La doctrine sociale de l’Eglise catholique
I Origine de la doctrine sociale de l’Eglise catholique
II Les différents textes de la doctrine sociale de l’Eglise catholique
III Qu’est-ce que la Doctrine Sociale de l’Eglise catholique ?
IV Les préoccupations sociales de l'Eglise catholique
V L'engagement social de l'Eglise catholique.
On commence par vous donner troiscitations provenant de deux textes différents de l’Eglise Catholique pour vous aider à savoir quel est le but de la Doctrine Sociale de l’Eglise catholique.
« L'homme est la seule créature sur terre que Dieu aime pour elle-même » (du concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, n°24 § 3).
« Aussi l'ordre social et son
progrès doivent-ils toujours tourner au bien des personnes, puisque l'ordre des
choses doit être subordonné à l'ordre des personnes et non l'inverse ». Le
respect de la dignité humaine ne peut en aucune façon ne pas tenir compte de ce
principe : il faut « que chacun considère son prochain, sans aucune exception,
comme “un autre lui-même”, [qu'il] tienne compte avant tout de son existence et
des moyens qui lui sont nécessaires pour vivre dignement ». Il faut que tous les
programmes sociaux, scientifiques et culturels, soient guidés par la conscience
de la primauté de chaque être humain. (du Compendium de la Doctrine sociale de
l'Eglise catholique N° 132).
Discussion entre le cardinal Barbarin et le ministre Boorlo en décembre 2008 sur l’écologie : pour sauver la planète, il faut d’abord sauver l’homme dit le cardinal. Vivre avec une morale humaine et chrétienne et livre de la Genèse.
I Origine de la doctrine sociale
Nous allons vous donner quelques éléments pour vous aider à réfléchir sur la pensée sociale de l’Eglise catholique.
La pensée moderne de l'Église trouve son origine dans la période de grands changements économiques et sociaux qui a accompagné la Révolution industrielle. Le bouleversement des méthodes de production, la disparition des trois ordres de l'Ancien Régime et l'émergence de nouvelles classes sociales (bourgeoisie, ouvriers) avec l'opposition capital / travail, ont fait prendre conscience d'un fossé grandissant entre les ouvriers et les classes dirigeantes.
Félicité Robert de Lamennais a été un initiateur de la pensée sociale moderne de l'Église. Il eut des contacts avec les réformateurs sociaux dans les années 1820 mais, sans se compromettre avec les idéologies naissantes, perçut l'urgence d'une rénovation.
L'un des premiers à avoir pris conscience des injustices sociales fut aussi Frédéric Ozanam, qui vécut de près la révolte des Canuts à Lyon en 1831. Après une altercation avec un saint-simonien, il abandonna les études d'Histoire et fonda avec quelques amis la Société saint Vincent de Paul encore très active aujourd'hui.
En réaction aux problèmes causés par la révolution industrielle sur le plan social et en réaction à la montée des socialismes, la doctrine sociale apparaît à la fin du XIX ème siècle, quand l’Eglise met en relief le rôle des structures économiques et sociales dans la réalisation de la charité entre les hommes. A partir de cette époque, l’Eglise donnera régulièrement des orientations nouvelles pour vivre la Charité dans de nouveaux contextes économiques et sociaux.
Le terme de « Doctrine sociale » est un terme technique. C’est l’enseignement de l’Eglise ancré dans la Tradition, la Bible, les pères de l’Eglise, saint thomas saint Thomas d’Aquin et les papes depuis Léon XIII. Ce terme a été très employé de Léon XIII à Jean XXIII. Il a été ensuite abandonné au profit de la notion de « discours social » avec Paul VI. Le terme de « Doctrine sociale » est revenu en honneur avec Jean-Paul II et Benoît XVI.
Le mot Doctrine évoque l’idée de dogme, d’une vérité définie qui s’impose. Cependant, les orientations de l’Eglise en matière sociale suivent l’évolution de l’histoire et des problèmes qu’elle pose. Paul VI dit : « Face à des situations aussi variées, il nous est difficile de prononcer une parole unique comme de proposer des solutions qui aient valeur universelle ». Le titre de « doctrine » repose sur la définition de principes fondamentaux stables, qui traversent les différents textes donnés par l’Eglise catholique et qui sont :
Dignité de la personne humaine ; Bien commun ; Destination universelle des biens ; Participation et subsidiarité et enfin Solidarité.
II Les différents textes de la Doctrine Sociale
La pensée sociale de l’Eglise regroupe l’ensemble des textes de l’Eglise catholique qui décrivent la position de l’Eglise en matière sociale. On considère que le texte fondateur en est l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII, publiée en 1891.
* Rerum Novarum (RN), Léon XIII, 1891 : condamne « la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ». Elle dénonce également les excès du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social.
* Graves de communi re du pape Léon XIII le 18 janvier 1901, les graves discussions touchant les questions économiques générales qui, depuis longtemps, en plus d'une nation, troublent la concorde des esprits, se multiplient de jour en jour et prennent un caractère si passionné, qu'elles rendent justement hésitants et inquiets les hommes les plus prudents dans leurs jugements.
* Quadragesimo Anno (QA), du pape Pie XI en 1931 publiè pour les 40 ans de Rerum Novarum. En réponse à la crise économique de 1929, l’encyclique préconise l’établissement d’un ordre social basé sur la subsidiarité.
Radiomessage pour le 50e anniversaire de Rerum novarum, du pape Pie XII en 1941.
* Mater et Magistra (MM), Jean XXIII, 1961, Mère et éducatrice de tous les peuples, l’Eglise universelle a été instituée par Jésus-Christ pour que tous les hommes au long des siècles trouvent en son sein et dans son amour la plénitude d’une vie plus élevée et la garantie de leur salut.
A cette Eglise, « colonne et fondement de vérité » , son saint fondateur a confié une double tâche : engendrer des fils, les éduquer et les diriger, en veillant avec une providence maternelle sur la vie des individus et des peuples, dont elle a toujours respecté et protégé avec soin la dignité.
Le christianisme, en effet, rejoint la terre au ciel, en tant qu’il prend l’homme dans sa réalité concrète, esprit et matière, intelligence et volonté, et l’invite à élever sa pensée des conditions changeantes de la vie terrestre vers les cimes de la vie éternelle, dans un accomplissement sans fin de bonheur et de paix.
* Pacem in Terris (PT), Jean XXIII, 1963 (La paix sur la terre) traite de l’établissement d’une paix universelle dans la vérité, la justice et la liberté.
"1 - La paix sur la terre, objet du profond désir de l’humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affermir que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu.
2 - Les progrès des sciences et les inventions de la technique nous en convainquent : dans les êtres vivants et dans les forces de l’univers, il règne un ordre admirable, et c’est la grandeur de l’homme de pouvoir découvrir cet ordre et se forger les instruments par lesquels il capte les énergies naturelles et les assujettit à son service.
3 - Mais ce que montrent avant tout les progrès scientifiques et les inventions de la technique, c’est la grandeur infinie de Dieu, Créateur de l’univers et de l’homme lui-même. Il a créé l’univers en y déployant la munificence de sa sagesse et de sa bonté. Comme dit le Psalmiste : « Seigneur, Seigneur, que ton nom est magnifique sur la terre , que tes œuvres sont nombreuses, Seigneur ! Tu les as toutes accomplies avec sagesse ..."
* Gaudium et Spes (GS), concile Vatican II en 1965 est une constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps promulguée par le pape Paul VI le 8 décembre 1965, le dernier jour du concile.
* Dignitatis Humanae (DH), concile Vatican II en 1965 est une déclaration sur la liberté religieuse, qui date de 1965, et qui traite du droit fondamental des personnes et des communautés à pouvoir rechercher la vérité et professer librement leur foi.
La liberté religieuse découle de la dignité singulière de l’homme qui, parmi toutes les créatures de cette terre, est la seule en mesure d’établir une relation libre et consciente avec son Créateur.
"En vertu de leur dignité – dit le Concile – tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire doués de raison et de volonté libre… sont pressés par leur nature même et tenus par obligation morale à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion" (DH, 2).
* Populorum Progressio (PP), du papePaul VI en 1967 traite du développement des peuples et de la notion chrétienne de progrès.
[...] " Le développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, à la misère, aux maladie endémiques, à l’ignorance ; qui cherchent une participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de leurs qualités humaines ; qui s’orientent avec décision vers leur plein épanouissement, est considéré avec attention par l’Eglise. Au lendemain du deuxième Concile œcuménique du Vatican, une prise de conscience renouvelée des exigences du message évangélique lui fait un devoir de se mettre au service des hommes pour les aider à saisir toutes les dimensions de ce grave problème et pour les convaincre de l’urgence d’une action solidaire en ce tournant décisif de l’histoire de l’humanité..."
* Laborem Exercens (LE), du pape Jean-Paul II en 1981, traite du travail de l’homme.
"C’est par le travail que l’homme doit se procurer le pain quotidien 1 et contribuer au progrès continuel des sciences et de la technique, et surtout à l’élévation constante, culturelle et morale, de la société dans laquelle il vit en communauté avec ses frères. Le mot « travail » désigne tout travail accompli par l’homme, quelles que soient les caractéristiques et les circonstances de ce travail, autrement dit toute activité humaine qui peut et qui doit être reconnue comme travail parmi la richesse des activités dont l’homme est capable et auxquelles il est prédisposé par sa nature même, en vertu de son caractère humain..."
* Sollicitudo Rei Socialis (SRS), du Jean-Paul II en 1987, traite des questions sociales à l’occasion du vingtième anniversaire de Populorum progressio.
"L’intérêt actif que porte Eglise à la question sociale, c’est-à-dire à ce qui a pour fin un développement authentique de l’homme et de la société, de nature à respecter et à promouvoir la personne humaine dans toutes ses dimensions, s’est toujours manifesté de manières très diverses. L’un des modes d’intervention privilégié ces derniers temps a été le Magistère des Pontifes Romains, qui ont souvent traité la question en se référant à l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII, faisant parfois coïncider la date de publication des divers documents sociaux avec les anniversaires de cette première encyclique."
* Centesimus Annus (CA), du Jean-Paul II, 1991 est celle du centenaire de Rerum novarum, elle est considérée comme la première grande encyclique sociale de l’Eglise.
"Le centenaire de la promulgation de l’encyclique de mon prédécesseur Léon XIII, de vénérée mémoire, qui commence par les mots Rerum novarum marque une date de grande importance dans la présente période de l’histoire de l’Eglise et aussi dans mon pontificat. En effet, cette encyclique a eu le privilège d’être commémorée, de son quarantième à son quatre-vingt-dixième anniversaire, par des documents solennels des souverains pontifes : on peut dire que le destin historique de Rerum novarum a été rythmé par d’autres documents qui attiraient l’attention sur elle et en même temps l’actualisaient ..."
* Caritas in Veritate, du pape Benoît XVI (2009) L’amour dans la vérité (Caritas in veritate), dont Jésus s’est fait le témoin dans sa vie terrestre et surtout par sa mort et sa résurrection, est la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière. L’amour – « caritas » – est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue. Chacun trouve son bien en adhérant, pour le réaliser pleinement, au projet que Dieu a sur lui : en effet, il trouve dans ce projet sa propre vérité et c’est en adhérant à cette vérité qu’il devient libre (cf. Jn 8, 22). Défendre la vérité, la proposer avec humilité et conviction et en témoigner dans la vie sont par conséquent des formes exigeantes et irremplaçables de la charité. En effet, celle-ci « trouve sa joie dans ce qui est vrai » (1 Co 13, 6).
Toute personne expérimente en elle un élan pour aimer de manière authentique : l’amour et la vérité ne l’abandonnent jamais totalement, parce qu’il s’agit là de la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans l’esprit de chaque homme. Jésus Christ purifie et libère de nos pauvretés humaines la recherche de l’amour et de la vérité et il nous révèle en plénitude l’initiative d’amour ainsi que le projet de la vie vraie que Dieu a préparée pour nous. Dans le Christ, l’amour dans la vérité devient le Visage de sa Personne. C’est notre vocation d’aimer nos frères dans la vérité de son dessein. Lui-même, en effet, est la Vérité (cf. Jn 14, 6).
Il y a aussi les textes de la conférence des évêques de France que je me contente de citer :
* Pour une pratique chrétienne de la politique, Conférence des évêques de France (1972).
* Attention... pauvretés, Commission sociale des évêques de France e 1984)
* Face au chômage, changer le travail, Commission sociale des évêques de France en1993.
* L'écart social n'est pas une fatalité, Commission sociale des évêques de France en 1996.
* Repères dans une économie mondialisée, Commission sociale des évêques de France en 2005.
III Qu’est-ce que la Doctrine Sociale de l’Eglise ?
La Doctrine Sociale présente la position de l’Eglise pour l’ensemble des domaines de la vie sociale :
Vie économique et travail ; Vie publique et politique ; Relations internationales et paix ; Famille et enfin Développement durable.
Elle repose sur différents textes issus des Papes ou du Concile Vatican II. On peut y inclure des textes promulgués par les épiscopats locaux, les encycliques en fournissant le cadre.
Les principes constitutifs
La pensée sociale de l’Eglise se base sur des grands principes fondamentaux, applicables aux conditions de vie de l’homme dans la société, à savoir :
Le
principe de dignité de tout être humain
Le livre de la Genèse nous propose plusieurs points fondamentaux de l’anthropologie chrétienne : la dignité inaliénable de la personne humaine, dont la racine et la garantie se trouvent dans le dessein créateur de Dieu ; la socialité constitutive de l’être humain, avec pour prototype la relation originelle entre l’homme et la femme, dont la société « est l’expression première de la communion des personnes » ; « L’Eglise tient que la reconnaissance de Dieu ne s’oppose en aucune façon à la dignité de l’homme, puisque cette dignité trouve en Dieu Lui-même ce qui la fonde et ce qui l’achève. Car l’homme a été établi en société, intelligent et libre, par Dieu son Créateur. Mais surtout, comme fils, il est appelé à l’intimité même de Dieu et au partage de son propre bonheur ». (Concile Vatican II- Gaudium et Spes n° 21,3).
« L’Eglise guérit et élève la dignité de la personne humaine, en affermissant la cohésion de la société et en procurant à l’activité quotidienne des hommes un sens plus profond, la pénétrant d’une signification plus haute ». (Concile Vatican II Gaudium et spes n° 40).
« L’Eglise atteste à l’homme, au nom du Christ, sa dignité propre et sa vocation à la communion des personnes ; elle lui enseigne les exigences de la justice et de la paix, conformes à la sagesse divine ». (Compendium, n° 3).
La doctrine sociale est un enseignement expressément adressé à tous les hommes de bonne volonté. Compendium de la pensée sociale de l’Eglise n° 84, 160.
Tous au nom de l’homme, de sa dignité une et unique, de sa protection et de sa promotion dans la société, tous, au nom de l’unique Dieu, Créateur et fin dernière de l’homme, sont les destinataires de la doctrine sociale de l’Eglise (Encyclique Mater et magistra, Jean XXIII – AAS 53)
Le
principe du bien commun et de la destination universelle des biens
Le principe de la destination universelle des biens affirme que "le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l’usage commun" dit le compendium de la pensée sociale de l’Eglise n°176. Le bien commun est l'« ensemble des conditions sociales qui permettent et favorisent dans les être humains le développement intégral de la personne » dit le papeJean XXIII dans son encyclique Pacem in Terris aun° 53. Le principe de la destination universelle des biens appelle une économie inspirée des valeurs morales qui ne perde jamais de vue ni l'origine, ni la finalité de ces biens, de façon à réaliser un monde juste et solidaire, où la formation de la richesse puisse revêtir une fonction positive ( duCompendium de la Doctrine sociale de l'Église N° 171 à 184).
L’homme ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres. Compendium de la pensée sociale de l’Eglise] n° 178 et Gaudium et spes n° 69.
Une société qui, à tous les niveaux, désire véritablement demeurer au service de l’être humain est celle qui se fixe le bien commun pour objectif prioritaire dans la mesure où c’est un bien appartenant à tous les hommes et à tout homme. Compendium de la pensée sociale de l’Eglise n° 165.
Le
principe de réalité
Il inclut la temporalité, la nécessité de compter avec le temps, avec la maturation dans la durée.. "La transformation des rapports sociaux répondant aux exigences du Royaume de Dieu n’est pas établie dans ses déterminations concrètes une fois pour toutes. Il s’agit plutôt d’une tâche confiée à la communauté chrétienne, qui doit l’élaborer et la réaliser à travers la réflexion et la pratique inspirées de l’Evangile". Compendium de la pensée sociale de l’Eglise n° 53
Le
principe de subsidiarité
On ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur initiative et par leurs propres moyens…; ce serait commettre une injustice, en même temps que de troubler d’une manière dommageable l’ordre social… Pie XI, Quadragesimo anno n° 86.
Le
principe de participation
La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation qui s’exprime, essentiellement, en une série d’activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d’autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient. La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d’une manière responsable et en vue du bien commun. Elle ne peut pas être délimitée ou restreinte à quelques contenus particuliers de la vie sociale. Compendium de la pensée sociale de l’Eglise n° 189
Le
principe de solidarité
Les nouvelles relations
d’interdépendance entre les hommes et les peuples qui sont, de fait, des formes
de solidarités, doivent se transformer en relations tendant à une véritable
solidarité éthico-sociale. La solidarité se présente donc sous deux aspects
complémentaires : celui de principe social et celui de vertu morale. Compendium
de la pensée sociale de l’Eglise n° 193.
Le
principe de laïcité
Le principe de laïcité comporte
le respect de toute confession religieuse de la part de l’Etat qui assure le
libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et
caritatives des communautés de croyants. Dans une société pluraliste, la laïcité
est un lieu de communication entre les diverses traditions spirituelles et la
nation. Compendium de la pensée sociale de l’Eglise n° 572.
Le
principe de liberté de conscience et de liberté religieuse
C’est par sa conscience que l’homme perçoit et reconnaît les injonctions de la loi divine ; c’est elle qu’il est tenu de suivre fidèlement en toutes ses activités, pour parvenir à sa fin qui est Dieu. Il ne doit pas être contraint d’agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d’agir selon sa conscience, surtout en matière religieuse. Vatican II – Décret sur la liberté religieuse n°3.
On peut donc dire que la doctrine sociale de l'Église s'articule autour de trois grandes lignes.
La propriété privée : elle est une condition et une garantie de la liberté individuelle. Droit fondamental reconnu par le libéralisme la propriété privée a été quasiment abolie sous les régimes socialistes pour la concentrer aux mains de l'État.
Le rôle essentiel des corps intermédiaires entre individu
et État : familles, entreprises, métiers, professions, écoles, paroisses,
associations. Anciennement appelés corporations, groupant par corps de métiers
sans distinction de classes tous les membres d'un métier. Le Principe de
subsidiarité et le principe de suppléance découlent directement de ce présuposé.
La société organique : elle est
à l'image du corps humain comme modèle de société et elle se retrouve dans la
plupart des encycliques, en particulier Rerum Novarum, où le Pape parle de
l'homme inséré dans la création dont le Christ est la tête et chaque personne un
membre. Dans un corps, chaque organe a sa fonction propre, différente des
autres. Organes inégaux en puissance, en moyens, en attributions, en taille...
ils sont complémentaires et se fondent dans un tout organique. Il en résulte un
principe d'union des classes trouvant son origine dans la doctrine de l'« Amour
du prochain ». La solidarité ne serait qu'un nom laïcisé de la charit chrétienne
qui, avant d'être une nécessité économico-sociale ou un facteur politique est un
impératif moral. Cette solidarité s'exprime d'abord au sein des corps
intermédiaires puis s'étend au reste de la société, élément de doctrine rappelé
dans Centesimus Annus, l'une des encycliques sociales de Jean-Paul II.
Dans un autre cadre, mais probablement inspiré de la doctrine sociale de l'église, le principe de subsidiarité guide les processus décisionnels de l'Union européenne depuis le traité UE (1992).
Dans la pratique, la personne
est intégrée dans différents corps constitués organiques s'articulant de manière
subsidiaire selon le principe de laisser le maximum de libertés et d'initiatives
aux personnes et aux corps intermédiaires organisés qui les intègrent dans les
organes de la vie sociale. Les corps supérieurs n'ont qu'une fonction d'aide et
de suppléance.
IV Les préoccupations sociales de l'Eglise
Dès les premiers temps du christianisme, l'amour du prochain a été considéré comme l'un des principaux messages de l'évangile et de la Bible. C'est ainsi que la charité est considérée comme l'une des trois vertus théologales du pape Benoît XVI dans son encyclique deus cartas est.
Un des plus grands représentants de l'action sociale chrétienne est sans doute saint Vincent de Paul : après avoir aidé dès son plus jeune âge les plus démunis, il fonda les Lazaristes en 1625, puis l'ordre des Filles de la Charité en 1634.
J’insisterai rapidement sur le renouveau qu’apporte le pape Benoît XVI en ce qui concerne la doctrine sociale de l'Eglise. Le pape Benoît XVI a revu la doctrine sociale avec son encyclique Caritas in Veritate de juillet 2009. Cette encyclique se caractérise par une attention nouvelle aux questions économiques, sociales et environnementales, dans le contexte de la mondialisation, de la crise financière de 2008 et du réchauffement de la planète. Ainsi, le respect de l'environnement figure désormais dans les préoccupations des papes exprimées par les encycliques (des textes de Jean-Paul II exprimaient déjà cette préoccupation).
Le pape parle ainsi de "développement humain intégral" pour désigner la prise en compte de préoccupations sociétales (sociales et environnementales) dans le développement économique. Le langage commun parle également de développement durable pour désigner cette notion.
V L'engagement social de l'Eglise
La pensée sociale de l'Eglise a compté pour beaucoup dans la création de nombreux mouvements d'action sociale et œuvres chrétiennes, parmi lesquels on peut citer :
* le Secours catholique ou Caritas,
* le Ceras, Centre de recherche et d'action sociales de la province de France des Jésuites, créé en 1903 sous le nom d'Action populaire
* le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD),
* la Société saint Vincent de Paul,
* Les Semaines sociales de France.
* les mouvements d'Action catholique :
¤ l'Action Catholique des Enfants (ACE),
¤ le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC)
¤ la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC),
¤ la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC),
¤ l'Action catholique ouvrière (ACO),
¤ l'Action Catholique des milieux Indépendants (ACI),
¤ le Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC),
¤ Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC).