La recherche sur l'embryon : actualité française
En cette période de l'année, vous êtes un certain nombre à poser des questions
sur la portée éthique de certains choix scientifiques de l'AFM. Voici un court
rappel des derniers faits.
Septembre 2007 : inauguration de l'Institut des cellules souches embryonnaires
humaines, I-STEM
- Le Téléthon a permis de financer la création du premier centre français de
test à grande échelle des recherches sur l'embryon humain : l'Institut I-STEM
(Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies
monogéniques). Rappelons que la recherche sur les embryons humains signifie
qu'on prélève des cellules de l'embryon (que l'on détruit) pour les utiliser
comme matériau de recherche. Accueilli par le Génopole d'Evry, il est dirigé par
Marc Peschanski qui explique l'origine du projet des recherches d'I-STEM1 : "ce
projet m'est venu à l'esprit en 2002. J'avais alors démontré qu'on pouvait
améliorer l'état des malades de Huntington en leur greffant des neurones de
fœtus issus d'interruptions de grossesse". Pour pallier le manque de cellules
fœtales disponibles, il pense alors aux cellules souches embryonnaires qui
peuvent être mises en culture et différenciées in vitro. Son but : étudier les
cellules souches embryonnaires. Il s'appuie alors notamment sur l'Association
française contre les myopathies (AFM), l'Inserm et l'université d'Evry-Val
d'Essonne. "I-STEM a été lancé en 2005 avec en poche 7 millions d'euros pour
deux ans"1 cela en fait "le plus gros centre français travaillant sur les
cellules embryonnaires souches humaines"1. Marc Peschanski souligne la
participation de l'AFM dans ce projet : "Nous avons bénéficié d'un soutien de l'AFM
de 3,4 millions d'euros sur 2 ans, ce qui a couvert la moitié de nos dépenses"
(1). Selon Les Echos, "le conseil d'administration de l'AFM s'est engagé sur les
prochaines années, sous réserve du succès du Téléthon annuel, à doubler le
montant des financements publics décrochés par le projet" (2). "Dans le cadre de
son développement 2007-2010, I-STEM se développe en prenant possession de 1600m2
de laboratoires rénovés et équipés par l'AFM"(3)
.
- I-STEM a été inauguré en septembre 2007, en présence de Valérie Pécresse,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
- La loi de bioéthique de 2004 autorise les recherches sur les embryons
"surnuméraires, dépourvus de projet parental". Mais, en attendant les décrets
d'application, certains chercheurs financés par le Téléthon s'impatientaient.
Ils ont donc obtenu, dès février 2005, des ministres de la Santé et de la
Recherche, des autorisations spéciales d'importer des cellules embryonnaires
pour pouvoir commencer sans attendre les recherches au sein d'I-STEM (4). Une
autre autorisation a été signée en septembre 2005 (5).
- En juin 2006, les premières autorisations effectives de recherche sur
l'embryon humain sont signées en France. Ainsi la 1ère équipe qui tentera en
France de créer des lignées de cellules à partir d'embryons humains sera
codirigée par M. Peschanski et S. Viville (6).
- Parmi les équipes qui travaillent au sein d'I-STEM, certaines s'intéressent à
des lignées de cellules souches développées à partir d'embryons malades rejetés
à la suite d'un diagnostic préimplantatoire (DPI). Une autre équipe travaille à
la production d'une lignée cellulaire mutée à partir d'une lignée de cellules
souches embryonnaires humaines saines.
- Le 8 octobre 2007, l'Inserm a annoncé avoir créé une première lignée de
cellules souches embryonnaires humaines en France. Elle a été obtenue après
destruction d'un embryon issu d'une fécondation in vitro et porteur d'anomalies
chromosomiques détectées lors d'un diagnostic préimplantatoire (trisomie 1 et
monosomie 21). Les travaux ont été menés par l'équipe de l'université de
Paris-Sud XI, spécialiste de la culture des cellules embryonnaires et par celle
de l'hôpital Antoine Béclère de Clamart qui travaille sur l'embryon (7). 38
couples ont été sollicités pour donner leurs embryons. Trois couples ont refusé,
dont deux pour des raisons religieuses ; ils sont musulmans.
Les chercheurs auraient réussi à faire se différencier certaines de ces cellules
en cellules nerveuses. Ces dernières seront mises à la disposition du Pr Marc
Peschanski du Génopole d'Evry (7).
Annonce du premier colloque international sur les cellules souches embryonnaires
humaines du 31 janvier au 2 février 2008 au Génopole d'Evry
Les objectifs de cette manifestation sont de créer, pour la première fois en
France, une vitrine internationale de la recherche sur les cellules souches
embryonnaires humaines, de réunir et fédérer les chercheurs autour de cette
recherche. En un mot : dynamiser la recherche sur l'embryon. Cet événement a
vocation à devenir "Le" congrès international de la recherche sur l'embryon.
Sont invités à y participer sous forme de partenariat : industriels, organismes
publics, investisseurs, presse, etc. Marc Peschanski y interviendra. Ce colloque
est annoncé sur le site d'I-STEM (8).
Note :
1- Libération, 16/10/007
2- Les Echos, 25 /09/07
3- www.afm-france.org, 24 /10/07
4- Le Monde, 18/02/2005 ; Le Figaro, 19/02/05 ; Actualités de l'Institut de Myologie, 04/03/05 (in Orphanews)
5- Le Quotidien du Médecin, 02 /09/05
6- Gènéthique, octobre 2006 ; Le Monde 22/06/06 ; Le Quotidien du Médecin 23/06/06
7- Le Figaro, 24/10/07
8- Dossier partenariat sur www.istem.fr
Auteur : Fondation Lejeune