Le chant liturgique, la musique sacrée et le grégorien

par François Lugan

 

Devant l'Eglise du Saint Sépulcre à Jérusalem

 

« Jésus, à quoi te serviront mes fleurs et mes chants ?... Ah! je le sais bien, cette pluie embaumée, ces pétales fragiles et sans aucune valeur, ces chants d'amour du plus petit des coeurs te charmeront, oui, ces riens te feront plaisir, ils feront sourire l'Église Triomphante, elle recueillera mes fleurs effeuillées par amour et les faisant passer par tes Divines Mains, ô Jésus, cette Église du Ciel, voulant jouer avec son petit enfant, jettera, elle aussi, ces fleurs ayant acquis par ton attouchement divin une valeur infinie, elle les jettera sur l'Église souffrante afin d'en éteindre les flammes, elle les jettera sur l'Église combattante afin de lui faire remporter la victoire !... »

(Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face ou sainte Thérèse de Lisieux dans les Manuscrits autobiographiques
ou Histoire d'une âme).

 

Les rubriques dans cette partie du site sont :

 

Rubrique 1 : chants pour la messe

Rubrique 2 : chants pour un groupe de prière

Rubrique 3 : chants pour l’adoration.

 

 

  P.G.M.R = Présentation Général du Missel Romain intitulé « l’art de célébrer la messe » approuvé en l’an 2000     par le pape Jean-Paul II et traduite officiellement en  
  français au cours du printemps 2008.

  T.L.S = Le motu proprio du pape saint Pie X « Tra Le Sollecitudini » du 22 novembre 1903 ;

  M.S.D = L’encyclique « musicae Sacrae Disciplina » du pape Pie XII du 25 décembre 1955 ;

  M.S = L’instruction sur la « Musique Sacrée » de la sacrée congrégation des rites du 03 septembre 1958 ;

  R.S = Instruction « Redemptionis Sacramentum » de la congrégation pour le culte divin et la discipline des

             sacrements de 2004 ;

  S.C = Instruction « Sacrosanctum Concilium » du concile Vatican II sur la sainte liturgie.

 

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L'Apôtre Paul invite les fidèles qui se rassemblent dans l'attente de l'avènement de leur Seigneur, à chanter ensemble des psaumes, des hymnes et de libres louanges (cf. Col 3, 16). Le chant est en effet le signe de l'allégresse du coeur (Ac 2, 46). Saint Augustin dit : « Chanter est le fait de celui qui aime ». Le chant et la musique occupent donc une place importante dans la liturgie. Il n’y a pas de chants sans un texte. Le texte du chant doit être issu de la Bible ou s’en inspirer de prés. En effet, le chant permet une intériorisation sans égale de la Parole de Dieu transcrite dans ses paroles car on mémorise beaucoup plus facilement un chant qu’un texte.

Chaque partie de la célébration eucharistique a une forme musicale spécifique liée aux divers rites : ouvertures, processions diverses, méditations etc.

Dés lors la musique sacrée s’adresse à l’homme tout entier pour lui permettre de rencontrer, au plus intime de son être, le Christ mort et ressuscité que nous célébrons dans l’Eucharistie.

 La musique sacrée a donc deux fonctions : permettre à l’homme de s’unir à Dieu et lui permettre  de retenir la Parole de Dieu et de la méditer.

La musique sacrée doit être sainte ; qu'elle n'admette et ne laisse passer ni en elle-même ni dans la façon dont elle est présentée rien qui puisse donner une impression de profane. C'est par cette sainteté qu'excelle surtout le chant grégorien.

 

Que dit le pape à propos du chant ?

 

Dans son audience du 26 février 2003, le Pape Jean-Paul II déclare : « Il est nécessaire de découvrir et de vivre constamment de la beauté de la prière et de la liturgie. Il faut prier Dieu non seulement avec des formules théologiquement exactes, mais également d’une façon belle et digne. A ce propos, la communauté chrétienne doit faire un examen de conscience afin que revienne toujours plus dans la liturgie la beauté de la musique et du chant. Il faut purifier le culte d’erreurs de style, de formes d’expression médiocres, de musiques et de textes plats, peu adaptés à la grandeur de l’acte que l’on célèbre ».  

 

Que dit l’Eglise Catholique à propos du chant ?

 

            La P.G.M.R de l’an 2000 et traduite officiellement en français au printemps 2008 au numéro 366 dit : « il n’est pas permis de remplacer les chants de la liturgie de la messe (comme par exemple l’Agnus Dei) par d’autres chants ». Et au numéro 41 de cette P.G.M.R il est dit : « … Les autres genres de musique sacrée (surtout la polyphonie) ne sont nullement à exclure, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique et favorisent la participation de tous les fidèles (et en note il est dit de consulter S.C au numéro 116)… ».

 

            Le catéchisme abrége de l’Eglise Catholique au numéro 239 nous donne les critères nécessaires pour que le chant et la musique aient leur place dans la célébration liturgique : « le chant et la musique sont en connexion avec l’action liturgique ; ils doivent donc respecter les critères Suivants : conformité à la doctrine catholique des textes, tirés de préférence de l'Écriture et des sources liturgiques, beauté expressive de la prière, qualité de la musique, parti­cipation de l'assemblée, richesse culturelle du Peuple de Dieu, caractère sacré et solennel de la célébration. « Qui chante prie deux fois » (saint Augustin).

            R.S 58 : « … les paroles des chants préservent et alimentent, comme il convient, la foi des fidèles ».

 

Voici un exemple de chants qui explique bien les paroles du pape et de l’Eglise Catholique.

 

Couplet 1 : Si l’espérance t’a fait marcher

                   plus loin que la peur

                   tu auras les yeux levés

                  alors tu pourras tenir

                  jusqu’au soleil de Dieu.

Couplet 2 : Si la faiblesse t’a fait tomber

                   au bord du chemin,

                  tu sauras ouvrir tes bras

                  alors tu pourras danser

                  au rythme du pardon.

Couplet 3 : Si l’espérance t’a fait marcher

                  plus loin que la peur,

                  tu auras les yeux levés

                  alors tu pourras tenir

                  jusqu’au soleil de Dieu.

Couplet 4 : Si la tristesse t’a fait douter

                  au soir d’abandon,

                  tu sauras porter ta Croix,

                  alors tu pourras mourir

                  au pas de l’homme Dieu.

 

Ce chant est plat, stupide, et théologiquement faux puisqu'il ne s'agit que de vagues sentiments humains.

On a l’impression que c’est l’homme qui veut devenir Dieu et non pas Dieu qui aide l’homme à devenir un saint par la mort du Christ sur la Croix puis sa Résurrection et enfin par le don du Saint Esprit et de sa grâce.

 

Le numéro 58 de l’instruction Redemptionis Sacramentum de 2004 affirme que, durant la célébration de la liturgie, les paroles des chants préservent et alimentent,  comme il convient, la foi des fidèles. Ce n’est malheureusement pas le cas la plupart du temps dans nos célébrations eucharistiques vu les paroles des chants que nous employons.

 

Voici un exemple de chants qui est pris par les enfants lors de messes ou ils y participent et qui n’est pas liturgique puisqu’il n’y a aucune référence biblique et dont le contenu est nul, plat et stupide…

 

Refrain :

 

A la cantine, copains et copines

Au restaurant, avec les grands-parents

Sur le bord de la route,                       

Pour un petit casse-croûte,

Ou bien à la maison,

C’est toujours aussi bon,

De partager nos repas,

Faire le plein d'énergie

Et savourer la vie.

                                     

1. La meilleure des recettes

     Pour réussir une fête,

     C'est d'inviter à manger

Tous les gens que vous aimez !

 

    2. Aujourd'hui, Dieu nous invite

        A l'église qui abrite

    La table du grand festin

    Où Jésus donne son pain !

 

A propos du chant grégorien

 

Le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, doit, toutes choses égales par ailleurs, occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus, pourvu qu'ils s'accordent avec l'esprit de l'action liturgique et qu'ils favorisent la participation de tous les fidèles. La constitution sur la sainte liturgie du concile Vatican II nous parle du chant grégorien et de la polyphonie au numéro 116 : « L'Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu'ils s'accordent avec l'esprit de l'action liturgique, conformément à l'art. 30 ».

Le chant grégorien est un chant purement contemplatif. Il doit son origine aux chants des basiliques romaines. Ce n’est que depuis le XIV siècle qu’il est écrit en notes carrées, sur des portées de quatre lignes. Mais son usage était déjà en décadence dans l’Eglise. Malgré la vigoureuse restauration qu’inspira Dom Prosper Guéranger et Dom Joseph Pothier de l’abbaye de Solesmes, cette décadence se poursuit aujourd’hui.  En effet, si le concile Vatican II n’a pas pu imposer le grégorien, c’est parce que le grégorien correspondait plus a une utilisation monastique qu’a l’expression de la foi des fidèles.

 

Pour comprendre ce que nous disons, il faut regarder le répertoire de l'Abbaye de Keur Moussa, au Sénégal, usant de rythmes sénégalais mais restant basé sur les modes grégoriens, répertoire qui fut mis au point par un bénédictin missionnaire de l'Abbaye de Solesmes. Comme quoi la "réussite" pastorale commence par une sage et intelligente obéissance au magistère... On peut donc intégrer coutumes locales dans le chant et modes grégoriens.

La PGMR au numéro 41 et la constitution du concile Vatican II sur la sainte Liturgie au numéro 116 disent que le chant grégorien, en  tant que chant propre de la liturgie doit occuper la première place.

 

MSD 5. [a] Le chant «grégorien» utilisé dans les cérémonies liturgiques est le chant sacré de l'Eglise romaine qui (...) est recueilli dans les livres approuvés par le Saint-Siège, pour être utilisé dans la liturgie. (...).

Ce qui est dit ici, bien que datant de 1958, ne peut en aucun cas être relégué au rang d'antiquité. Il suffit de lire SC 116 (du Concile Vatican II, 1963), ci-dessus, pour s'en convaincre.

 

MSD 5. [b] La nature du chant grégorien n'exige pas qu'il soit accompagné par l'orgue ou un autre instrument de musique.

 

Toujours a propos du chant grégorien, la P.G.M.R de l’an 2000 au numéro 41 dit : « Le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, doit, toutes choses égales par ailleurs, occuper la première place… ».

 

A propos du latin dans le chant

 

            La P.G.M.R au numéro 41 dit : «… Puisque les réunions entre fidèles de diverses nations deviennent de plus en plus fréquentes, il est nécessaire que ces fidèles sachent chanter ensemble, en latin et sur des mélodies faciles, au moins quelques parties de l’Ordinaire de la messe, et surtout la profession de foi et l’oraison dominicale (et en note il est dit de consulter S.C au numéro 54)… ». Il faut préciser que l’oraison dominicale est le Notre Père ou Pater Noster en latin.

 

A propos des textes liturgiques à chanter

 

Le texte liturgique doit être chanté tel qu'il est dans les livres, sans altérations ni transposition de paroles, sans répétitions indues, sans suppression de syllabes, toujours intelligible aux fidèles qui l'écoutent. C’est, entre autre, le cas pour le Credo et le Gloire à Dieu. On ne peut pas remplacer ces textes liturgiques par un chant aussi beau soit-il. La seule chose que nous pouvons faire est de prendre un refrain au début et à la fin. Mais encore faut-il que ce refrain soit adapté. Par exemple, nous ne pouvons pas prendre au début et à la fin du credo le refrain suivant : « Je crois en Dieu qui chante et qui fait chanter la vie ». Il est fréquent de trouver ces textes liturgiques pourvus de refrains et donc découpés en couplets lorsqu'ils sont chantés. Agir ainsi revient à ignorer que ces textes ne peuvent pas être modifiés en quoi que ce soit. C'est oublier que ces prières sont immuables. En modifier l'ordonnancement sous prétexte qu'on y ajoute de la musique, c'est alors donner la primauté à cette dernière. Or, la liturgie réside dans des signes et des textes. Jamais dans la musique. C'est donc a cette dernière d'habiller le texte, de s'y adapter comme un vêtement, et non l'inverse. Il revient aux compositeurs de le comprendre (pour approfondir cette partie vous pouvez lire la fiche intitulé : a propos du Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Agnus etc…).

        

Immuabilité des textes chantés

 

MSD. 21. a) Il est rigoureusement interdit de changer en quelque façon que ce soit l'ordre des textes à chanter, d'en altérer ou omettre des paroles ou de les répéter d'une façon qui ne convient pas. (...).

 

TLS. III, 9. Le texte liturgique doit être chanté tel qu'il est dans les livres, sans altérations ni transposition de paroles, sans répétitions indues, sans suppression de syllabes, toujours intelligible aux fidèles qui l'écoutent.

 

Le Notre Père, le Gloria et le Credo sont des prières qui sont avant toute chose des textes liturgiques, donc non modifiables. Par "les livres", TLS III, 9 veut nommer les livres liturgique tels que le Missel officiel du célébrant, et non les publications diverses et variées, et encore moins les partitions de musique. Si un ouvrage ne respecte pas le texte du Missel, mot pour mot et selon les termes des deux articles ci-dessus, alors il est dénoncé par ces mêmes articles et il faut le rejeter.

Or il est fréquent de trouver ces textes pourvus de refrains et donc découpés en couplets lorsqu'ils sont chantés. Agir ainsi revient à ignorer que ces textes ne peuvent pas être modifiés en quoi que ce soit. C'est oublier que, comme le Notre Père, ces prières sont immuables. En modifier l'ordonnancement au prétexte qu'on y ajoute de la musique, c'est alors donner la primauté à cette dernière. Or, la liturgie réside dans des signes et des textes. Jamais dans la musique. C'est donc à cette dernière d'habiller le texte, de s'y adapter comme un vêtement, et non l'inverse. Il revient aux compositeurs de le comprendre.

 

La polyphonie sacrée

 

MSD. 6. « Par « polyphonie sacrée » on entend le chant mesuré à plusieurs voix, et sans accompagnement d'instrument musical, qui, né des choeurs grégoriens, a commencé à être employé dans l'Eglise latine au moyen-âge… ».

 

MSD. 26. « ... Chacun sait que les nombreux chants polyphoniques, composés surtout au XVIe siècle, brillent par une telle pureté d'art et une telle richesse musicale qu'ils doivent être considérés comme dignes en tous points d'accompagner et pour ainsi dire de rehausser les rites sacrés de l'Eglise. (...) ».

 

MSD. 17. La polyphonie sacrée peut intervenir dans toutes les actions liturgiques, à cette condition toutefois qu'il y ait une schola qui puisse chanter selon les règles de l'art. Ce genre de musique sacrée convient mieux aux actions liturgiques revêtant une plus grande solennité.

 

La musique sacrée moderne

 

MSD. 7. La « musique sacrée moderne » est la musique à plusieurs voix, n'excluant pas les instruments de musique, créée récemment en tenant compte des progrès de l'art de la musique. Etant directement destinée à un usage liturgique, il faut qu'on sente en elle la piété et le sens religieux, et c'est à cette condition qu'elle est acceptée dans la liturgie.

 

Qu'on ne se trompe pas sur l'utilisation du mot "moderne". Il ne s'agit pas des musiques composées aujourd'hui, mais depuis l'époque que les historiens qualifient de "moderne". Enfin, et surtout, il faut considérer avec attention les conditions énoncées dans la deuxième partie de cet article : la musique sacrée, quelle que soit son époque, doit entraîner à la prière et non à simple échauffement de l'ambiance…

 

MSD 18. La musique sacrée moderne peut également être admise dans toutes les actions liturgiques si elle répond vraiment à la dignité, à la gravité et à la sainteté de la liturgie, et qu'il y ait une schola qui puisse exécuter cette musique avec art.

 

TLS. II,5. (...) Néanmoins, par suite de l'usage profane auquel la musique moderne est principalement destinée, il y aurait lieu de veiller avec grand soin sur les compositions musicales de style moderne ; l'on n'admettra dans l'église que celles qui ne contiennent rien de profane, ne renferment aucune réminiscence de motifs usités au théâtre, et ne reproduisent pas, même dans leurs formes extérieures, l'allure des morceaux profanes.

 

TLS. II,6. Parmi les divers genres de musique moderne, il en est un qui semble moins propre à accompagner les fonctions du culte : c'est le style théâtral (...). Par sa nature même, il présente une opposition complète avec le chant grégorien, la polyphonie classique, [et donc] avec la règle capitale de toute bonne musique sacrée. (...).

 

Ce qui paraissait moderne il y a 100 ans semble aujourd'hui classique, ce qui est le cas de la musique théâtrale, c'est-à-dire de la musique lyrique. Si l'on applique le motu proprio Tra le solecitudini actuellement, il faut alors mettre dans le même sac musique lyrique et... musique de variété. Du point de vue catholique, cela se tient parfaitement dans la mesure où aucune de ces deux catégories ne s'accordent, par leur principe, à la musique sacrée qui exprime la prière. Trop souvent l'on utilise des enregistrements de musique lyrique dans les cérémonies privées (mariages ou obsèques) en pensant que la musique lyrique appartient à la musique classique et qu'en conséquence elle convient à l'intérieur d'une église. On oublie que la musique lyrique se classe dans la musique profane, qu'elle n'exprime jamais la foi catholique ni aucun sorte de sainteté.

Partant de là, il devient inutile de faire de commentaires sur ce qu'est la "musique moderne" selon les vues actuelles.

 

Le chant religieux populaire

 

MSD 9 «  Le «chant populaire religieux» est le chant né spontanément du sens religieux dont a été doté l'homme par son Créateur même et qui, par conséquent, est universel et fleurit parmi tous les peuples.

Ce chant étant particulièrement propre à imprégner d'esprit chrétien la vie privée et sociale des fidèles, il fut très en honneur dans l'Eglise depuis les temps anciens, et il est hautement recommandé également à notre époque pour réchauffer la piété des fidèles et rehausser les pieux exercices, ainsi que les actions liturgiques elles-mêmes, chaque fois qu'il peut y être admis.

Le chant religieux populaire, c'est à dire les cantiques connus, sont donc recommandés pour les pieux exercices c'est-à-dire les adorations du Saint-Sacrement, les processions, chapelets, chemin de croix, veillées, etc. On peut aussi les admettre durant la messe ou la liturgie des heures, mais à la condition qu'il ne prenne pas les places où la liturgie prévoit autre chose, ce qui est somme toute assez limitatif ».

 

SC. 118 « Le chant religieux populaire sera intelligemment favorisé, pour que (...) conformément aux normes (...), les voix des fidèles puissent se faire entendre ».

DMS. 53. Il est recommandé à tous ceux qui peuvent s'intéresser à cette question de recueillir les chants populaires religieux, même anciens, qui ont été transmis par écrit ou de vive voix, et de les éditer pour l'usage des fidèles, avec l'approbation des Ordinaires des lieux qui sont les évêques.

 

La musique religieuse

 

MSD. 9 3 La « musique religieuse », enfin, est celle qui, tant par l'intention de l'auteur que par le sujet et la fin de l'oeuvre, vise à exprimer et à susciter des sentiments pieux et religieux, et par conséquent «aide grandement la religion» ; comme elle n'est pas ordonnée au culte divin et qu'elle revêt un caractère plus libre, elle n'est pas admise dans les actions liturgiques ».

Comme on le voit, la musique qui est seulement à thème religieux ne peut, en aucun cas, être insérée dans la messe ou la liturgie des heures. A plus forte raison il est donc impossible d'admettre une quelconque musique profane, fut-elle de type classique.

 

La musique traditionnelle des peuples

 

SC. 119 « Puisque dans certaines régions, surtout en pays de mission, on trouve des peuples possédant une tradition musicale propre qui tient une grande place dans leur vie religieuse et sociale, on accordera à cette musique l'estime qui lui est due et la place convenable, aussi bien en formant leur sens religieux qu'en adaptant le culte (...) ».

 

Cet article de Sacrosanctum Concilium concerne sans équivoque possible les pays de mission, dont la culture n'est pas de type européen. Pourtant, on a vu en France des pasteurs qui ont cru bon d'estimer que la musique rock ou de variété était devenue une "tradition musicale propre", et ont "adapté le culte". Comme ces musiques ne peuvent exprimer de caractéristiques religieuses, il ne fut jamais exigé d'elles ce que DMS 7 exige même de la musique sacrée moderne. Cet abus compte, dans le domaine musical, parmi les pires qu'ait eu à vivre l'Eglise du XXe siècle.

 

Prescriptions pour la composition de musique sacrée

 

SC. 121 « Les musiciens, imprégnés d'esprit chrétien, comprendront qu'ils ont été appelés à cultiver la musique sacrée et accroître son trésor.

Ils composeront des mélodies qui présentent les marques de la véritable musique sacrée, et qui puissent être chantés non seulement par les grandes Scholae cantorum, mais qui conviennent aussi aux petites et favorisent la participation active de l'assemblée des fidèles.

Les textes destinés au chant sacré seront conformes à la doctrine catholique et même seront tirés de préférence des saintes Ecritures et des sources liturgiques ».

 

Par "marques de la musique sacrée" SC 121 affirme que la musique utilisée dans la liturgie doit posséder un style propre qui ne puisse en aucun cas être confondu avec d'autres musiques profanes. Ceci permet donc de pointer du doigt nombre de compositions qui adoptent des styles assimilables au rock ou à la variété. Quant aux compositeurs, ils doivent, au lieu d'importer des styles profanes dans la liturgie, faire preuve d'assez d'humilité pour accepter de se former auprès de musicologues compétents et auprès de musiciens expérimentés en Musique Sacrée.

Les paroliers, quant à eux, doivent vérifier leurs textes de manière à ce qu'ils tiennent la comparaison non seulement avec l'Ecriture Sainte mais aussi avec le Missel et surtout le dogme tenu par le Saint-Siège.

Quant à ceux qui établissent les programmes des chants de la messe, ils doivent être en mesure d'écarter tout chant dont la musique ne respectent pas les critères pré-cités, ainsi que ceux qui contiennent des paroles douteuses, que malheureusement on rencontre encore assez souvent. Ils doivent aussi veiller à ce que les textes des Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus soient conformes non pas aux publications périodiques mais aux seuls textes du Missel du Célébrant, lequel ne doit jamais être remplacé par une publication périodique.

 

TLS. IV,10. Chacune des parties de la messe et de l'ensemble des fonctions sacrées doit conserver, même au point de vue musical, le cachet et la forme que la tradition ecclésiastique leur a donnés et qui se trouvent parfaitement reproduits dans le chant grégorien. Différente est donc la manière de composer un introït, un graduel, une antienne, un psaume, une hymne, un Gloria, un excelsis, etc.

 

Autrement dit, il faut respecter le sens du texte et l'identité de chacune de ces pièces. Certaines messes de composition très récente ne sont pas autre chose qu'une même mélodie répétée identiquement pour le Kyrie, le Sanctus et l'Agnus Dei. Révélant de véritables carences, ces compositions sont surtout en contradiction non seulement avec l'esprit de la liturgie, mais de plus avec le motu proprio Tra le solecitudini, qui fait pourtant force de loi comme il est écrit dans son introduction.

 

TLS. IV,11 « L'on observera les règles suivantes : a) le Kyrie, le Gloria, le Credo, etc. de la messe doivent garder l'unité de composition propre à leur texte. Il n'est donc pas permis de les composer en morceaux séparés, de façon à ce que chacune de ces parties forme une composition musicale complète et puisse se détacher du reste et être remplacées par une autre »...

 

Place de la musique enregistrée ou automatique

 

MSD 71 « l'usage des appareils «automatiques» comme : l'orgue automatique, le gramophone, la radio, le dictaphone ou magnétophone, et d'autres du même genre, est absolument interdit dans les actions liturgiques et les pieux exercices, qu'ils se déroulent à l'intérieur de l'église ou au dehors (...) ».

Le vocabulaire désuet, reproduit ici intégralement pour livrer le texte intact, ne doit pas tromper : c'est une grossière erreur de remplacer la prière issue des coeurs par une prière issue d'un mécanisme, et qui n'est donc plus une prière mais seulement une reproduction de prière. Si l'orgue lui-même est visé, c'est parce que la pièce musicale jouée par l'organiste est elle-même une prière, tandis que le même morceau joué automatiquement ne l'est plus. Certains arguent du fait que la musique enregistrée suscitant la prière, elle trouve donc sa place dans la liturgie : c'est oublier que la liturgie n'existe que parce qu'elle est formée de signes et de paroles extériorisés par des âmes.

En conséquence tous ces moyens sont interdits durant la célébration de la messe. Si la liste des appareils interdits devait être actualisée, on y ajouterait l'interdiction des logiciels de jeu automatique (l'informatique s'installant aujourd'hui dans les orgues à tuyaux), ainsi que des cassettes et disques laser de toute sortes.

On peut s'inquiéter à juste titre de l'impossibilité qui découle, pour les petites paroisses, de disposer de musiciens ou chanteurs lors des mariages et surtout des enterrements, deux types de cérémonies où la musique enregistrée a pris une place très importante. Autant il est vrai que la mise à disposition d'un organiste pour des obsèques n'est pas chose aisée dans les petites paroisses, autant cela est possible pour les mariages. Plus globalement il convient en tout cas de ne pas ramener les exigences concernant la qualité de la liturgie au fatalisme ambiant, et de discerner avec clairvoyance que ce sont les usages qui s'éloignent des préceptes de l'Eglise et non l'inverse.

Finalement, seule reste possible la diffusion de musique de fond en dehors des messes, comme on le voit parfois faire dans certaines églises, même si cela fait adopter aux édifices sacrés des usages de lieux publics ordinaires qui nuisent au recueillement, lequel n'est jamais aussi bien favorisé que par le vrai silence.

 

MSD. 73. « [a] L'usage des appareils de projection, particulièrement ceux que l'on appelle «appareils de cinéma» (...) est strictement interdit dans les églises pour quelques cause que ce soit, même dans des buts de piété, de religion ou de bienfaisance ».

La diffusion d'une émission de radio ou de télévision, qu'il s'agisse de direct ou d'enregistrement ne peut pas être toléré au cours d'une messe :

 

-   si ce qui est diffusé est un enregistrement, il est totalement étranger à la célébration de la messe ;

- si ce qui est diffusé est en direct d'un évènement non liturgique, il est également étranger à la célébration de la messe ;

- si ce qui est diffusé est en direct d'une autre messe, alors cette initiative relève du cas des "messes synchrones" qui sont strictement interdites.

 

Le chant d’entrée

 

            Le numéro 47 de la P.G.M.R nous parle du chant d’entrée : «… Le but de ce chant est d’ouvrir la célébration, de favoriser l’union des fidèles rassemblés, d’introduire leur esprit dans le mystère du temps liturgique ou de la fête célébrée, tout en accompagnant la procession du prêtre et des ministres ».

 

Le chant de communion

 

Le numéro 87 de la P.G.M.R nous donne des indications pour ce chant: « Pour le chant de communion, on peut prendre soit l’antienne du Graduel romain, avec ou sans psaume, soit l’antienne avec son psaume du Graduel simple. On peut aussi prendre un  autre chant approprié, s’il est approuvé par la Conférence épiscopale.

            Le chant est exécuté soit par la chorale seule, soit par la chorale ou le chantre avec le peuple.

S’il n’y a pas de chant, l’antienne proposée dans le missel est dite soit par les fidèles, soit par quelques-uns d’entre eux, soit par un lecteur ou, à leur défaut, par le prêtre, après que lui-même aura communié et avant qu’il ne distribue la communion aux fidèles ».

 

En guise de conclusion

 

            Ceux qui établissent les programmes des chants de la messe doivent être en mesure d'écarter tout chant dont la musique ne respecte pas les critères précités, ainsi que ceux qui contiennent des paroles douteuses, que malheureusement on rencontre encore assez souvent comme c’est le cas dans les deux exemples donné plus haut. Ils doivent aussi veiller à ce que les textes des Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus soient conformes non pas aux publications liturgiques périodiques ou fiches dominicales ou à la beauté de la musique mais aux seuls textes du Missel du Célébrant (dit Missel Romain et indications que nous trouvons dans la PGMR) lequel ne doit jamais être remplacé par une publication liturgiques périodiques quel qu’il soit.

 

Pour approfondir, il est possible de lire le livre suivant, qui propose plusieurs textes de l’Eglise catholique sur la musique sacré :

 

Quelle musique sacrée pour aujourd’hui ? par Mgr Miserach-Grau, Tempora (125 pages,): un ouvrage que se doivent de posséder tous les fidèles soucieux de la qualité de la liturgie: prêtres, maîtres de choeurs, choristes, organistes... Ils y puiseront de précieuses indications qui les aideront à remplir au mieux leur tâche au service de l'Eglise.

Son Auteur est, Président de l'Institut pontifical de Musique sacrée au Vatican et aussi - ce qui n'est pas qu'un détail - ami du pape Benoît XVI. Dès les premières pages, Mgr Miserach-Grau avertit le lecteur : ces lignes ne reflètent pas l'opinion du prélat, mais la pensée de l'Eglise en matière de musique sacrée ou, plus exactement, en matière de chant liturgique. L'Auteur déplore en premier lieu que la musique composée initialement pour servir et orner la liturgie en sorte que soit favorisée la prière des fidèles, ne s'entend plus guère dans les église, au cours des célébrations liturgiques: pour la goûter, c'est désormais au concert ou à des sessions qu'il faut aller. Et ceci n'est absolument pas normal! Se pose ensuite la question du chant grégorien: pour Mgr Miserach-Grau, il est évident que "le chant grégorien de l'assemblée peut - mais surtout doit - être rétabli à côté de celui de la schola et des célébrants." Car "ce chant caractérise toute musique liturgique digne de ce nom".

Et l'Auteur de poursuivre: "Nous avons sous-estimé la capacité d'apprentissage [du grégorien] du peuple. Nous l'avons presque contraint à oublier les mélodies grégoriennes qu'il connaissait (...) puis nous l'avons abreuvé de banalités." Bien entendu, l'absence de formation reçue par les futurs prêtres dans les séminaires est ici épinglée...

La suite de l'opuscule signé de Mgr Miserach-Grau comprend les textes magistériels de référence pour la musique sacrée et le chant liturgique. On cite tour à tour le Motu proprio sur le Musique sacrée Tra le sollecitudini de Pie X (22 novembre 1903), la Lettre encyclique Musicae Sacrae Disciplina de Pie XII (25 décembre 1955), l'Instruction sur la Musique sacrée et la Sainte Liturgie de la Congrégation des Rites (3 septembre 1958), le passage sur la musique sacrée de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, l'Instruction Musicam Sacram de la Congrégation des Rites (5 mars 1967), le Chirographe pour le centenaire de Tra le sollecitudini de Jean-Paul II (19 janvier 2001), et enfin le Discours que le pape Benoît XVI a adressé à l'institut pontifical de Musique sacrée (13 octobre 2007).Mgr Miserach-Grau nous encourage vivement à travailler pour redonner au chant grégorien toute sa place et au chant liturgique sa vraie forme et son véritable sens. Mais ce travail pourra-t-il aboutir s'il n'est pas encouragé par les évêques? Pourra-t-il aboutir là où un clergé et des équipes liturgiques peu formés mettent des entraves au renouveau liturgique véritable ?

 

Article paru dans la revue Pro Liturgia en 2009

 

L'Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu'ils s'accordent avec l'esprit de l'action liturgique ( ... ) On achèvera l'édition typique des livres de chant grégorien; bien plus, on procurera une édition plus critique des livres déjà édités postérieurement à la restauration de saint Pie X. Il convient aussi que l'on procure une édition contenant des mélodies plus simples à l'usage des petites églises. Le chant religieux populaire sera intelligemment favorisé, pour que dans les exercices pieux et sacrés, et dans les actions liturgiques elles-mêmes, conformément aux normes et aux prescriptions des rubriques, les voix des fidèles puissent se faire entendre. (Cf Sacrosanctum Concilium, nn. 116-118)

Dans la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la liturgie, on lit que le chant grégorien "doit" (et pas seulement "peut") occuper la première place dans les actions liturgiques car il est le chant propre de la liturgie romaine: vient ensuite - mais seulement "ensuite" - la possibilité d'introduire des polyphonies au cours des célébrations et enfin des chant populaires dont l'emploi doit être "intelligemment" favorisé ("Le chant sacré populaire est de meilleure facture lorsqu'il s'inspire directement du chant grégorien." Cf. Jean-Paul II)

Tous ceci montre que pour l'Eglise, le chant n'est pas une question secondaire. Et s'il y a "un" chant propre de la liturgie romaine - le grégorien -, cela signifie qu'il y a "des" chants qui ne sont pas "propres" à cette liturgie, qui ne font pas corps avec elle. S'il y a "un" chant qui doit occuper la première place, c'est que logiquement tous les autres chants doivent occuper des places secondaires, inférieures.

 

Aux yeux de l'Eglise, tout ce qu'on chante et fait chanter au cours des actions liturgiques n'a de loin pas la même valeur, le même sens, le même impact le cantique tiré de telle revue d'animation liturgique ne peut donc en aucun cas rivaliser avec le chant grégorien. Il n'en aura ni la densité spirituelle, ni la justesse doctrinale, ni même - assez souvent - la qualité musicale.

Ainsi, la pastorale liturgique de ces dernières années qui. a conduit à supprimer systématiquement le chant grégorien ou à en limiter l'usage sous prétexte de rendre la liturgie "intellectuellement" compréhensible, non seulement contredit l'enseignement de Vatican II, mais contredit aussi le sens véritable de la liturgie qu'elle prétend servir.

La suppression des pièces grégoriennes contraint les fidèles à ne plus connaître que des célébrations liturgiques mutilées, parfois bancales, souvent incomplètes, instables ... et fatigantes pour qui veut faire l'effort de s'accrocher de A à Z à tout ce qui s'y dit.

Sans le grégorien, la liturgie est mutilée car les pièces grégoriennes distribuées tout au long de l'année liturgique forment un tout cohérent qui participe à une subtile pédagogie qu'emploie la liturgie pour introduire le fidèle dans le mystère que célèbre l'Eglise.

 

Le grégorien n'est pas constitué de notes mises sur des mots ou de mots mis sous des notes. Il n'est pas élaboré à la façon des cantiques actuels qui, le temps qu'une assemblée les ait appris, sont déjà démodés. Le grégorien ne "meuble" pas une célébration liturgique comme le ferait une musique d'ambiance, mais participe à sa mise en oeuvre: il est l'expression naturelle de la prière officielle que l'Eglise adresse à Dieu et dans laquelle le fidèle est invité à se laisser entraîner.

Le grégorien, en tant qu'élément constitutif de la liturgie, n'est pas autre chose qu'une expression chantée de la foi objective de l'Eglise; a contrario, le cantique n'est qu'une expression parmi d'autres d'une foi subjective, souvent mêlée d'un sentimentalisme totalement étranger à la liturgie. Or une célébration faite au nom de l'Eglise se doit de toujours mettre les fidèles à l'abri de la subjectivité aliénante dont les acteurs de la liturgie sont souvent - à leur insu - porteurs.

Je suis mal à l’aise avec les chants de mon groupe de prière.
Pourquoi ce vocabulaire triomphaliste : la majesté, la gloire, le trône de Dieu ?
Voici la réponse du Père Alain Bandelier paru dans la revue Famille Chrétienne en 2011.

    La question m'est posée par une dame d'un certain âge. Lisons la suite de son témoignage. «J'ai vécu longtemps dans la peur de Dieu. Il y a vingt ou trente ans, j'ai été éblouie par l'évangile du lavement des pieds : Dieu à genoux devant l'homme! Et aussi l'hymne de la Lettre aux Philippiens : le Christ a renoncé à sa gloire et il s'est abaissé. Notre généra­tion a redécouvert la miséricorde. Je ne la retrouve guère dans ces chants qui viennent des cercles évan­géliques. Je sais que Dieu est à la fois transcendant et immanent, mais je veux surtout louer ce Dieu si grand qui s'est fait si petit: la crèche, la croix, l'eucharistie ... Parfois j'interviens dans la prière en ce sens, mais je sens que cela n'est pas bien reçu. ». 

    Oui, le mystère de Dieu est déroutant. Dieu est au-dessus et au-delà de tout, sa grandeur est ver­tigineuse, elle déborde toute mesure humaine, et nous sommes inca­pables de la saisir. En même temps, il est au cœur de tout ce qui est, «plus intime à moi-même que moi-même», comme dit saint Augustin. C’est para­doxal ? Mais le paradoxe est seulement dans notre esprit. En Dieu, ce ne sont pas des antinomies. Déjà, sur le plan d'une théologie naturelle, on peut comprendre que la Réalité divine n'est pas une chose parmi d'autres choses. Elle est à la fois présence intime et altérité irréductible. Avec Jésus-Christ et l'Evangile nous est révélé le grand secret : Dieu est Amour (l). C'est une révélation - on pourrait dire une révolution - qui nous oblige à critiquer une compré­hension trop païenne de la gloire. La puissance de Dieu, c'est la puissance de l'amour. Sa royauté, c'est le règne de l'amour. Et son trône, c'est la Croix - si l'on en croit les Pères de l'Église. Dans l'Apocalypse, il y a cette scène prodigieuse :' le voyant pleure, parce que personne ne peut ouvrir le Livre. L'Ancien le console en lui annonçant le Lion de la tribu de Juda, et sa force victorieuse (2).  «Alors je vis... un Agneau ! » On ne peut mieux : dire que le vrai pouvoir du Messie est sa douceur désarmée.
 

    Je suis donc bien d'accord: il faut vérifier - sur ce point comme sur d'autres -la pertinence de nos cantiques. Ils ont parfois des connotations pas très, catholiques ! Il est vrai que les théologiens ne fréquentent pas beaucoup les poètes et les musi­ciens (mais il y a des exceptions, comme Karol Wojtila et Joseph Ratzinger). Inversement, les auteurs compositeurs de nos cantiques n'ont pas toujours la formation théologique désirable. Ni même l'inspiration souhaitable. «Gloire» et «victoire», «glorieux» et «victorieux», sont des rimes faciles que j'ai trop entendues, dans une tonalité n peu trop guerrière à mon goût.

    Le réemploi, par le Renouveau charismatique catholique, de chants issus des assemblées évangéliques, serait à examiner. Ces chants ont le mérite d'être bibliques, d'inviter à la louange et à l'adoration, de chanter Dieu sur un rythme et avec un son d'aujourd'hui. Mais ils sont parfois très (trop ?) vétérotestamentaires.

    Le zèle missionnaire est une bonne chose, et l'annonce de l'Évangile est un vrai combat. Encore faut-il que ce beau combat spirituel ne soit pas trop parasité par des passions qui sont celles du vieil homme: un besoin de succès, une volonté de puissance, une auto célébration du leader ou de son église. Certains réseaux: ont du succès parce qu'ils promettent la guérison et la réussite dans les affaires. Tentation subtile et terrible de se glorifier soi-même en glorifiant Dieu. Nous avons trop d'exemples aujourd'hui de religieux : qui se servent de Dieu au lieu de le servir. Ne tombons pas nous-mêmes dans ce piège !

 

(1) Ier Lettre de Jean 4, 8.

(2) Apocalypse 5, 1-6.

 

Les rubriques dans cette partie du site sont :

 

Rubrique 1 : chants pour la messe

Rubrique 2 : chants pour un groupe de prière

Rubrique 3 : chants pour l’adoration.

 

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