La découverte des manuscrits de la Mer Morte

Ou comment le texte de la Bible nous est-il parvenu ?

 

 

Selon le pape Benoît XVI le 15 octobre 2008,

le dualisme qui actuellement sépare la théologie et l’exégèse n’a pas de raison d'être :

une théologie qui ne se base pas sur l’interprétation de l'Ecriture

est une théologie sans fondement,

comme n'a pas de fondement l’exégèse qui n’est pas théologique.
Pour en venir à la pratique, a conclu Benoît XVI,

nous devrions élargir la formation des futurs exégètes.

 

 

On attribue à Gutenberg la naissance de la typographie moderne au environs de 1440, bien que cette dernière ait existé déjà en Corée, mais la véritable innovation de Gutenberg est l’introduction de la presse à imprimer, en même temps que la mise au point de la fonte des caractères et de l'alliage (plomb + antimoine) qui restera à peu près fixe pendant toute la durée de l'emploi de la typographie, et enfin de la composition de l'encre servant à l'impression. De cette évolution, on retiendra donc deux types d'ouvrages : les incunables, livres du début de l'ère Gutenberg édités entre 1450 et 1500, et les livres dits modernes, issus de la typographie, puis des techniques plus modernes telles que l'impression offset ou l'héliogravure.

 

L'innovation de Gutenberg réduit considérablement le nombre d'heures-hommes nécessaire (donc le coût) à la production du livre en Europe, et permet ainsi d'en élargir largement sa diffusion.

 

Comment le texte de la Bible nous est-il parvenue avant la création de l’imprimerie ?

 

Il y a la transmission orale, les papyrus et les moines copistes

 

* La transmission orale

 

            Peu de personnes savaient lire. La mémoire était très forte et on ne peut pas se douter de ce que c’est puisque depuis qu’on peut écrire, l’homme a perdu environs 75 % de sa mémoire. Donc on apprenait par cœur des passages entiers du livre de la Bible qu’on transmettait aux enfants par l’oral.

 

* Les papyrus

 

En plus de la transmission orale de la Bible, il y avait des papyrus. Le papyrus fut probablement inventé il y a 5 000 ans, en utilisant la tige de la plante Cyperus papyrus. Il fut largement utilisé en Égypte et dans d'autres régions voisines pour fabriquer des rouleaux manuscrits. Plus tard, lors de l'invention du codex et du livre, on a commencé à en faire des feuilles de papier.

Le papyrus est aussi fait à partir de peau de bêtes.

 

* Les moines copistes

 

Les moines copistes copiaient des livres à la main pour des personnes qui savaient lire, car 98 % de la population ne savait pas lire. Seules quelques personnes savaient lire le grec, le latin et le français, mais c'était moins répandu.

 

Pendant l'Egypte antique, les scribes effectuaient les copies de documents nécessaires à l'administration du pays et d'autres travaux administratifs.

 

A l'époque gréco-romaine il existait des professionnels qui travaillaient pour le compte d'éditeurs. Leur rémunération était calculée grâce à la stichométrie qui divisait toute œuvre en fragment d'égale longueur, type verset.

 

Au Moyen Age, le copiste était souvent un moine, chargé de la copie de textes religieux ou de leur enluminure. Il travaillait dans un atelier, le scriptorium, sous le commandement d'un armarius (bibliothécaire).

 

A la fin du Moyen Age, la montée en puissance de l'écrit permit l'émergence de scriptoriums laïcs.

 

Qumran et les « manuscrits de la mer Morte »

 

    La formule « manuscrits de la mer Morte » (écrit sur des peaux de bêtes) désigne un ensemble de textes découverts dans la région du désert de Judée à Qumran. Cet ensemble comprend les papyrus  de Wadi el-Daliyeh (IVe siècle av. J.-C.), les documents de Massada (antérieurs à 73 ap. J.-C.), les textes de Bar Kokhba (révolte de 132 à 135 ap. J.-C.) et les documents plus récents, rédigés en grec, en araméen et en arabe, découverts à Khirbet Mird et qui datent de l'époque byzantine. L'ensemble comprend finalement les manuscrits de Qumrân. Ce sont ces manuscrits qui sont habituellement désignés, de façon exclusive, par la formule « manuscrits de la mer Morte ».

 

I) La découverte des manuscrits

 

    Les manuscrits de Qumrân furent découverts entre 1947 et 1952 au nord-ouest de la mer Morte, dans onze grottes situées à proximité du site de Khirbet Qumrân. La première grotte fut découverte par un berger bédouin qui, cherchant une brebis égarée, lança une pierre dans une grotte et entendit un bruit de poterie se fracassant. Dans cette première grotte, les bédouins trouvèrent sept manuscrits enroulés dans du tissu et placés dans des urnes. Ces sept manuscrits, presque intacts, sont : deux rouleaux du livre biblique d'Isaïe, les Hymnes d'action de grâce, le Rouleau de la guerre, la Règle de la communauté, le Pesher d'Habaquq et la Genèse Apocryphe. Suite à ces découvertes, le site de Khirbet Qumrân fut fouillé en 1950 par des chercheurs du Département des antiquités de Jordanie et de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem. Cette fouille produisit bon nombre de morceaux de poterie et de pièces de monnaie qui permirent de dater la principale période d'habitation de Khirbet Qumran allant du IIe siècle av. J.-C. jusqu'en 68 ap. J.-C. Cette datation permit d'associer le site de Qumran aux manuscrits des onze grottes voisines.

 

    En 1952, les bédouins firent l'importante découverte de la grotte 4, ignorée par les archéologues et pourtant située à seulement quelques minutes de marche de Khirbet Qumrân. Contrairement aux dix autres grottes, la grotte 4 est de fabrication humaine. Sur les murs sont creusés à intervalle régulier de petits trous dans lesquelles étaient vraisemblablement introduits des tiges de bois qui servaient à soutenir les tablettes sur lesquelles se trouvaient les manuscrits. Avec le temps, ces tiges se sont détériorées et les tablettes se sont effondrées, projetant ainsi les manuscrits sur le sol et les laissant à la proie des animaux et des intempéries. Cet effondrement explique l'état très fragmentaires des manuscrits pourtant très nombreux récupérés dans cette grotte. On y recensa des fragments d'environs 550 manuscrits. Les archéologues s'entendent habituellement pour affirmer que la grotte 4, en raison de sa proximité de Khirbet Qumran et de la grande quantité de documents qui y furent découverts, servait probablement de bibliothèque aux habitants de la communauté de Qumran.

 

    Ce sont ces fragments de la grotte 4 qui provoquèrent la controverse autour de la découverte de l'ensemble des manuscrits. L'équipe originale chargée de reconstituer cet impressionnant casse-tête n'était composée que de sept membres. Le travail monumental de description, d'assemblage, d'analyse de ces innombrables fragments représentait une tâche démesurée pour une si petite équipe. Bien que les manuscrits des autres grottes furent publiés dans des délais raisonnables, le retard dans la publication des manuscrits de la grotte 4 provoqua la suspicion de la presse populaire. Sachant que ces manuscrits dataient des débuts de l'ère chrétienne, on croyait qu'ils comportaient des éléments gênants, voire compromettants, pour l'Église chrétienne et que le Vatican cherchait à cacher leur contenu. Bien que ces allégations se soient révélées être fausses, elles contribuèrent cependant, avec le mécontentement grandissant des chercheurs dans le domaine, à l'affranchissement et l'accélération de la publication de ces textes. En 1990, l'équipe éditoriale officielle fut élargie à une trentaine de chercheurs et l'accès aux photographies des textes fut donné à d'autres chercheurs. Aujourd'hui, l'édition officielle des textes est pratiquement complétée.

 

    L'ensemble des manuscrits de Qumran constitue un corpus total d'environ 850 manuscrits. Bien que certains d'entre eux ne sont pas clairement identifiés, ces écrits peuvent être partagés de façon très égale en trois groupes: des textes bibliques, des textes parabibliques (ou apocryphes) et des textes sectaires propres à la communauté de Qumran.

 

    On a retrouvé à Qumran des fragments de tous les livres bibliques de l'Ancien Testament, à l'exception du livre d'Esther. L'absence du livre d'Esther de la bibliothèque de Qumran est fort probablement une coïncidence statistique puisque certains livres bibliques n'y sont représentés que par quelques fragments (2 manuscrits pour les livres de Josué, des Proverbes, des Lamentations et de Qohélêt, 1 seul fragment pour Esdras, Néhémie et les Chroniques). Le livre d'Esther était fort probablement présent dans l'ancienne bibliothèque de Qumran, mais n'a pas survécut à l'épreuve du temps. Son absence du corpus de Qumran ne signifie vraisemblablement pas que ce livre était rejeté par la communauté de Qumran.

 

    La découverte des manuscrits bibliques de Qumran représente un véritable trésor pour les biblistes, en particulier pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la composition et surtout à celle de la transmission des textes de l'Ancien Testament. Avant cette importante découverte, les plus anciennes copies du texte de l'Ancien Testament (le texte massorétique) dataient du Xe siècle de notre ère. Les chercheurs pouvaient ainsi travailler avec un texte, bien que partiel, plus ancien de plus de 1000 ans. L'étude de ces textes permit entre autre de confirmer la théorie des trois sources de l'Ancien Testament selon laquelle un premier groupe de textes avait servi à l'établissement du texte massorétique, un second avait été utilisé pour la traduction grecque de la Septante et un dernier avait servi de base au Pentateuque samaritain. L'étude de ces textes bibliques très anciens permit également de constater qu'il y avait déjà, à l'époque du Second Temple, un effort d'uniformisation du texte biblique vers ce qui devint plus tard le texte massorétique.

 

    Le second groupe de textes découverts à Qumran sont les écrits parabibliques. Ces livres, également connus sous le nom d'apocryphes, sont des documents religieux dont le style littéraire et le vocabulaire est très proche de celui des livres de l'Ancien Testament. Au niveau littéraire, on peut affirmer que les livres apocryphes sont la continuité de la littérature biblique. Mais ils ne sont pas reconnus dans le canon des Écritures inspirées, c'est-à-dire qu'on ne leur reconnaît pas une fonction normative pour la foi comme pour les livres canoniques. Leur étude permet cependant de retracer l'évolution de certains genres littéraires et de certains thèmes religieux (comme l'eschatologie, l'angélologie, la résurrection...). On a entre autres retrouvé à Qumran des copies du premier livre d'Hénoch (qui relate entre autres la chute des anges mauvais et l'ascension d'Hénoch au ciel), du livre des Jubilés (qui effectue une relecture souvent paraphrasée du livre de la Genèse et du début du livre de l'Exode selon un système de datation sabbatique et un calendrier solaire), de la Genèse apocryphe (une réécriture de la Genèse inconnue avant sa découverte à Qumran) et des Testaments de Lévi, de Nephtali et de Qahat. Les découvertes de Qumran ont permis aux chercheurs modernes d'avoir accès à la version hébraïque ou araméenne originale de textes apocryphes qui n'étaient connus qu'à travers leurs traductions (grecques, latines, syriaques...). Ces textes nous aident à situer le contexte religieux de l'époque du Second Temple et permet de suivre le développement de certaines traditions scripturaires.

 

II) La communauté de Qumran ou secte des Esseniens

 

    Le troisième groupe de textes découverts à Qumran sont des textes sectaires, c'est-à-dire des textes propres à la communauté de Qumran et dans lesquels se manifeste la théologie particulière de ce groupe. Parmi les principaux écrits sectaires, notons :

 

• la Règle de la Communauté : sigle 1QS, dans laquelle on retrouve les principes théologiques de la communauté, les rites de la communauté et ses processus d'intégration de nouveaux membres ;

• la Règle de la Guerre : sigle 1QM, elle décrit la guerre qui aura lieu à la fin des temps entre les fils de lumière et les fils de ténèbres;

• les Hymnes d'Action de Grâce : sigle 1QH, un recueil de poèmes d'introspection dévotionnelle qui ont peut-être une fonction liturgique;

• le Pesher d'Habaquq : sigle 1QpHab, un commentaire sectaire continu du livre biblique d'Habaquq;

• le Document de Damas : sigle CD, un écrit qui relate l'histoire de la secte et présente les principales idées religieuses de la communauté ainsi que son fonctionnement. Contrairement aux autres textes sectaires de Qumran, ce document était déjà connu par les chercheurs modernes puisqu'on en avait trouvé une copie dans une genizah du Caire.

 

    La bibliothèque de Qumran a été assemblée et composée par un groupe religieux en rupture avec le culte officiel de Yahvé qui avait lieu au Temple de Jérusalem. Le groupe s'est probablement formé vers la fin de l'époque de la révolte des Maccabées (milieu du IIe siècle av. J.-C.). Il est probable que le groupe fut composé principalement de prêtres qui étaient en conflit avec la dynastie des Asmonées qui venait d'accéder à la fonction de grand prêtre. Il est également probable que le groupe tenta certains rapprochements avec le nouveau grand sacerdoce, mais, devant l'échec de cette tentative, se retirèrent dans le désert de Judée afin de suivre et d'appliquer la Loi mosaïque selon leurs convictions.

 

    La majorité des auteurs modernes affirment avec certaines nuances que la communauté de Qumran correspond fort probablement aux Esséniens, un groupe religieux juif connu par certains auteurs juifs de l'époque tels que Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe. Quelques auteurs croient cependant la communauté de Qumran se rapproche plutôt des Sadducéens, un groupe religieux rattaché au sacerdoce, connu par les mêmes sources et mentionné également dans le Nouveau Testament. Cette intéressante théorie serait plus juste à mon avis si elle considérait que les Sadducéens et la communauté de Qumran proviennent tous deux d'un même groupe que nous pourrions qualifié de pré-sadducéens. L'exode du groupe vers le site de Qumran pourrait avoir été mené par le Maître de Justice, un important leader primitif du groupe.

 

    Les écrits sectaires de Qumran présentent une théologie juive tout à fait unique qui s'est manifestement développée de façon progressive en fonction de la coupure qui s'approfondissait entre la communauté d'une part et le Temple de Jérusalem, les Romains, les impies et finalement tout le monde extérieur à la secte. L'étude de ces écrits permet de retracer l'évolution de certains thèmes religieux et de remarquer l'apparition de certaines idées fort originales. Ces manuscrits sectaires aident également les chercheurs modernes à se faire une idée plus exacte du paysage religieux très diversifié qui existait dans le judaïsme pré-rabbinique de l'époque du Second Temple.

 

    La théologie sectaire de Qumran est marquée par un fort dualisme. L'humanité est divisée en deux groupes: les bons Fils de Lumière et les mauvais Fils de Ténèbres. Chacun de ces groupes est mené par une figure angélique surnaturelle soit : le Prince de Lumière et l'Ange de Ténèbres. Certains manuscrits affirment même que cette division existe à l'intérieur de chaque humain qui a en lui un certain nombre variable de parts de lumière et de part de ténèbres. Cette terminologie qui oppose la lumière aux ténèbres et le Prince de Lumière à l'Ange de Ténèbres rappelle fortement le dualisme perse du mazdéisme où bon dieu Ahura-Mazda est opposé au méchant dieu Angra-Mainyu. Il est fort probable que la communauté de Qumran fut influencée par cette religion perse (antérieure à l'époque du Second Temple et qui existe encore aujourd'hui) puisque le peuple juif a été en contact avec le monde perse pendant plusieurs siècles. Il est cependant important de noter que la communauté de Qumran n'aurait pas adopté le dualisme perse, mais l'aurait plutôt adapté à leur tradition juive sans en changer les fondements. On remarque par exemple que les deux chefs angéliques (ou esprits) ne sont pas égaux et que l'Ange de Ténèbres n'est surtout pas opposé à Yahvé. Yahvé demeure le seul Dieu. Il créa les deux esprits dans le mystère de sa sagesse. Il aime l'esprit bon et déteste l'autre.

    La théologie de Qumran est également fortement eschatologique. La communauté de Qumran, composé des Esseniens,  attendait et se préparait pour la fin des temps. Cet événement apocalyptique est décrit dans la Rouleau de la Guerre (1QM) comme un gigantesque combat opposant les Fils de Lumière aux Fils de Ténèbres. Cette guerre mettrait définitivement fin au règne de l'Ange de Ténèbres et rétablirait les justes d'Israël dans la gloire de Yahvé. Les chercheurs modernes sont cependant partagés en ce qui concerne la croyance de la communauté de Qumran en la résurrection des morts.

    La théologie de Qumran est également marquée par un certain déterminisme. Dieu a créé l'univers selon ses plans biens précis. Il a également divisé l'humanité en deux clans selon les mystères de sa connaissance. Il a anticipé le règne temporaire de l'Ange de Ténèbres et a prévu le déroulement des événements de la fin des temps.

 

    Les manuscrits de Qumran nous fournissent de nombreuses autres informations sur la communauté de Qumran et sur sa théologie: partage des biens, repas communautaires, emphase mise sur la pureté rituelle et alimentaire, prééminence d'un calendrier solaire, diverses formes de messianisme, attachement soigné à l'observance de la Loi mosaïque...

 

III ) Le Christ a-t-il fait partie de la secte des Esseniens ou est-il le maître des Esseniens ?

 

    L'origine du groupement religieux juif appelé les « Esséniens » remonte approximativement aux années 130 av. J.-C. A cette époque, lors du règne de Jean Hyrcan, des politiques modernisantes se voient adoptées. Dans le but de contrer l'effet de telles orientations, plusieurs Juifs se regroupent pour manifester leur opposition. Parmi eux, certains se lancent dans le conservatisme de la stricte observance de la Loi (les Pharisiens). D'autres, les Esséniens, optent pour une stratégie bien différente. Ils décident de se retirer dans le désert. Voilà leur façon de montrer qu'ils n'acceptent aucun compromis au niveau de leur relation avec Dieu. Les Esséniens ne constituent donc pas un parti au même titre que les Pharisiens, les Sadducéens ou les Zélotes.. Au contraire, leur regroupement en des lieux désertiques prend la forme d'une communauté monastique.

    Les Esséniens observaient rigoureusement la Loi, avec les idéaux de pauvreté et de charité. C'étaient des dissidents, opposés aux chefs du Temple, mais se disaient le peuple élu, le vrai Israël. Il est question d'un Messie, roi et prêtre, du "serviteur souffrant" en référence à Isaïe, et c'est là que la vie de Jésus interfère. Les Hymnes (écrits à la première personne) auraient bien pu être l'œuvre du "serviteur souffrant" tant attendu, de celui qui a souffert pour le compte de la communauté des saints. Les rouleaux contiennent en outre des commentaires de la Bible hébraïque, des Prophètes, en particulier celui d'Habaccuc dont Paul fait usage pour la justification par la Foi. D'ailleurs, la Bible ne fait aucune mention explicite de ce groupe de personnes. Il est même surprenant que le terme « essénien » n'apparaisse ni dans l'Ancien Testament, ni dans le Nouveau Testament. La surprise est d'autant plus grande qu'au temps de Jésus les Esséniens formaient l'un des trois éléments principaux du judaïsme avec les Pharisiens et les Sadducéens !

 

    Les Esséniens s'étaient installés a Qumran (petite localité située au nord-ouest de la mer Morte)dans le désert de Judas. La communauté des Esséniens se servait de grottes pour entreposer leurs écrits. Le travail, la prière, l'étude (spécialement de la Bible) et l'ascèse constituaient les principaux axes de leur vie.

 

    Quelques caractéristiques de Jean Baptiste suggèrent qu'il appartenait à la communauté des Esséniens. En effet, la Bible présente le Baptiste comme un ascète qui habitait le désert: « Jean grandit dans les lieux déserts jusqu'au jour où il se manifesta à Israël. » (Luc 1,80) De plus, comme certains Esséniens fervents en avaient l'habitude, Jean baptisa dans l'eau pour le pardon des péchés. Toutefois, Jean innove par rapport aux pratiques antérieures en n'accordant le baptême qu'une seule fois.

 

    Pour ce qui est de Jésus assimilé à un Essénien selon les Rouleaux "secrets" de la Mer Morte, c’est peu prouvable puisque Jésus étaient en contradiction ou encore inconnus de la doctrine des Esséniens (les Esséniens n'ont pas cru en la résurrection des corps, ni en un Dieu fait chair ; ils n'ont pas mentionné le nom de Jésus) et il demeure difficile d'identifier le "maître de justice" mentionné par ces écrits à Jésus. Les évangiles dont nous disposons ont été écrits bien plus tard.

 

    Les similitudes entre l'essénisme et le judéo-christianisme primitif sont si frappantes qu'elles l'éclairent et passionnent tous ceux qui s'intéressent aux origines de l'Église chrétienne. Jean baptisant Jésus dans le Jourdain accomplit le rite essenien de purification. Les Esseniens étaient très pieux et pratiquaient le repas fraternel en commun. Persécutés par les Sadducéens et par les Pharisiens, les Esséniens se réfugièrent à Damas en 130 avant notre ère, puis regagnèrent la Judée pour s'établir à Qumran, au bord de la Mer Morte, en 60 avant notre ère, sous la protection des Romains. Berceau du christianisme, leur site fut rasé durant la révolte juive de 66 à 69, et ces pauvres durent s'enfuir à Pella, en Arabie, de l'autre côté du Jourdain.
    Il y est aussi question de Menahem, le "Consolateur" promis par ce Messie Fils de Dieu, appelé aussi "Paraclet", ou "esprit de vérité" dans l'évangile de Jean XIV, 16.

  

Conclusion :

 

    Grâce aux « manuscrits de la mer Morte », nous avons une preuve de plus que le contenu de l’Ancien Testament de la Bible, tel que nous le connaissons de nos jours, est bien vrai, qu’il n’y a rien d’inventé et que nous pouvons nous y fier. Ceci dit, rappelons nous que c’est le Magistère de l’Eglise catholique qui fixe les livres de l’écriture et leur contenu.



Auteur : François Lugan et réalisés à partir des cours reçu du père Dreyfus et du père Spicq, dominicains et exégètes

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