La Christianophobie

 

 

Derrière un rideau de fumée, masquée, l'air de rien, se met en place, rapidement et à l'échelle mondiale, une culture foncièrement anti-chrétienne. C'est sur la nature et les avancées de cette culture que nous ouvre les yeux, pour ajuster correctement notre combat, une plaquette aussi riche de pertinence que réduite de volume, récemment éditée par l'Institut pour une Dynamique de Dialogue Interculturel (iis@skynet.be).

 

Son titre : "La nouvelle éthique mondiale ; défis pour l'Eglise"

Ci-dessous : les principaux éclairages

 

I) Une tactique d’illusionniste pour détourner l'attention : nouveaux concepts, nouveau langage, au profit d'un ordonnancement du monde hostile à la civilisation judéo-chrétienne.

 

D’abord un fatras de mots, exemples : mondialisation à visage humain, citoyenneté mondiale, développement durable, bonne gouvernance, éthique mondiale, diversité culturelle, liberté culturelle, dialogue entre les civilisations, qualité de vie, éducation pour tous, éducation de qualité, éducation aux compétences pour bien vivre, éducation par les « pairs », éducation à la paix, choix informé, consentement informé, accès universel aux choix, « gendre », parité, égalité des chances, principe d’équité, autonomisation (des femmes, des enfants), homoparentalité, homophobie, orientation sexuelle, styles de vie, intégrité corporelle, avortement « sans risques », approche des droits, droit de choisir, droits sexuels et reproductifs, droits des femmes, droits des enfants, droits des générations futures, organisations non-gouvernementales (ONGs), société civile, partenariats, transparence, participation de la base, démocratie participative, réseaux transnationaux, holisme, construction de consensus, facilitation, approche inclusive, campagnes de sensibilisation, clarification des valeurs, « gagnant-gagnant », agents de transformation sociale, meilleures pratiques, parlement des jeunes, internalisation, appropriation, responsabilité sociale des entreprises, commerce équitable, sécurité humaine, principe de précaution, prévention…

Dans son ensemble, cet apparent fatras de mots et de concepts ne peut être ni condamné, ni corroboré. Des valeurs et aspirations humaines authentiques s’y entremêlent aux fruits amers et l’apostasie occidentale, qui ont vicié de l’intérieur le processus de mondialisation.

Le nouveau langage mondiale tend néanmoins à exclure des mots appartenant spécifiquement à la tradition judéo-chrétienne, tels que : vérité, morale, conscience, raison, cœur, volonté, parents, époux, mari, femme, mère, père, fils, fille, virginité, chasteté, complémentarité, service, autorité, hiérarchie, justice, loi, commandement, dogme, foi, charité, espérance, souffrance, péché, ami, ennemi, nature, représentation (démocratique)…

 

Le remplacement est significatif. On passe… du développement comme croissance au développement durable ; du gouvernement à la gouvernance ; de la démocratie représentative à la démocratie participative ; de l’autorité à l’autonomie et aux droits de l’individu ; des hiérarchies à l’égalité ; de l’époux au partenaires ; du bonheur à la qualité de la vie ; du donné au construit ; de la famille à la famille sous toute ses formes ; des parents aux reproducteurs ; de la connaissance aux compétences ; de la croissance à l’équilibre ; de la vie humaine à la vie sous toutes ses formes ; des besoins matériels objectifs et mesurables à l’approche arbitraire des droits ; de la charité aux droits ; de la souffrance dans la dignité au droit de mourir ; de l’identité culturelle à la diversité culturelle ; de la sécurité internationale à la sécurité humaine ; de l’approche sectorielle à l’approche holistique ; du vote de la majorité au consensus ; du dogme à la liberté d’interprétation ; de l’international au mondial ; des valeurs universelles à l’éthique mondiale et ainsi de suite…

Les nouvelles normes constituent non seulement un nouveau cadre conceptuel mondialement adopté, mais elles ont été des principes d’action dynamiques, ayant déjà mené à des transformations concrètes et irréversibles dans tous les secteurs de la vie sociale et politique. Ces transformations nous affectent tous, directement, là où nous sommes, dans notre vie quotidienne, surtout dans les domaines les plus importants pour la moralité personnelle et sociale, tels que l’éducation et la santé : nouvelles lois et politiques, changement radicaux de mentalité et de styles de vie, codes de conduite pour les institutions et entreprises, transformation du contenu des manuels et curricula scolaires, nouvelles normes et méthodes décisionnelles en politique, en soins de santé et dans les systèmes éducatifs, nouvelles priorités stratégiques pour la coopération internationale, approche radicalement nouvelle du développement, transformation fondamentale des principes et mécanismes de la démocratie, nouvel ethos social s’imposant à nous…

Le consensus mondial est pluriactionnaire. Ceci signifie que tous les « citoyens du monde » sont censés s’impliquer, posséder l’agenda, le promouvoir, l’enseigner, l’appliquer, le faire respecter : non seulement les gouvernements mais les ONGs, les acteurs de la société civile, les groupes de femmes, les entreprises et les industries, les communautés scientifiques et technologiques, les familles, les jeunes et les enfants, le monde académique, les organisations parapluie, les syndicats, les autorités locales, les femmes, les peuples indigènes, les media, les imams et les pasteurs… L’éthique mondiale se met au-dessus de tout à un niveau « méta » : au-dessus de la souveraineté nationale, de l’autorité des parents et des enseignants, au-dessus même de l’enseignement des grandes religions. Elle outrepasse toute hiérarchie légitime. Elle crée un lien direct entre elle-même et le citoyen individuel.

 

II) La philosophie sous-jacente en un mot : la réalité est de trop. (A noter que c’était déjà le cri de Jean-Jacques Rousseau : « il n’y a de beau que ce qui n’est pas » ; de Nietzsche : « j’ai horreur à la réalité » ; des philosophes idéalistes de toujours. Avec les retombées politiques relevées par Jacques Maritain : « l’homme de gauche est quelqu’un qui préfère furieusement ce qui n’est pas à ce qui est ».)

Le bouleversement de mai 1968, son rejet de la tradition et de l’autorité, son exaltation radicale de la liberté individuelle et le processus de » sécularisation rapide qui s’en est suivi ont précipité la transition des sociétés occidentales vers la « civilisation non-répressive » préconisé par Hubert Marcuse, père postmoderne de la révolution culturelle occidentale. La postmodernité implique une déstabilisation de notre appréhension rationnelle et théologique de la réalité, de la structure anthropologique donnée par Dieu à l’homme et à la femme, de l’ordre de l’univers tel qu’il à été crée par dieu. Le postulat de base de la postmodernité est que la réalité est une construction sociale, que la vérité et la réalité n’ont pas de contenu stable et objectif, qu’en fait, elles n’existent pas en soi. La réalité serait un texte à interpréter. Il est différent à la culture postmoderne que ce texte soit interprété de telle ou telle manière : toutes les interprétations seraient égales en valeur. Si le « donné » n’existe pas, alors les normes et les structures sociales, politiques, juridiques, spirituelles peuvent être déconstruites et reconstruites à volonté, suivant les transformations socioculturelles du moment et les choix de l’individu, dont la postmodernité exalte la souveraineté arbitraire et le droit absolu de choisir. L’éthique mondiale postmoderne célèbre les différences, la diversité des choix, la diversité culturelle, la liberté culturelle, la diversité sexuelle (différentes orientations sexuelles). Cette « célébration » est en réalité celle de la « libération » de l’homme et de la femme par rapport aux conditions de l’existence dans lesquelles Dieu les a placés.

Mais l’exaltation du libre arbitre contredit le caractère normatif des valeurs postmodernes et en particulier du droit de choisir, valeur suprême de la nouvelle culture. Le radicalisme postmoderne postule que l’individu, pour exercer son droit, doit pouvoir « se libérer » de tout cadre normatif, qu’il soit sémantique (définitions claires), social (tabous, interdits), culturel (traditions) ou religieux (enseignement des religions, dogme, doctrine de l’Eglise). Une telle prétendue « libération » devient un impératif de la nouvelle éthique. Elle passe par la déstabilisation et la déconstruction (mots-clef de la postmodernité) des définitions claires, du contenu du langage, des traditions, de l’être, des institutions, de la connaissance objective, de la raison, de la vérité, des hiérarchies légitimes, de l’autorité, de la nature, de la croissance, de l’identité (personnelle, génétique, nationale, culturelle, religieuse…), de tout ce qui est considéré comme universel et par conséquence des valeurs judéo-chrétiennes et de la révélation divine.

 

III) Sous une nouvelle hiérarchie des valeurs : la dictature du relativisme. L’éthique postmoderne se targue d’éliminer les hiérarchies. Mais en imposant mondialement la « transcendance » du choix arbitraire, elle engendre une nouvelle hiérarchie des valeurs. L’éthique mondiale place le plaisir au-dessus de l’amour, la santé et le bien être au-dessus de la sacralité de la vie, la participation de groupes d’intérêts radicaux à la bonne gouvernance au-dessus de la représentation démocratique, les droits des femme au-dessus de la maternité, l’autonomisation de l’individu égoïste au-dessus de toute forme d’autorité légitime, l’éthique au dessus de la morale, le droit de choisir au-dessus de la loi éternelle inscrite dans le cœur de l’homme, la démocratie et l’humanisme au-dessus de la révélation divine, en bref, l’immanence au-dessus de la transcendance, l’homme au-dessus de Dieu, le « monde »au-dessus du « ciel ».

Les nouvelles hiérarchies expriment une forme de domination sur les consciences que la pape Benoît XVI a appelé dictature du relativisme. L’expression peut sembler paradoxale : dictature signifie qu’il y a imposition par le haut, alors que relativisme implique le déni des absolus et réagit précisément contre tout ce qui est considéré comme imposition par le haut, en particulier la vérité, la révélation, la réalité, la moralité. Ce qui est imposé, dans une dictature du relativisme, c’est la déconstruction de notre humanité et de notre foi. Elle nous est imposée à travers un processus graduel de transformation culturelle apparemment neutre et inoffensif. Mais le relativisme porte un masque : il est dominateur et destructeur.

Dans le passé, ce que l’Occident appelait « ennemi » (comme par exemple le marxisme léninisme, les dictatures sanglantes) était clairement identifiable, unique, externe aux démocraties occidentales, agressif, centralisé, idéologique, régional. Cet « ennemi » utilisait des méthodes visibles et brutales, imposées par en haut : prise du pouvoir par la force, régime totalitaire, qu’il soit national ou régional. Dans la civilisation postmoderne, l’ennemi est insaisissable, caché, légions, interne aux institutions, « amical », diffus, incohérent, décentralisés, silencieux, invisible, mondial. Ses stratégies sont douces et subtiles, opérant par la base, culturelles, informelles. Leur résultat final est la déconstruction de l’homme et de la nature et la propagation culturelle de l’apostasie dans le monde et en particulier dans les pays en voie de développement.

 

La conclusion de cette étude va de soi : C'est un renvoi à Jésus­Christ. Il  y aura lieu de le prolonger jusqu'à l'Eglise catholique et à sa doctrine sociale.

Pour rejoindre l'actualité en ces domaines nous avons l'abondance des textes de Jean-Paul II et déjà de Benoît XVI, en incluant en particulier le livre récent de ce dernier sur Jésus.

L'intérêt principal de notre plaquette ici résumée réside dans la mise en évidence des tactiques nouvelles du démon : fumisterie du langage, distorsion subtile de nos valeurs morales traditionnelles, caractère radical de la subversion, exploitation extrêmement habile des nouveaux moyens de communication (l'Internet) et des structures officielles (l'ONU, les O.N.G.)

Les familiers des Exercices Spirituels de saint Ignace se trouveront là devant une illustration fulgurante de leur enseignement dans la méditation des "Deux Etendards". Leur n° 23 nous présente le démon "chef de tous les ennemis (de la nature humaine), dans ce grand camp de Babylone (le monde entier), comme assis (tant il feint de l'assurance), dans une grande chaire de feu (soufflant sur les passions, notamment l'orgueil et la soif du pouvoir), et de fumée (l'ambiguïté du langage, le refus des définitions), en figure horrible et terrifiante".

Ce n'est pas là un langage d'enfant, comme on le comprend vite, une fois décrypté le symbolisme.

Invitation par là à une mise au point de nos stratégies d'apostolat et peut-être de conversion personnelle dans la pratique d'une Retraite Spirituelle ignatienne. Par exemple "Maison Nazareth, 26120 Chabeuil TEl. 04.75.59.00.05

 

 

Auteur : Père Francis Volle, c.p.c.r

Mis en page par François Lugan

Site Internet : http://apostolattherese.free.fr