Rome s'oppose à l'interruption de l'alimentation des malades en état végétatif
 

 

« Un malade en état végétatif doit continuer à recevoir nourriture et eau. Et il n'est pas moralement acceptable d'interrompre cette alimentation et cette hydratation, même si l'état végétatif a été déclaré « permanent », en France, on utilise plutôt le terme d'état végétatif chronique ». Dans un document approuvé par Benoît XVI et rendu public vendredi, sous forme de réponse à deux questions, la Congrégation pour la doctrine de la foi répond à la question de savoir s'il faut continuer à alimenter un malade extrêmement diminué. Sa réponse, positive, est mesurée. D'une part, elle ne vaut que pour des malades dans un état végétatif, et non les malades en fin de vie, pour lesquels la question de l'hydratation et de l'alimentation se pose de manière différente et peut se révéler inutile. D'autre part, elle explique que cette alimentation est obligatoire « dans la mesure et jusqu'au moment où elle montre qu'elle atteint sa finalité propre ». La finalité propre, c'est la vie, et parfois l'alimentation peut mettre en danger le malade. Mais, ces précautions prises, le dicastère du Vatican rappelle que continuer à nourrir un malade, même par des moyens artificiels, est « un moyen de conservation naturelle de la vie », à distinguer de l'acharnement thérapeutique.

 

Cette note fait suite à une demande : celle de la Conférence épiscopale des États-Unis, après le décès de Terri Schiavo, jeune femme plongée depuis quinze ans dans un état végétatif, et dont le mari avait obtenu en 2005 l'interruption de nourriture par sondes. Mais avec ce document, traduit en de nombreuses langues et muni d'un commentaire, le Vatican répond plus largement à une question universelle. Sur le fond, le Vatican reprend des positions déjà exprimées, notamment par Jean-Paul II lors d'un congrès en 2004. Le problème est de savoir si alimentation et hydratation constituent ou non des « moyens disproportionnés », c'est-à-dire imposant une charge extraordinaire aux malades ou à leur entourage. En effet, l'Église catholique rejette l'acharnement thérapeutique. Elle a développé depuis longtemps la notion de « traitement déraisonnable ».

 

Le document explique qu'il peut parfois être légitime d'interrompre, « dans l'imminence d'une mort inévitable, des traitements qui ne procureraient qu'un sursis pénible et précaire, malgré les moyens employés ». Or, tel n'est pas le cas de l'état végétatif. Là, « le malade respire spontanément, il n'est pas en réanimation artificielle, il digère les aliments et se trouve donc dans une situation stable ». Alimentation et hydratation ne constituent pas en soi une thérapie, mais simplement « un soin ordinaire pour la conservation de la vie ». Il est « inacceptable de les interrompre ou de ne pas les administrer. Si une telle décision doit entraîner la mort du patient, on est alors en présence d'une euthanasie par omission. » Le cas de malades en « état végétatif permanent » ou chronique ne modifie en rien cette position. Cela ne correspond pas, rappelle le texte, à un changement de diagnostic, mais simplement au fait que, plus la période se prolonge, plus il devient difficile pour le patient de guérir. Le malade conserve toute sa « qualité humaine » : « Un homme, même empêché dans l'exercice de ses fonctions les plus hautes, est et sera toujours un homme, et ne deviendra jamais un «végétal» ou un «animal». »

 

Enfin, le document fait droit aux situations extrêmes, dans des régions pauvres, où de tels soins provoqueraient des coûts totalement disproportionnés avec les moyens et priverait de soins des patients moins malades. C'est là une objection que l'on fait à l'Église catholique sur ses positions éthiques, en faisant remarquer qu'elles sont parfois inapplicables. Ce que le document reconnaît, avec la formule latine : « Ad impossibilia nemo tenetur », à l'impossible nul n'est tenu. » 17 septembre 2007 (La Croix - Isabelle de Gaulmyn)

 

La loi française et l’arrêt d’alimentation

 

« Les médecins disposent de deux techniques pour introduire de l'eau dans l'organisme d'un patient qui ne peut plus boire. Ils peuvent soit lui poser une perfusion intraveineuse, soit faire passer par le nez une sonde qui acheminera l'eau (et des nutriments pour une alimentation artificielle) jusque dans l'estomac. Pour éviter l'inconfort de cette sonde nasale, il est possible de faire une gastrostomie, en perforant l'estomac pour poser la sonde. « Il est important de faire la différence entre le fait de boire et de s'alimenter de manière naturelle, d'une part, et l'hydratation et l'alimentation artificielles d'autre part, qui sont des soins techniques permettant le maintien en vie du patient au même titre qu'une machine l'aidant à respirer », indique le docteur Bernard Devalois, ancien président de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap). Chez un patient en état végétatif chronique, sans aucun espoir d'amélioration et pour lequel le maintien en vie artificiel apparaît dépourvu de sens, la loi française donne la possibilité à l'équipe médicale d'interrompre l'alimentation et l'hydratation artificielles. « C'est une décision collégiale très encadrée, qui doit être prise au nom du meilleur intérêt du patient, par deux médecins sans lien hiérarchique entre eux, et après une concertation avec l'équipe soignante et avec les proches », précise le docteur Devalois. »

17 septembre 2007 (La Croix - Pierre Bienvault)

 

Notre avis : Le rapprochement des ces deux articles montre bien la dérive française permise ou entérinée par la loi Leonetti puisque l’euthanasie par arrêt d’alimentation ou d’hydratation est validé par le docteur Devalois de la SFAP. Il entretient la confusion entre l’arrêt d’un respirateur artificiel et le refus de poursuivre une alimentation. Interrompre une alimentation et une hydratation, c’est à la fois en contradiction avec la déontologie des soins palliatifs et les conclusions de l’Eglise.

 

 

Auteur : Alliance pour les Droits de la Vie 21 septembre 2007