L’animateur du chant lors de la sainte messe
L'animateur est au 'service de l'assemblée dans le respect du rituel.
Une voix
En réalité, l'assemblée a besoin d'une bonne voix plus que d'une gestique d'animation, d'autant que cette gestique - il faut le reconnaître - est souvent malhabile, donc tout à fait inefficace et inutile, sinon parasitaire. Un minimum de compétence est indispensable.
Une voix ? Oui, une voix juste, timbrée, posée, bien adaptée à l'action liturgique. Une voix pour lancer un refrain bref que toute l'assemblée reprendra d'autant mieux qu'il aura d'abord été clairement et joliment lancé. Une voix pour entonner un chant auquel toute l'assemblée se joindra. Une voix pour chanter un couplet de telle manière que l'assemblée ait envie de répondre par le refrain.
Voici l'animateur devenu chantre. Par sa voix, il invite l'assemblée à chanter.
Précisons que cette voix peut aussi chanter avec l'assemblée, mais évidemment hors micro, car, contrairement à ce qui se dit souvent, chanter dans le micro est le plus sûr moyen d'empêcher l'assemblée de chanter, ce qui 'serait un comble. En effet, une voix chantant au micro remplit à elle seule toute l'église. L'assemblée n'a même plus envie de chanter: on lui a pris sa place !
Une économie de gestes
Le deuxième principe d'animation, dont l'application est urgente, est l'économie de gestes. Les animateurs "dirigent" trop et font trop de gestes.
La célébration est ponctuée de brèves interventions chantées par l'assemblée qu'il est absolument inutile de diriger. Elles structurent la liturgie et fonctionnent d'elles-mêmes sans avoir besoin d'un seul geste, même de départ : c'est le cas, non seulement des "Amen," "Et avec votre esprit" ou "Alléluia", mais aussi des refrains de préparation pénitentielle, de psaumes ou de prière universelle.
Quant aux chants plus conséquents; chant d'ouverture, Gloire à Dieu, Sanctus, Anamnèse, Agnus, chant de communion, ils ont tout au plus besoin d'un geste de départ (mais un vrai !), d'un geste de relance à une nouvelle phrase et, éventuellement, mais ce n'est pas systématique, d'un petit geste d'entretien qui indique discrètement la pulsation. On sera loin, alors, d'une continuelle et uniforme agitation de bras dont il faut bien dire qu'elle est souvent disgracieuse, voire inutile.
Voici l'animateur devenu incitateur. Par son geste, il invite l'assemblée à chanter.
Dans un tout
Un chant et, à plus forte raison, un refrain bref, s'inscrit dans une célébration qui a un rythme. Il doit, par sa fonction et par la forme qu'il présente, servir ce grand rythme célébratoire. Tout n'est pas pareil : un Sanctus n'est pas un refrain de prière universelle, une litanie n'est pas une hymne. Il revient donc à l'animateur-incitateur de conduire la succession des divers actes de chants en en manifestant les différences. Comment ?
S'il ne dirige pas tout (par exemple, pas les petits refrains), c'est que l'assemblée est capable de faire d'elle-même les interventions chantées brèves et sans grand développement mélodique; ce peut être le contraire dans: une hymne d'entrée ou d'action de grâce.
S'il ne dirige pas, il n'est pas au pupitre avec micro : il s'efface et montre par là que ce ne sont pas son chant et sa place qui sont premiers, mais le chant et la place de l'assemblée au service de laquelle il intervient, et seulement lorsque c'est indispensable.
En prenant des attitudes plus justes, il peut
aider l'assemblée à entrer dans l'action liturgique. Si, par exemple, il chante
et fait chanter "Seigneur, prends pitié" sans diriger le chant, mais en étant
tourné comme l'assemblée, vers le crucifix et l'autel, il fait mieux vivre le
mystère de cette prière.
Auteur : Philippe Magdeleine
CNP L : Centre National de Pastorale Liturgique Juillet 1996
[ Depuis mai 2007 il s'agit du S.N.P.L.S. : Service National de la Pastorale Liturgique Sacramentelle ].