Les carences de l’intelligence contemporaine
par le père Marie Dominique Philippe
Le père Marie Dominique Philippe qui a enseigné la philosophie et la théologie à l’université de Fribourg en Suisse pendant une trentaine d’année, qui a fondé la congrégation saint Jean, qui a prêché de nombreuses retraites et conférences et enfin qui a écrit 25 livres. Il est décédé en août 2006. Il analyse ici les carences de l’intelligence contemporaine :
« Ce qu’on voit immédiatement, c’est la rapidité des événements, des découvertes. Le changement constant des sciences et des techniques, l’accumulation des connaissances, font que de plus en plus on est contraint de s’en tenir à un savoir descriptif. On sait des quantités de choses sans pouvoir réfléchir à rien. On voit les événements comme sur un écran de cinéma ou de télévision mais il devient très difficile d’analyser leur signification profonde, c'est-à-dire de les situer en fonction de la finalité humaine. La dimension qualitative de l’homme échappe. Quand on dit qu’un homme « vaut » tant, cela signifie qu’il gagne tant : c’est terrible, non ? Ce qui prime, c’est le point de vue d’efficacité de la science. Et cela explique pourquoi tant de jeunes trouvent ce monde irrespirable. On sait bien que ce qui nous forme profondément ce sont les grandes rencontres, affectives, artistiques ou spirituelles : et cela n’est pas de l’ordre du quantifiable, du mesurable (…) ».
« Il n’y a plus assez de réalisme et d’amour chez l’homme. Les deux sont liés, parce que ce qui maintient dans un réalisme, c’est d’aimer quelqu’un tel qu’il est. Aujourd’hui on a une peine énorme à aimer l’homme. Lorsqu’on veut que même les enfants soient créés d’une manière « artistique », selon nos désirs, c’est l’aveu manifeste qu’il n’y a plus assez d’amour pour accepter le réalité de l’autre (…) ».