dieu prononce
le plus grand « oui » à l’homme [47], l’homme ne peut faire moins que de
s’ouvrir à l’appel divin pour réaliser son propre développement. La vérité du
développement réside dans son intégralité: s’il n’est pas de tout l’homme et de
tout homme, le développement n’est pas un vrai développement. Tel est le centre
du message de Populorum progressio, valable aujourd’hui et toujours. Le
développement humain intégral sur le plan naturel, réponse à un appel du Dieu
créateur [48], demande de trouver sa vérité dans un « humanisme transcendant,
qui (…) donne [à l’homme] sa plus grande plénitude: telle est la finalité
suprême du développement personnel » [49]. La vocation chrétienne à ce
développement concerne donc le plan naturel comme le plan surnaturel; c’est
pourquoi « quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre
naturel, le but et le “bien” commence à s’évanouir » [50].
19. Enfin, la vision du développement en tant que vocation implique que la
charité y occupe une place centrale. Dans l’encyclique Populorum progressio,
Paul VI observait que les causes du sous-développement ne sont pas d’abord
d’ordre matériel. Il nous invitait à les rechercher dans d’autres dimensions de
l’homme: tout d’abord dans la volonté, qui se désintéresse souvent des devoirs
de la solidarité; en second lieu, dans la pensée qui ne parvient pas toujours à
orienter convenablement le vouloir. C’est pourquoi, dans la quête du
développement, il faut « des sages de réflexion profonde, à la recherche d’un
humanisme nouveau, qui permette à l’homme moderne de se retrouver lui-même »
[51]. Mais ce n’est pas tout. Le sous-développement a une cause encore plus
profonde que le déficit de réflexion: c’est « le manque de fraternité entre les
hommes et entre les peuples » [52]. Cette fraternité, les hommes pourront-ils
jamais la réaliser par eux seuls? La société toujours plus globalisée nous
rapproche, mais elle ne nous rend pas frères. La raison, à elle seule, est
capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de
vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité. Celle-ci naît
d’une vocation transcendante de Dieu Père, qui nous a aimés en premier, nous
enseignant par l’intermédiaire du Fils ce qu’est la charité fraternelle. Dans sa
présentation des différents niveaux du processus de développement de l’homme,
Paul VI, après avoir mentionné la foi, mettait au sommet « l’unité dans la
charité du Christ qui nous appelle tous à participer en fils à la vie du Dieu
vivant, Père de tous les hommes » [53].
20. Ces perspectives, ouvertes par Populorum progressio, demeurent fondamentales
pour donner une envergure et une orientation à notre engagement au service du
développement des peuples. Populorum progressio souligne ensuite à plusieurs
reprises l’urgence des réformes [54] et demande que, face aux grands problèmes
de l’injustice dans le développement des peuples, on agisse avec courage et sans
retard. Cette urgence est dictée aussi par l’amour dans la vérité. C’est la
charité du Christ qui nous pousse: « Caritas Christi urget nos » (2 Co 5, 14).
L’urgence n’est pas seulement inscrite dans les choses; elle ne découle pas
uniquement de la pression des événements et des problèmes, mais aussi de ce qui
est proprement en jeu: la réalisation d’une authentique fraternité. L’importance
de cet objectif est telle qu’elle exige que nous la comprenions pleinement et
que nous nous mobilisions concrètement avec le “cœur”, pour faire évoluer les
processus économiques et sociaux actuels vers des formes pleinement humaines.
►
Caritas in Veritate, IIème chapitre : Le développement humain aujourd'hui
►
Caritas in Veritate, IIIème chapitre : Fraternité, développement économique
et société civile
►
Caritas in Veritate, IVème chapitre : Développement des peuples, droits et
devoirs, environnement
►
Caritas in Veritate, Vème chapitre : La collaboration de la famille humaine
►
Caritas in Veritate, VIème chapitre et conclusion : Le développement des
peuples et la technique
Notes :
1] Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 22: AAS 59
(1967), 268; La Documentation catholique (par la suite: DC ) 64 (1967) col. 682;
cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. sur l’Église dans le monde de ce temps
Gaudium et Spes, n. 69, §1.
[2] Paul VI, Allocution de la messe pour la Journée du développement, Bogota, 23
août 1968: AAS 60 (1968) pp. 626-627; DC 65 (1968) col. 1547.
[3] Cf. Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de prière pour la Paix
2002: AAS 94 (2002), 132-140; DC 99 (2002) pp. 4-8.
[4] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Past. sur l’Église dans le monde de ce temps
Gaudium et Spes, n. 26.
[5] Cf. Jean XXIII, Lett. enc. Pacem in terris (11 avril 1963), nn. 68-70: AAS
55 (1963), 268-270; DC 60 (1963) col. 525-526.
[6] Cf. n. 16: loc. cit., 265; DC 64 (1967) col. 680.
[7] Cf. ibid., n. 82: loc. cit., 297; DC 64 (1967) col. 701.
[8] Ibid., n. 42: loc. cit., 278; DC 64 (1967) col. 689.
[9] Ibid., n. 20: loc. cit., 267; DC 64 (1967) col. 681.
[10]
Cf. Conc. œcum. Vat. II; Const. Past sur l’Église dans le monde de ce temps
Gaudium et Spes, n.36; Paul VI, Lett. apost. Octogesima adveniens (14 mai 1971),
n. 4: AAS 63 (1971), 403-404; DC 68 (1971) pp. 502-503; Jean-Paul II, Lett. enc.
Centesimus annus (1er mai 1991), n. 43: AAS 83 (1991), 847; DC 88 (1991) p. 540.
[11] Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 13: loc. cit.,
263-264; DC 64 (1967) col. 679.
[12] Cf. Conseil pontifical pour la Justice et la Paix, Compendium de la
Doctrine Sociale de l’Église, n. 76.
[13] Cf. Benoît XVI, Discours d’inauguration de la Ve Conférence générale de
l’Épiscopat d’Amérique latine et des Caraibes, Aparecida 13 mai 2007; DC 104
(2007) pp. 532-541.
[14] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), nn. 3.4.5:
loc. cit., 258-260; DC 64 (1967) col. 675-676.
[15] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987),
nn. 6.7: AAS 80 (1988), 517-519; DC 85 (1988) p. 235.
[16] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 14: loc.
cit., 264; DC 64 (1967) col. 679.
[17] Benoît XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n 18: AAS 98
(2006), 232; DC 103 (2006) p. 175.
[18] Ibid., n. 6: loc. cit., 222; DC, ibid. p. 169.
[19] Cf. Benoît XVI, Discours à la Curie Romaine pour la présentation des vœux
de Noël; L’Osservatore Romano en langue française (par la suite: Oss. Rom. fr.)
n. 52 (2005) pp. 3-5.
[20] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987),
n. 3: loc. cit., 515; DC 85 (1988) p. 234.
[21] Cf. ibid. n. 1: loc. cit. , 513-514; DC 85 (1988) p. 234.
[22] Cf. ibid. n. 3: loc. cit., 515; DC 85 (1988) p. 234.
[23]
Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens (14 septembre 1981), n. 3: AAS 73
(1981), 583-584; DC 78 (1981) p. 837.
[24] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), n. 3: loc.
cit., 794-796; DC 88 (1991) pp. 518-519.
[25] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 3: loc.
cit., 258; DC 64 (1967) col. 675.
[26] Cf. ibid., n. 34: loc. cit., 274 ; DC 64 (1967) col. 686.
[27] Cf. nn. 8-9: AAS 60 (1968), 485-487; DC 65 (1968) col. 1445-1446; Benoît
XVI, Audience au Congrès International organisé à l’occasion du 40e anniversaire
d’Humanæ vitæ, 10 mai 2008; Oss. Rom. fr. n. 20 (2008) p. 5.
[28] Cf. Lett. enc. Evangelium vitæ (25 mars 1995), n. 93: AAS 87 (1995),
507-508; DC 92 (1995) pp. 397-398.
[29] Cf. ibid., n. 101: loc. cit., 516-518; DC 92 (1995) p. 401-402.
[30] n. 29: AAS 68 (1976), 25; DC 73 (1976) p. 6.
[31] Ibid., n. 31: loc. cit., 26; DC 73 (1976) p. 6.
[32]
Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 41:
loc. cit., 570-572; DC 85 (1988) p. 251.
[33] Cf. ibid.; Idem, Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), nn. 5.54: loc.
cit., 799.859-860; DC 88 (1991) pp. 520-521, 545-546.
[34] N. 15: loc. cit., 265; DC 64 (1967) col. 679.
[35] Cf. ibid., n. 2; DC 64 (1967) col. 675; Léon XIII, Lett. enc.
Rerum novarum
(15 mai 1891), n. 1: Leonis XIII P.M. Acta, XI, Romæ 1892, 97; Jean-Paul II,
Lett. enc. Sollicitudo rei socialis
(30 décembre 1987), n. 8: loc. cit., 519-520; DC 85 (1988) pp. 235-236; Idem.,
Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), n. 5: loc. cit., 799; DC 88 (1991)
pp. 520-521.
[36] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), nn. 2. 13; DC
64 (1967) col. 675. 679.
[37] Ibid., n. 42: loc. cit., 278; DC 64 (1967) col. 689.
[38] Ibid., n. 11; DC 64 (1967) col. 678 ; cf. Jean-Paul II, Lett. enc.
Centesimus annus (1er mai 1991), n. 25: loc. cit., 822-824; DC 88 (1991) pp.
230-231.
[39] Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 15: loc. cit.,
265; DC 64 (1967) col. 679.
[40] Ibid., n. 3: loc. cit., 258; DC 64 (1967) col. 675.
[41] Ibid., n. 6: loc. cit., 260; DC 64 (1967) col. 676.
[42] Ibid., n. 14: loc. cit., 264; DC 64 (1967) col. 679.
[43] Ibid.; cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), nn.
53-62: loc. cit., 859-867; DC 88 (1991) pp. 545-548; Idem, Lett. enc. Redemptor
hominis (4 mars 1979), n. 13-14: AAS 71 (1979), 282-286; DC 76 (1979) pp.
308-309.
[44] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 12: loc.
cit., 262-263; DC 64 (1967) col. 678.
[45] Conc. œcum. Vat. II, Const. past sur l’Église dans le monde de ce temps
Gaudium et Spes, n. 22.
[46] Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 13: loc. cit.,
263-264; DC 64 (1967) col. 679.
[47] Cf. Benoît XVI, Discours aux participants du IVe Congrès ecclésial national
italien, Vérone, 19 octobre 2006, Oss. Rom. fr. n. 43 (2006) p. 3-4.
[48] Cf. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 16: loc.
cit., 265 ; DC 64 (1967) col. 680.
[49] Ibid.
[50] Benoît XVI, Discours aux jeunes, Sydney 17 juillet 2008; DC 105 (2008) p.
778.
[51] Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 20: loc. cit.,
267; DC 64 (1967) col. 681.
[52] Ibid., n. 66: loc. cit., 289-290; DC 64 (1967) col. 696.
[53] Ibid., n. 21: loc. cit., 267-268; DC 64 (1967) col. 681.
[54]
Cf. nn. 3.29.32: loc. cit., 258.272.273; DC 64 (1967) col. 675. 684-685.